Royaume Uni : un scrutin sur fond de Brexit

(VOVWORLD) - Les Britanniques sont appelés aux urnes, ce jeudi, pour des élections législatives anticipées, une étape décisive dans le processus du Brexit, dont dépend notamment la teneur des négociations futures.     

Même si officiellement, sept partis sont en lice pour les 650 sièges au Parlement, ces élections pourraient se résumer à un duel entre le Parti conservateur de la Première ministre Theresa May et le Parti travailliste de Jeremy Corbyn. Naturellement, c’est à celui qui obtiendra la majorité que reviendra la charge de constituer le prochain gouvernement.     

A noter aussi que dans la mesure où le Royaume Uni vient d’être frappé par deux attentats sanglants, le scrutin est placé sous très haute sécurité.   

Des points de vue divergents sur le Brexit

Royaume Uni : un scrutin sur fond de Brexit - ảnh 1La Première ministre britannique Theresa May. Photo: EPA/VNA

Quel que soit le vainqueur, le Brexit sera sa ligne d’horizon. C’est d’autant plus vrai pour la Première ministre Theresa May qui a convoqué ces élections trois ans plus tôt que prévu justement dans le but de faciliter les négociations du divorce avec l’Union européenne. Pour elle, ce scrutin anticipé est le seul moyen de garantir la stabilité politique de son pays au cours des négociations. Le Parti conservateur se doit de les mener à bien, a-t-elle maintes fois affirmé, assurant qu’un Brexit paisible assurerait au Royaume Uni de peser dans les échanges commerciaux. La même Theresa May a néanmoins averti qu’ « aucun accord vaut mieux qu’un mauvais accord », menaçant de quitter la table des négociations si l’Union européenne exigeait de son pays qu’il paie 100 milliards de livres-sterlings pour son divorce. Une partie de l’électorat britannique approuve cette position dure ; une autre partie, composée essentiellement d’investisseurs, de banquiers et de financiers, craint qu’elle puisse compromettre l’avenir des échanges commerciaux avec l’Union européenne.

Le principal opposant de Theresa May, le président du Parti travailliste Jeremy Corbyn, se montre plus flexible, préférant négocier un accès libre au marché de l’Union européenne. Impossible, pour lui, qu’il n’y ait « aucun accord » : il faut négocier, au mieux… mais négocier quoiqu’il puisse en coûter. S’agissant des ressortissants de l’Union européenne, le parti de Jeremy Corbyn estime qu’ils font partie de la société britannique et qu’à ce titre, il ne sauraient servir de « monnaie d’échange », comme l’a dit Keir Starmer, le porte-parole des Travaillistes qui a garanti que « tous les ressortissants de l'UE vivant actuellement au Royaume-Uni ne verront aucun changement à leur situation juridique en conséquence du Brexit », non sans promettre de se battre également pour les ressortissants britanniques vivant dans les pays de l’Union européenne.

Des enjeux post-électoraux

Mais le Brexit n’est pas l’unique souci qui attend le prochain locataire du 10, Downing Street. Le terrorisme sera bien évidemment l’un des tous premiers défis à relever. A ce jour, les services de renseignement ont identifié 23.000 djihadistes potentiels sur le territoire britannique, susceptibles de mener des attentats. Et naturellement, conséquence des dernières attaques, l’inquiétude va croissant, de même d’ailleurs que l’islamophobie. Si l’on s’en tient à la seule journée du mardi 6 juin, les délits liés au racisme à Londres accusent une hausse de 40% par rapport à la moyenne, ceux dont les musulmans sont la cible ayant même quintuplé. Cette situation exige en tout cas du nouveau parti au pouvoir au Royaume Uni qu’il maintienne une alliance anti-terroriste avec l’Union européenne.     

Avis de tempête, également, sur le terrain économique. Les récentes statistiques montrent que la croissance de l’économie britannique pourrait ralentir dès le commencement des négociations sur le Brexit. Pour ce qui est des investissements, les perspectives ne sont guère meilleures, de nombreuses entreprises craignant que les pourparlers commerciaux liés au Brexit affectent leurs affaires. Carolyn Fairbairn, directrice générale de la Confédération des industries britanniques, a estimé que le pays avait « besoin d'un leadership solide de la part du gouvernement … pour consolider la confiance et la stabilité de l'économie ».

Près d’un an après le référendum qui a ébranlé l’Union européenne, les Britanniques se rendent une nouvelle fois aux urnes pour faciliter le divorce qu’ils ont appelé de leur vœu. Tout ce dont ils ont besoin, c’est une stratégie susceptible de garantir au maximum leurs intérêts nationaux et une solution efficace contre le terrorisme. Quoiqu’il en soit, le nouveau gouvernement aura fort à faire : onze jours après ces élections, le 19 juin très exactement, les négociations sur le Brexit débuteront.

 

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