Soudan du Sud: un an après son indépendance

(VOVworld) - Le Soudan du Sud, le plus jeune Etat du monde en Afrique de l’Est, vient de fêter le premier anniversaire de son indépendance (9 juillet 2011- 9 juillet 2012). Le bilan est plutôt mitigé: le pays doit actuellement faire face à de nombreuses difficultés tant politiques qu’économiques.
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Le Soudan du Sud, le plus jeune Etat du monde en Afrique de l’Est, vient de fêter le premier anniversaire de son indépendance (9 juillet 2011- 9 juillet 2012)

Revenons à l’histoire du Soudan, pays d’où est issu le Soudan du Sud. Après la libération du pays de la domination égyptienne, en 1956, les autorités du Nord ont hérité de la totalité des terres avantageuses du point de vue géopolitique, ainsi que tous les pouvoirs politiques et économiques. Les autorités du Sud, qui se sont alors senties marginalisées, ont créé le mouvement de libération nationale du Soudan, dans l’optique de trouver une position politique équivalente à celle de leurs homologues du Nord. Après plusieurs décennies de guerre civile, ce mouvement a réussi à contrôler tout le territoire du Sud. Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud est officiellement devenu un pays indépendant, avec Juba pour capitale.


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Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud est officiellement devenu un pays indépendant, avec Juba pour capitale.
Mais aussitôt le rêve d’indépendance réalisé, le jeune Etat s’est heurté à d’innombrables difficultés. Un an après, les conflits frontaliers et économiques avec le Nord demeurent insolubles et la région se trouve toujours au bord de la guerre. Premier conflit: le partage des richesses pétrolières. Les deux Soudans possèdent une réserve totale de 6,7 milliards de barils par an, ce qui fait de ces deux pays la troisième plus grande réserve d’Afrique. Alors que le Sud compte de nombreux gisements importants, c’est le Nord qui contrôle l’unique oléoduc qui transporte le pétrole exporté vers les autres pays, via la mer Rouge. Si l’on s’en réfère à l’accord de paix signé en 2005, ces richesses pétrolières devaient se répartir de manière équitable, 50-50. Cependant, plutôt que de partager le pétrole exploité, les autorités du Sud préfèrent conserver tout le pétrole et ne payer au Nord que les frais de transit pour l’utilisation de leurs infrastructures. Plusieurs négociations ont eu lieu, sans aboutir à aucun résultat.

Avant son indépendance, le Soudan du Sud empochait les recettes de 70% de la réserve pétrolière totale du pays, le reste appartenant au Nord. Après la séparation, le Soudan, c’est-à-dire la partie Nord d’autrefois, exige du Sud qu’il lui paie 36 dollars pour chaque baril en transit sur son territoire, alors que le Sud, lui, ne propose qu’un dollar. Récemment, le Soudan du Sud a fermé ses usines de production, après avoir accusé le Soudan de lui avoir volé une quantité de pétrole équivalant à 800 millions de dollars. De son côté, le Soudan affirme qu’il a simplement confisqué cette quantité de pétrole brut pour compenser les frais que le Sud n’a pas voulu lui payer. En fin de compte, ces querelles ont porté préjudice aux deux économies, et celle du Sud semble être beaucoup plus affectée que sa voisine du Nord. Ces pertes pétrolières, qui sont venues s’ajouter à une corruption généralisée, ont complètement miné l’économie du Soudan du Sud: l’inflation s’est élevée à 19%, le prix de l’alimentation a augmenté de 120%, la moitié de la population vit sous le seuil de la pauvreté et le taux d’analphabètes atteint 90% en région rurale. Autrefois pressenti comme étant un futur grand centre agricole en Afrique de l’Est, le Soudan du Sud fait l’objet aujourd’hui d’un avertissement de famine, lancé par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture.


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La province d’Abyei est disputée par le Soudan et le Soudan du Sud

Mais le pétrole est loin d’être la seule pomme de discorde entre le Soudan du Sud et son voisin du Nord. Il y a aussi le lilige territorial concernant notamment la province frontalière d’Abyei qui se trouve dans la vallée pétrolifère de Muglad Basin. Les attaques et accrochages fréquents dans cette région ont réduit à néant tous les efforts de paix et provoqué une sérieuse crise humanitaire. Selon les services de secours de l’ONU, au moins 150 mille Soudanais se sont réfugiés vers le Sud.

Les deux Soudans devraient mener, le 2 août prochain, un nouveau dialogue. L’Union Africaine a fixé cette échéance pour que les deux parties trouvent un terrain d’entente pour se réconcilier. Les deux populations retiennent leur souffle. Elles ignorent jusqu’à quand leur espoir d’un pays prospère, où tous les enfants pourront aller à l’école après 5 décennies de conflits, sera finalement réalisé.


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