Xi Jinping en République de Corée : rompre l’isolement

(VOVworld) - Le président chinois Xi Jinping est arrivé ce jeudi à Séoul pour une visite d’Etat de deux jours. Comme les analystes n’auront pas manqué de le noter, c’est donc au Sud qu’il a donné priorité, signe d’un changement de cap de Pékin en matière de politique extérieure.

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Pyongyang et Séoul dans la balance

C’est une véritable petite révolution diplomatique ! Séoul avant Pyongyang, donc. Les relations entre la Chine et la République populaire démocratique de Corée ne sont décidément plus ce qu’elles étaient. Il faut dire que, sous la direction de Kim Jong-un, le régime de Pyongyang devient de plus en plus imprévisible, et que Pékin n’a pas envie d’en faire les frais auprès de la communauté internationale.   

De leur côté, les Nord-Coréens ne font rien pour courtiser les Chinois, qui sont pourtant leurs alliés traditionnels. Ils ont actuellement les yeux tournés vers le Japon, mais au grand dam de la Chine, puisque Pékin entretient une rivalité ouverte avec Tokyo dans la région. Les récentes négociations qui ont eu lieu entre Pyongyang et Tokyo à propos des Japonais enlevés entre 1970 et 1980 ont en effet permis d’esquisser un rapprochement qui devrait se concrétiser avec la prochaine visite du Premier ministre japonais Shizo Abe en République populaire démocratique de Corée. Les aides publiques au développement que le Japon serait susceptible d’octroyer ne sont pas non plus étrangères à cette évolution des relations, évolution que Pékin considère d’un œil pour le moins méfiant.      

Vers une alliance objective contre le Japon

Mais revenons-en à cette visite du président chinois à Séoul. Elle intervient à un moment où les relations entre le Japon et la République de Corée sont au plus bas. Pour Pékin, c’est l’occasion de faire coup double, en s’attirant les faveurs de Séoul et en isolant Tokyo du même coup. C’est d’ailleurs Shinzo Abe lui-même qui, en manifestant son intention de réviser la Constitution de la Paix du Japon, a pris le risque de se mettre à dos la Chine et la République de Corée et de faire de ces deux pays des alliés objectifs.   

À noter par ailleurs que le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi avait été le premier à suggérer l’idée d’un fort rapprochement entre Pékin et Séoul. C’était au mois de juin, alors qu’il était en République de Corée, justement pour préparer la venue de Xi Jinping.   

Rompre l’isolement

Pas étonnant, en fait, que les Chinois cherchent à s’attirer le soutien des Sud-Coréens en ce moment précis : il s’agit, pour eux, de rompre l’isolement dans lequel les ont plongé les conflits qui se sont fait jour, aussi bien avec le Japon en mer de Chine Orientale qu’avec plusieurs pays du Sud-Est asiatique, dont le Vietnam, en mer Orientale. A noter, d’ailleurs, que ces conflits ont provoqué l’entrée en scène d’un nouveau protagoniste : les Etats-Unis, qui se sont déclarés prêts à faire le nécessaire pour protéger les intérêts du Japon, leur allié, et qui ont proclamé leur soutien aux pays du Sud-Est asiatique. En d’autres termes, la Chine se retrouve en proie à un isolement qu’elle aimerait bien briser en s’attirant les faveurs de la République de Corée. C’est oublier un peu vite que les liens qui unissent Washington à Séoul sont de ceux qui ne se brisent pas facilement…  

 

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