La fleur du feu de Truông Bôn

(VOVWORLD) - Truông Bôn est une pente accidentée de la route nationale 15A. Situé à Dô Luong, qui est un district rattaché à la province centrale de Nghê An, le site a été, pendant la guerre, le théâtre de bombardements acharnés. Le 31 octobre 1968, treize jeunes volontaires qui avaient pour mission d’assurer la fluidité du transport militaire vers le Sud ont péri sous des bombardements, quelques heures seulement avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu américain dans le Nord du Vietnam. 51 ans après, Nguyên Thê Ky, président de la Voix du Vietnam, a écrit « La fleur du feu de Truông Bôn », une pièce de théâtre chanté qui a profondément ému ses spectateurs.
La fleur du feu de Truông Bôn - ảnh 1

« La fleur du feu de Truông Bôn » a été présentée aux spectateurs du Sud à l’occasion du 44e anniversaire de la libération du Sud et de la réunification nationale.

La scène du théâtre Bên Thành de Hô Chi Minh-ville représente tantôt une pente au milieu de la jungle, tantôt un village paisible avec son lac de lotus, ses fleurs, son banian séculaire… La pièce se décline en quatre actes qui correspondent à autant de morceaux de mémoire de Trân Thi Thông, l’unique survivante de ce bombardement du 31 octobre 1968. Trân Thi Thông était à la tête du groupe de combat numéro 2, surnommé « le commando » en raison de sa mission périlleuse qui consistait à remplir les cratères et à déblayer la route après chaque bombardement, pour que les camions partant vers le Sud puissent poursuivre leur chemin. Ce jour-là, elle a perdu ses treize compagnons d’arme, onze filles et deux garçons, âgés de 17 à 22 ans. Des morts tragiques mais héroïques qui ont profondément marqué Nguyên Thê Ky, président de la Voix du Vietnam et dramaturge à ses heures perdues, lui aussi originaire de Nghê An.

« Nous rendons hommage aux héroïnes et aux héros de Truông Bôn mais aussi à tous ceux qui se sont sacrifiés lors de la résistance anti-américaine. Pour le salut national, le peuple vietnamien a littéralement fendu la chaîne de montagnes de Truong Son. A travers cette pièce, nous souhaitons rappeler aux jeunes générations que c’est à tous ces héros qu’ils doivent la paix et la prospérité d’aujourd’hui et qu’ils ne doivent jamais l’oublier », nous confie-t-il.

La fleur du feu de Truông Bôn - ảnh 2Trinh Hông Luu, qui incarnait l’héroïne Trân Thi Thông - Photo Mai Nhat

La pièce est jouée par des acteurs et actrices du Centre de préservation et de valorisation du patrimoine musical traditionnel de Nghê An. Nous avons rencontré sa directrice Trinh Hông Luu, qui incarnait l’héroïne Trân Thi Thông, après sa vingtième représentation.

«Nous autres acteurs avions l’impression de vivre dans la peau de chaque jeune volontaire, de sentir ses souffrances, ses pertes. Chaque représentation était chargée d’émotions. A chaque fois, j’avais beaucoup de mal à retenir mes larmes sur scène », nous dit-elle.

La fleur du feu de Truông Bôn - ảnh 3

Ce matin du 31 octobre 1968, quelques heures seulement avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu américain dans le Nord du Vietnam, 13 des 14 membres du groupe de combat numéro 2 sont donc tombés au champ d’honneur. Certains venaient de recevoir la convocation d’une université, d’autres s’apprêtaient à se marier… mais tous avaient décidé de rester encore un jour pour garantir la fluidité de la circulation. Ce dernier jour est devenu pour eux l’éternité.

Vo Thi Thanh Trà, une spectatrice, a beaucoup pleuré.

« Je suis née en temps de paix et j’ai toujours vécu dans le Sud. Truông Bôn était pour moi un nom inconnu, jusqu’à ce soir, quand j’ai vu cette pièce qui m’a profondément touchée », nous confie-t-elle. « Je me dis que je dois faire toujours plus d’efforts pour accomplir les missions qui me seront confiées, et contribuer à édifier le pays, pour être digne des sacrifices des générations précédentes ».

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A la place où les bombes de 1968 ont coûté la vie aux jeunes volontaires, un monument commémoratif a été érigé. Dans le cœur des spectateurs qui ont eu la chance de voir « La fleur du feu de Truông Bôn », reste gravée l’image de ces jeunes gens enthousiastes et courageux et résonnent encore les chants traditionnels de Nghê An qui ont si bien raconté cette épopée d’une période dramatique mais glorieuse.

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