Le chant then et son opportunité d’être inscrit au patrimoine mondial

(VOVworld)- Le ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme est en train d’élaborer un dossier sur le then, un chant traditionnel de plusieurs ethnies au Nord-Ouest montagneux du pays, qu’il soumettra à l’UNESCO, dans l’espoir de voir cet art classé au patrimoine culturel de l’humanité. Pratiqué depuis des générations et des générations, ce chant règne au coeur de la vie culturelle des ethnies Tay, Nung et Thai. Mais les airs anciens périclitent et les fins connaisseurs se raréfient. La question de la préservation devient dès lors urgente. 
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Pratiqué depuis des générations et des générations, le then règne au coeur de la vie culturelle des ethnies Tay, Nung et Thai

Entraîné du tính, une sorte de cithare à 2 ou 3 cordes, et accompagné de danses hautement symboliques, le then qui signifie “ciel” dans le dialecte des ethnies montagnardes du Nord-Ouest, relève du spectacle rituel. Les chanteurs et les danseurs du then sont les représentants de leur communauté pour communiquer avec les divinités et demander leur bénédiction. A chaque type de demande, son expression scénique spécifique. Ainsi le then possède différents rites et danses pour s’attirer un climat clément, éviter les malheurs, avoir un amour heureux ou pour souhaiter la longévité. Avec ses mélodies veloutées et chaleureuses, le then, initialement inventé par les Tay, a été adopté par les Nung et les Thai. Il est désormais pratiqué dans 14 villes et provinces. En plus de sa vocation rituelle, ce chant exprime également l’amour du pays et de l’homme. Nguyễn Vũ Phan, directeur du centre de la Culture, des Sports et du Tourisme de la province de Tuyen Quang, fait savoir: “Le chant then a pas mal périclité. Les maîtres chanteurs ne se comptent plus que sur les doigts d’une main et si nous n’avons pas un plan de préservation et d’enseignement adéquat au plus vite, ce chant risque de disparaître. C’est d’autant plus urgent que ce sont ces chanteurs d’un âge avancé qui détiennent le secret des airs anciens que nous souhaitons voir classer par l’UNESCO au patrimoine mondial.”

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Les fins connaisseurs du then se raréfient

Les chanteurs chevronnés dont parlait Nguyễn Vũ Phan ne sont plus que 2, dans la province de Tuyen Quang. Sur les 40 autres chanteurs de l’ethnie Tay qui ont la responsabilité de préserver et de propager ce chant, seuls quelques uns connaissent des airs anciens.

Dans la province de Lang Son, la situation n’est guère meilleure. Le bureau de la Culture et de l’Information du district de Văn Quan a élaboré plusieurs plans de préservation du then mais a dû tous les abandonner, faute d’argent. D’ailleurs, même s’il y avait le budget nécessaire, il n’y aurait pas suffisamment de chanteurs-enseignants! La commune de Bình Phú est la seule de ce district et de toute la province à maintenir une troupe de then. Mais cette troupe ne peut se produire que 3 ou 4 fois par an. La question de la préservation est un casse-tête pour les 14 localités qui partagent cet art traditionnel. Selon Lê Văn Toàn, directeur de l’Académie nationale de musique et de l’Institut de musicologie du Vietnam, cet institut va collaborer avec les localités concernées pour répertorier tous les airs de then existants afin d’élaborer le dossier pour l’UNESCO: “Cet art est vraiment original et encore plein de vitalité. Nous devons répertorier les airs existants, quitte à revisiter les enregistrements de concerts donnés par des maîtres chanteurs car le then mérite d’être honoré au niveau mondial par l’UNESCO.”

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Si nous n’avons pas un plan de préservation et d’enseignement adéquat au plus vite, ce chant risque de disparaître

D’ici à cette éventuelle reconnaissance par l’UNESCO, il y a encore un long chemin à parcourir. Certains chercheurs ont proposé d’introduire le then à l’école, en tout cas dans les zones peuplées de Tay, de Nung et de Thai, pour que les élèves puissent se refamiliariser à cet art ancestral dès leur plus jeune âge.

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