Apprendre pour s’ouvrir au monde…

(VOVWORLD) - 20 ans. C’est à peu près le temps qu’il aura fallu à Càng Nguyên Ai Long, la petite Khmère pauvre de Soc Trang, pour devenir juriste auprès de la Banque internationale du Vietnam à Hô Chi Minh-ville. Mais, autant le dire tout de suite, Càng Nguyên Ai Long n’est pas une Cendrillon des temps modernes et son histoire n’a rien à voir avec un quelconque conte de fées. Non, son histoire, c’est tout simplement celle d’une jeune fille qui a travaillé dur et qui a compris très vite que c’est par le biais de l’éducation qu’elle allait pouvoir réussir son ascension sociale…  
Apprendre pour s’ouvrir au monde…  - ảnh 1Càng Nguyên Ai Long (3e à gauche) dans une conférence organisée par le programme Vietnam Integrity School, programme qui réunit des jeunes de tout le pays pour découvrir la lutte contre la corruption et discuter de la manière de concevoir et mettre en œuvre des initiatives pour promouvoir l’intégrité dans les écoles, les communautés et en milieu professionnel.

Càng Nguyên Ai Long est de celles qui s’accrochent, envers et contre tout, envers et contre tous. Contre tous ceux, notamment, qui pensent qu’une jeune fille a mieux à faire qu’étudier… 

«Je suis en fait la seule dans ma famille à avoir obtenu un diplôme universitaire», nous raconte-t-elle. «Les autres, les autres filles je veux dire, ont abandonné les études et sont devenues couturières. Pour les plus chanceuses, elles ont fait un bon mariage et ont pu ouvrir une boutique. Les autres… Eh bien les autres, elles ont fini à l’usine… Et de toutes façons, quand elles ne travaillent pas comme couturières, elles doivent s’occuper des tâches ménagères… Moi, j’ai voulu échapper à cette fatalité-là!»     

Pour qui connaît la jeune femme rayonnante qu’est Càng Nguyên Ai Long aujourd’hui, il est bien difficile d’imaginer par quoi elle a dû en passer pour arriver là.    

«Il y a des stéréotypes qui ont la vie dure!... Combien de fois on m’a demandé pourquoi j’étudiais avec un tel acharnement, pourquoi je n’étais pas encore mariée, pourquoi je n’avais pas encore d’enfant… Eh bien tant pis, je trace ma route et  honni soit qui mal y pense!», nous confie Càng Nguyên Ai Long.

Apprendre pour s’ouvrir au monde…  - ảnh 2Càng Nguyên Ai Long (gauche) et sa mère devant leur nouvelle maison bâtie au début de cette année 2021.

Heureusement pour elle, Càng Nguyên Ai Long n’aura pas été tout à fait la seule à croire en sa bonne étoile. Sa mère, notamment, ne lui a jamais ménagé son soutien, un soutien ô combien précieux…  

«Ma mère a toujours cru en moi», nous confie-t-elle. «Elle m’a toujours poussé à étudier pour devenir une femme épanouie, utile à la société. Elle m’a surtout aidée en français, en littérature et en maths, ce qui m’a été très utile quand j’ai passé l’examen pour entrer à l’université de Cân Tho».   

Apprendre pour s’ouvrir au monde…  - ảnh 3Càng Nguyên Ai Long lors d'une conférence internationale consacrée à l'amélioration de l’application des lois vietnamiennes existantes contre la violence sexuelle.

Lorsqu’elle ne travaille pas pour sa banque, Càng Nguyên Ai Long donne des conseils à des jeunes filles et à des jeunes femmes qui se retrouvent dans des situations telles qu’elles ont besoin de faire valoir leurs droits: ça va de la déscolarisation au mariage précoce en passant par le travail forcé…

«Où que vous vous soyez, quelle que soit votre origine ethnique, vous n’avez pas à vous considérer comme le sexe faible!... Voilà ce que j’ai envie de dire à toutes ces femmes. Mais j’ai aussi envie de leur dire que l’éducation est la clé de tout, qu’elles ont le droit d’avoir des rêves et de les réaliser!», nous lance-t-elle en guise de profession de foi. 

En ce début d’année scolaire, des milliers de petites filles et d’adolescentes prennent chaque jour le chemin de l’école dans l’espoir de faire comme Càng Nguyên Ai Long.

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