Phùng Van Quan et le bâton légendaire des soldats de Truong Son

(VOVWORLD) - Le bâton de Truong Son était un objet très familier des habitants et des soldats pendant la guerre du Vietnam. Symbole du patriotisme des combattants qui ont parcouru la cordillère Truong Son pour aller libérer le Sud du Vietnam, ce bâton a été créé par trois d’entre eux. L’invalide de guerre Phùng Van Quan qui habite dans la commune de Hoà Xa, à Hanoï, est aujourd’hui l’unique survivant capable de témoigner de l’histoire de ce bâton.
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Phùng Van Quan et son bâton- Photo Ngoc Anh/VOV5

Phùng Van Quan est né en 1942 dans une famille de paysans. Très tôt, il perd son père. Enrôlé volontairement dans l’armée en 1961, il a été blessé en 1966 et évacué vers la zone arrière pour y être soigné. Guéri, il a écrit au général Vo Nguyên Giap pour demander à retourner au front. Le 5 décembre 1970, il sera grièvement blessé et contaminé à la dioxine, ce qui l’obligera à se démobiliser définitivement.

Pendant ces années de guerre atroce, des centaines de garçons du village de Hoà Xa ont rejoint le corps de troupe Truong Son. Arrivé dans la province de Hoà Binh, Phùng Van Quan a invité deux de ses compagnons d’armes issus du même village que lui, Dô Tit et Luu Tiên Long, à aller dans la forêt chercher des bambous pour fabriquer un bâton de marche. Très efficace, il a aidé les soldats à franchir les montagnes et les ruisseaux en toute sécurité, à transporter des sacs à dos, des vêtements et à lutter contre les ennemis au corps-à-corps. Ce bâton a été très apprécié dans la division. Phùng Van Quan se souvient:

« Lors de la marche militaire, nous avons dû transporter un sac à dos assez lourd. Il pleuvait et la piste était très glissante. J’ai alors pensé à découper du bambou pour faire un bâton d’appui. Moi et mes deux compagnons d’armes avons fabriqué trois bâtons. Le mien était en bois, les deux autres étaient en bambou. Ce bâton a été comme un ami pour moi durant mes combats au Sud. C’est un allié inestimable. »

Lors de leur marche militaire vers le Sud, quand ces trois soldats ont rencontré des compagnons d’armes de leur village natal, ils leur ont demandé d’envoyer les bâtons gravés de leur nom à leur famille pour les informer qu’ils étaient bien au front et se portaient bien. Le bâton de Phùng Van Quan était gravé comme suit: «Me sacrifier pour la Patrie-Fùng Quan-Truong Son 1-4-67». Ces trois bâtons ont été exposés dans la salle des traditions de la commune de Hoà Xa. Quand un garçon du village partait au front, il recevait un bâton gravé de cette phrase: «ce bâton est celui de Truong Son. Il appartient au garçon de Hoà Xa enrôlé dans l’armée».

En avril 1967, lors d’un voyage de travail dans la commune de Hoà Xa, l’image du bâton de Truong Son et l’esprit combatif des habitants de Hoà Xa ont inspiré le compositeur Pham Tuyên qui a écrit son tube «Le bâton de Truong Son». Ecoutons Phùng Van Quan:

« Quelques jours après mon arrivée à Truong Son, quand le chef de ma compagnie a allumé la radio nationale La Voix du Vietnam, j’ai écouté la chanson «le bâton de Truong Son» et j’ai alors réalisé que nos bâtons avaient bien été acheminés au village. La chanson «Le bâton de Truong Son» du compositeur Pham Tuyên a poussé les gens de la commune d’abord puis du pays entier à s’enrôler dans l’armée. Avant de partir au front, les autorités communales offraient des bâtons de Truong Son aux jeunes pour les encourager à accomplir leur mission. »

Parmi les trois créateurs de ce bâton légendaire, Phùng Van Quan est le seul survivant. L’un de ses compagnons d’armes est tombé au champ d’honneur à Quang Tri et l’autre est décédé des conséquences de la dioxine. Le bâton de Dô Tit a été offert au commandement de la troisième zone militaire et celui de Luu Tiên Long au commandement militaire de la province de Hà Tây. Celui de Phùng Van Quan a été exposé à la maison des traditions de Hoà Xa avant d’être remis à son propriétaire. Certains lui ont proposé des centaines de millions de dongs pour acheter ce bâton, mais cet ancien combattant ne l’a jamais cédé, car bien trop précieux à ses yeux. Lors des fêtes importantes du pays, Phùng Van Quan le place sur l’autel des ancêtres pour penser à ses compagnons d’armes qui sont morts au combat. Phùng Van Quan explique:

« Je conserve ce bâton dans un tissu pour témoigner à mes descendants des sacrifices des combattants de la résistance. Ce bâton est entré dans l’histoire et je suis fier de ce que j’ai fait. Récemment, le compositeur Pham Tuyên m’a rendu visite et il apprécie beaucoup ce bâton de Truong Son. »

Phùng Van Quan est fier de ce qu’il a fait, et sa commune, Hoà Xa, est fière d’avoir donné naissance à des soldats comme lui qui ont participé à la légende de la piste de Truong Son. Aujourd’hui, Hoà Xa dispose de son propre musée baptisé « le musée du bâton de Truong Son ».

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