Bernard Werber: “Un bon roman doit élever l'intelligence de ses lecteurs“

(VOVWORLD) - Avec plus de 35 millions d’exemplaires vendus dans le monde et ses œuvres traduites en trente-cinq langues, Bernard Werber est l’un des auteurs français contemporains les plus lus à travers le monde. À l’occasion de sa venue au Vietnam, l’Institut français du Vietnam et les éditions Nha Nam ont organisé le 16 mars dernier à Hanoï une rencontre avec cet écrivain de philosophie-fiction autour de ses ouvrages «La Trilogie des Fourmis» et «La Boîte de Pandore». Ces deux ouvrages ont été traduits en vietnamien et sont très appréciés par les lecteurs vietnamiens.

Bernard Werber: “Un bon roman doit élever l'intelligence de ses lecteurs“ - ảnh 1Photo: les éditions Nha Nam

Une centaine de lecteurs étaient présents samedi 16 mars dans la salle de conférence de la Bibliothèque nationale de Hanoï pour un échange et une séance de dédicaces avec l’écrivain français Bernard Werber. Ancien journaliste scientifique, Bernard Werber a développé un genre unique mêlant science-fiction, philosophie et spiritualité. Ses livres sont des best-sellers mondiaux et lors de cette rencontre, Bernard Werber a partagé avec le public hanoïen son parcours professionnel, sa passion pour l’écriture, mais aussi sa décision d’abandonner sa carrière de journaliste pour devenir écrivain.

«Si je devais résumer ma vie personnelle, je commencerais par dire que je suis né sur Terre. En tant qu'être humain, j'ai réalisé que les livres et l'écriture m'apportaient énormément. À l'âge de 8 ans, j'ai écrit ma première nouvelle, intitulée ‘L'Histoire d'une puce’. Chaque fois que j'écrivais, j'avais l'impression que l'univers me disait: ‘Continue!’. Je n'ai jamais aspiré à devenir écrivain professionnel. Un jour, alors que je me débrouillais à peine, j'ai réalisé que ce que je gagnais grâce à mes livres, notamment avec ‘Les Fourmis’, dépassait mes revenus en tant que journaliste. En tant que journaliste, je n'étais pas heureux, confronté à des hiérarchies dans les rédactions. Il est crucial de reconnaître quand quelque chose ne va pas, sinon la vie devient de plus en plus difficile. Même si l'on s'habitue progressivement, on risque de passer à côté de sa vie. Nous possédons tous des talents innés dès la naissance. Dès que vous découvrez votre véritable talent et commencez à l'exploiter, vous commencez à rayonner. Efforcez-vous simplement d'être bon dans ce qui vous passionne, et le monde s'ouvrira à vous», a-t-il dit.

Bernard Werber: “Un bon roman doit élever l'intelligence de ses lecteurs“ - ảnh 2L'écrivain Bernard Werber. Photo:  les éditions Nha Nam

En 1991, Bernard Werber a rencontré un succès fulgurant avec son livre "Les Fourmis". Dans cet ouvrage, il a créé son propre style qu'il a lui-même baptisé la "philosophie-fiction". Cette approche novatrice associe la philosophie, la spiritualité et la science-fiction, invitant le lecteur à réfléchir à la place de l'homme dans l'univers. Au fil de ses livres, Werber replace l'homme dans différents contextes, qu'il soit confronté aux animaux, aux dieux, ou même aux extraterrestres, parmi d'autres. Mais pourquoi l'auteur a-t-il choisi les fourmis pour évoquer l'homme?

"J'ai choisi les fourmis parce que c'était un sujet qui semblait le moins intéressant possible. Je voulais donc essayer de susciter l'intérêt pour des sujets assez insolites comme les fourmis. Les fourmis sont apparues sur Terre il y a 120 millions d'années, tandis que nous sommes apparus il y a seulement 3 millions d'années. Elles sont une espèce ancienne, et il est fascinant de comprendre la différence entre cette espèce ancienne et notre espèce moderne. Quand j'étais enfant, j'ai passé beaucoup de temps à les observer et je me suis demandé ce que cela signifiait pour notre place dans la nature. Observer une fourmilière m'a permis d'imaginer: «Que peuvent bien penser les fourmis de nous?». Dans mes romans, la vision des fourmis sur nous est que nous sommes comme des doigts, car elles ne peuvent pas nous percevoir dans notre ensemble, ou bien nous sommes comme des semelles qui viennent les écraser. C'est une forme de rencontre, même si elle aboutit souvent à leur destruction. Ainsi, les fourmis permettent de réfléchir à nous-mêmes avec du recul et une perspective différente. C'est pourquoi j'appelle cela de la philosophie-fiction",a-t-il fait savoir.

Bernard Werber: “Un bon roman doit élever l'intelligence de ses lecteurs“ - ảnh 3Photo: les éditions Nha Nam

En plus de la philosophie-fiction, Bernard Werber a utilisé l'intrigue policière comme cadre pour toutes ses créations, depuis «Les Fourmis» jusqu'à «La Boîte de Pandore». C'est un aspect qui attire particulièrement les lecteurs, comme l'explique l'auteur lui-même.

"L'intrigue policière est la plus classique des intrigues de suspense. Dès qu'on annonce une enquête, les gens se retrouvent à réfléchir, et il y a une course entre l'auteur et le lecteur. Est-ce que le lecteur va trouver la fin avant que l'auteur ne la dévoile? C'est là l'aspect ludique du roman. Au-delà de l'histoire, qui peut être plus ou moins captivante, quel sera le dénouement final? C'est le mécanisme du suspense. La structure de l'enquête policière repose sur le principe de la philosophie, de l'observation des détails, et requiert du travail, de la réflexion de la part du lecteur, qui doit essayer de comprendre ce qui se passe avant que cela ne lui soit expliqué. Je considère qu'un bon livre est un jeu proposé au lecteur. Nous allons nous amuser ensemble. Le roman est une ouverture, une initiation, qui dit: ‘Regardez, vous pouvez trouver la solution. C'est juste que vous êtes limité dans la manière dont vous posez la question’. C'est pourquoi un bon roman doit rendre les gens plus intelligents", a-t-il précisé.

Bernard Werber: “Un bon roman doit élever l'intelligence de ses lecteurs“ - ảnh 4Photo: les éditions Nha Nam

Selon Bernard Werber, un bon écrivain doit beaucoup voyager, observer attentivement son environnement et se rapprocher des lecteurs pour comprendre leurs besoins. Cependant, l'auteur ne se contente pas de raconter des histoires; il cherche à éveiller la réflexion des lecteurs. C'est pourquoi, dans ses livres, il pose souvent des énigmes, stimulant ainsi la curiosité des lecteurs et les encourageant à réfléchir sur des questions auxquelles ils accordent généralement peu d'attention. Ses œuvres sont très appréciées par des lecteurs étrangers, dont certains Vietnamiens, tels que Thu Hà et Duc Hiêu.

"J'ai lu la trilogie des 'Fourmis' il y a longtemps. Même maintenant, je ne me souviens pas clairement de nombreux détails, mais je me rappelle encore de la sensation que j'ai éprouvée en lisant ces livres. Tout comme lorsque je joue à un jeu, cela m'a ouvert de nouvelles expériences, m'a permis d'élargir ma perception", dit la première.

"Dès la première fois que j'ai lu la trilogie des Fourmis, je suis devenu fan de l'écrivain Bernard Werber. Ses œuvres peuvent ne pas être faciles à lire pour beaucoup de gens, mais elles sont extrêmement passionnantes et intéressantes, poussant les lecteurs à répondre à leurs propres questions et les laissant avec de nombreuses réflexions" indique le second.

Bernard Werber est également un auteur très prolifique, publiant un livre chaque année à l'automne. Son dernier roman, intitulé «Le Temps des Chimères», paru en octobre 2023, décrit la fin du monde et imagine un moyen de repeupler la Terre avec des hybrides capables de résister aux catastrophes climatiques. Espérons que ce livre sera rapidement traduit en vietnamien afin de toucher un large public ici au Vietnam.

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