Confinement: on s’adapte

(VOVWORLD) - Le confinement en France s'est durci ce mardi 24 mars avec un décret précisant les dispositions en cours: Il est désormais impératif de rester chez soi. Les seules sorties autorisées doivent être justifiées par une attestation de déplacement dérogatoire. Cathy Monarque, une étudiante française en journalisme à Montpelier nous raconte sa vie quotidienne durant le confinement.
Confinement: on s’adapte - ảnh 1 Photographier est une des choses que Cathy voudrait faire après le confinement

La première semaine s’est plutôt bien passée pour moi. J’essaie de m’organiser, de me donner des objectifs journaliers. J’ai installé une couverture sur mon petit balcon et je m’y installe pour travailler. C’est assez perturbant de ne plus me rendre à l’université et à la bibliothèque… Mais j’essaie de garder une routine quotidienne pour ne pas me laisser aller. Personnellement, j’ai eu l’impression que tous les évènements se sont enchaînés très rapidement mais, avec du recul, je pense qu’on a réagi trop tardivement. Après, avec mes colocataires, on s’est organisées progressivement en faisant les courses. Nous sommes cinq dans un appartement assez grand donc je pense que le confinement est largement moins difficile que pour d’autres personnes. On ne souffre pas de la solitude ou du manque d’espace. On a de quoi manger, lire, travailler et voire même un peu de place pour faire du sport, donc même si c’est assez pesant de ne pas pouvoir sortir, on s’adapte…

Que fais-tu durant ces jours de confinement? Comment fais-tu pour préserver ta santé?  

J’essaie de tirer le meilleur de ces jours de confinement et, pour être sincère, je commence même à prendre goût à cette vie au ralenti. Je fais des choses que je n’ai jamais le temps de faire dans mon quotidien très chargé comme m’occuper des plantes de la maison, lire beaucoup de livres pour le «plaisir» et non pas pour ma formation universitaire (j’ai adoré l’ouvrage «Colette et les siennes» de Dominique Bona), tester de nouvelles recettes de cuisine dont des vietnamiennes (du porc au caramel et du poulet au lotus!), faire de la peinture, regarder des films, danser, pratiquer le yoga, écouter des podcasts ou encore écrire dans un journal... Parmi toutes ces choses, je crois que c’est la cuisine qui me manquait le plus. Et j’ai une petite surprise pour vous, voici une recette de soupe qui a ravi toutes les papilles de ma colocation: Tout d’abord, découpez en petits cubes une courge et une patate douce. Mettez-les ensuite dans une casserole et recouvrez-les d’eau. Pendant que ces légumes commencent à cuire, émincez une échalote et un petit morceau de gingembre, que vous mettez après dans la casserole avec un bouillon cube de légume. Il faut laisser mijoter le tout pendant au moins 30 minutes! Une fois que la cuisson est terminée, il faut mixer tous les aliments pour faire la soupe. Une fois qu’il n’y a plus de morceaux et que la texture est onctueuse, on peut ajouter environ 20cl de lait de coco mais aussi de la muscade, du poivre et du sel. Et voilà, c’est prêt!

Ces jours sont finalement bénéfiques puisque tu peux faire des choses que tu aimes faire quand tu as du temps. Mais tu prépares aussi l’accueil d’étudiants vietnamiens à Montpellier. Parle-nous de ce projet!

Alors oui, dans le cadre de mon Association 9316kilomètres, nous aidons (les membres de l’asso et moi-même) à la préparation de la prochaine génération d’étudiants vietnamiens qui vont venir en France pour l’année 2020-2021. Normalement ils seront largement plus nombreux que cette année et c’est un véritable plaisir de voir cette dynamique franco-vietnamienne s’accélérer et se développer. Je suis très fière de pouvoir dire déjà, même si l’année n’est pas terminée, que cette première année aura été un succès. Avec l’association on a réussi à organiser quelques évènements pour faire découvrir la vie française aux étudiants. On a réussi à faire en sorte que chacun arrive à suivre et réussir sa scolarité en France, que les étudiants aient tous du travail et qu’ils vivent de beaux moments qui resteront gravés dans leur mémoire. Actuellement, on propose de l’aide aux étudiants vietnamiens qui souhaitent venir en France pour corriger leurs lettres de motivation et CV par exemple. On répond aussi à toutes les questions et inquiétudes et on réalise un manuel à destination des étudiants pour les accompagner dans les démarches. On fait à la fois du social, de l’évènementiel, de la communication et de l’administratif. C’est très enrichissant comme aventure. Même si cela va nous demander encore beaucoup de travail, j’espère vivement que de plus en plus de vietnamiens vont se lancer dans l’aventure! C’est vraiment impressionnant les progrès fait en langue française, et je suis très heureuse de pouvoir vivre cela avec eux. Dans l’année à venir, on va certainement créer une branche de l’association directement à l’ULIS à Hanoï. Certains étudiants vietnamiens actuellement en France, ont intégré activement l’association et on travaille tous ensemble. Ce n’est donc pas une association française mais véritablement franco-vietnamienne.

Comment ont réagi les gens qui t’entourent à la nouvelle du confinement de toute la France?

Malheureusement je n’ai pas l’impression que les Français aient véritablement conscience de la gravité de la situation… Beaucoup de personnes continuent à se déplacer, sortir et avoir des contacts dehors. Depuis la semaine dernière, pour sortir, on doit avoir sur soi une attestation qui justifie les déplacements. Alors oui c’est très restrictif et cela peut être perçu comme une atteinte à nos libertés mais actuellement la situation est catastrophique, les hôpitaux risquent d’atteindre leurs limites de capacité. Sur les réseaux sociaux, le personnel médical demande aux gens de rester chez eux car les hôpitaux sont surchargés, il n’y a pas assez d’espace pour accueillir tout le monde, pas assez de matériel et les infirmiers, les médecins sont épuisés…

De plus, même si personnellement mon confinement me permet de faire plein de choses et de ralentir un peu mon quotidien chargé, ce n’est pas le cas pour tous les Français… Le fait de vivre aussi bien mon confinement est, je pense, un peu un privilège. Pour beaucoup de personnes le quotidien ne doit pas être le même et je pense surtout aux femmes et enfants victimes de violences, aux étudiants qui doivent vivre dans un 9m2 sans avoir accès à une cuisine, aux personnes seules … La situation de confinement a des conséquences graves et c’est important de ne pas l’oublier. Cela me permet d’être reconnaissante du quotidien que j’ai et de relativiser.

Qu’est-ce ce que tu voudrais faire juste après le confinement?

Après le confinement, j’irai très certainement prendre l’air et me promener au jardin des plantes. C’est un endroit que j’aime beaucoup dans Montpellier car c’est calme et il y a beaucoup de verdure. Et puis après, je pense que j’irais prendre un café à emporter et me promener dans les rues avec mon appareil photo. Me connaissant, je m’arrêterai certainement dans une librairie pour parcourir les rayons. Et puis j’irai voir mes parents et ma grand-mère. En raison du confinement et du fait que je ne veux pas prendre le risque de les contaminer, je ne suis pas allée les voir depuis un long moment.

Sur le même sujet

Commentaires

Autres