Pour une croissance plus élevée au Vietnam

(VOVworld) - Récemment, la Banque pour le Développement de l'Asie (BAD) a relevé ses prévisions de croissance du PIB vietnamien à 6,6% en 2016 et 6,5% en 2015. Une perspective positive qui suscite beaucoup de « polémique ». Aujourd'hui, Eric Sidgwick, directeur de la BAD au Vietnam nous éclaire sur ce sujet.

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Eric Sidgwick, directeur de la BAD au Vietnam


Eric Sidgwick: 
D'abord je crois que le taux de croissance que nous prévoyons pour cette année et l'année prochaine est supérieur au taux de croissance nous prévoyions il y a quelques mois. Et ceci parce que pendant la première partie de l'année, les investissements étrangers au Vietnam ont augmenté. Et ça a aidé les exportations du Vietnam à augmenter pendant que les marchés extérieurs étaient un peu sous-pression. Le Vietnam dans un environnement un peu plus difficile a réussi à apporter plus de flux d'investissements étrangers et en même temps à exporter plus vers des pays étrangers, vers des marchés étrangers. C’est un premier facteur. Deuxième facteur, l'inflation au Vietnam est relativement basse. Et ceci a aidé le consommateur à dépenser plus. Il y a plus de la confiance dans l'économie vietnamienne. Ceci a aussi contribué à la croissance pendant la première partie de cette année. Troisième raison, je pense que la politique monétaire et fiscale du gouvernement a aussi facilité la croissance du pays. Du côté monétaire, les taux d'intérêt sont relativement bas. L'inflation est en déclin et sous contrôle. Du côté de la politique monétaire, les taux d'intérêt que les banques commerciales offrent, sont relativement attrayants. Ceci a aussi créé une confiance pour l'économie nationale. Je pense que ces trois facteurs là ont ensemble contribué à une très bonne performance pendant la première partie de l'année. Nous espérons qu’elle continuera dans la deuxième.

L'année 2015 au Vietnam a été marquée par plusieurs réformes politiques, notamment des projets de loi sur l'investissement, sur l'entreprise et sur les douanes, ainsi que des réformes administratives dont le seul but est de faciliter tous les formes de commerce et d'investissement. Que pensez-vous de cela?

Eric Sidgwick: Je crois que la première chose à noter, c'est que les réformes que le gouvernement est en train d'entreprendre sont celles fondamentales pour essayer d'assainir le climat pour l'investissement, renforcer l'efficacité des entreprises d'État et aussi réformer le système bancaire. D'autre part, des lois qui favorisent le développement des petites et moyennes entreprises sont aussi indispensables non seulement à la diversification des marchés exportateurs du Vietnam, mais aussi à la diversification des produits et des services que le pays offre. Passer des lois est une première chose indispensable. Mais bien sûr, c'est la mise en application de ces lois. Et cela demandera sans doute une bonne coordination entre les différents ministères pour assurer que ces lois vont êtres mises en œuvre de manière appropriée.

Comme vous le savez, la mise en application de ces reformes a pris un peu de retard, ce qui a eu pour effet d’exercer quelques pressions sur le Vietnam. Est ce que vous êtes d'accord avec ce constat?

Eric Sidgwick: Vous savez, je pense qu'il est très bon de fixer des objectifs pour les réformes. La réforme des entreprises d'Etat et la réforme bancaire sont des réformes fondamentales mais assez dures et qui demandent du temps à mettre en oeuvre. Donc la perception que la mise en application est en retard par rapport aux objectifs fixés est probablement vraie. Mais je crois que fondamentalement, il faut faire ça petit à petit. Et donc ce qui est important pour le Vietnam, c'est que ces réformes sont mises en application. Et le rythme auquel cela se produira, va varier : Il y aura des moments où la réforme ira plus rapidement que d'autres. Il y aura d'autre moment où les réformes peuvent êtres plus dures et  prendrons un certain temps. Ce qui importe, c'est que les réformes progressent. Et je crois que le constat pour le Vietnam ces derniers mois est que les réformes progressent.

Avec les dévaluations successives du Yuan, en Chine, et les évolutions récentes   de l'économie mondiale, en tant que pays en développement à l'économie encore assez fragile, le Vietnam s’est retrouvé destabilisé. Est-ce que vous partagez cette analyse et quels sont vos conseils pour notre pays ?     

Eric Sidgwick: Le premier constat est que l'économie du Vietnam est effectivement vulnérable au développement global. Des importations viennent en grosses proportions de la Chine. Par contre, les exportations sont plutôt misées vers l'Europe, les Etats-Unis et le Japon. Donc, il y a plusieurs influences sur l'économie vietnamienne. Pour le Vietnam, un des facteurs essentiels c'est que la croissance économique du Vietnam mise sur les exportations, mais aussi de plus en plus sur la consommation intérieure. C'est un marché de plus de 80 millions d'habitants donc le marché domestique est quand même assez important et peut supporter une croissance supérieure. D'un autre côté, les exportations seront toujours importantes mais les importations aussi sont importantes. La valeur ajoutée des exportations moins les importations n'est pas grande et  même négative par moment. Mais la diversification des marchés pour le Vietnam et la diversification des produits et des services produits par le Vietnam sont aussi des facteurs importants pour la diversification de l'économie. Les risques seraient mieux partagés et pas seulement dans le secteur extérieur. Donc je pense les facteurs globaux qu'on a subis ces derniers temps, ne vont pas disparaître. Il y aura toujours une incertitude vis-à-vis du ralentissement de la croissance en Chine. Il y a encore une incertitude sur le moment où les taux d'intérêt des États-Unis seront élevés. Donc, je crois que la politique monétaire et fiscale du gouvernement doit veiller sur ces facteurs extérieurs comme il le fait actuellement.  

           

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