Quel avenir pour les jeunes chercheurs au Vietnam ?

(VOVworld) - Au cours de ces 40 dernières années, le Vietnam a obtenu 52 médailles d'or, 94 d'argent et 67 de bronze lors des Olympiade internationales de Mathématiques. Le pays peut donc être considéré comme une pépinière de talents pour les mathématiques. Toutefois, nombre de ces jeunes talents sont partis travailler à l’étranger. Comment expliquer ce phénomène et quel avenir pour la recherche du pays ? Cédric Villani, titulaire de la médaille Fields en 2010, directeur de l'Institut Henri-Poincaré et professeur à l'université Claude Bernard Lyon 1, cherche à répondre à ces questions.   

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Le professeur Cédric Villani (au centre) lors de l'interview
avec la VOV


Cédric Villani :Il y a deux facteurs principaux qui peuvent expliquer une fuite de cerveaux comme on dit. Les deux facteurs principaux peuvent être une question de revenu ou une question d'environnement. La question de revenu, c'est qu'il faut savoir est-ce que, en partant à l'étranger, on améliore ce qu'on est en train de vivre de façon importante ? On sait qu'un chercheur de haut niveau européen qui va aux Etats-Unis pourra facilement multiplier son salaire par deux ou par trois ou par quatre parfois. Donc il y en avoir un intérêt personnel à partir à l'étranger. Et l'autre facteur c'est l'environnement, le fait qu'on puisse avoir plus de moyen. Et là aussi, les Etats-Unis, depuis plusieurs décennies, ont promulgué une politique donnant beaucoup de moyen aux chercheurs avec la possibilité de monter des grands projets, beaucoup de libertés. Pour revenir au cas du Vietnam, même si les ressources mobilisables qui ne sont pas au niveau de celles de certains pays développés. Ce qui est important, c'est que les revenus des meilleurs chercheurs soient de haut niveau par rapport au revenu moyen du pays. Et puis, que les chercheurs puissent avoir le moyen de réaliser des projets. En particulier pour ceux qui sont déjà à l'étranger, les possibilités de faires des actions en collaboration ou à temps partiel dans le pays d'origine peuvent être important.

Anh Tuan : Que doit faire un jeune vietnamien talentueux ? Partir à l'étranger ou bien de rester dans son pays ? Ou mieux encore, travailler à l'étranger en essayant d'aider son pays?

Cédric Villani: Je pense que je peux encourager les gens d'abord à aider leur pays. C'est une question de patriotique et c'est une question qui fait partie du comportement qui est saint. Et c'est de la même façon que moi j'ai passé quelques années aux Etats-Unis, c'était important pour moi de rentrer en France et de faire évoluer mon pays. Et je peux qu'encourager les jeunes talents vietnamiens à penser toujours à l'évolution de leur pays. Mais il est important aussi qu'ils aillent à l'étranger. Et actuellement, je dirais même qu'il est important qu'ils aillent passer plusieurs années immerges à l'étranger et après, soit qu'ils reviennent, une fois qu'ils ont développé leur carrière et qu'ils sont bien incorporé bien au fait de la recherche mondiale, soit qu'ils partagent leurs temps une partie au Vietnam, une partie à l'étranger de manière à améliorer les choses petits à petits au Vietnam. Et de faire en sort que le Vietnam soit de plus en plus au fait de la recherche internationale. Et puis un jour, si tout va bien, le Vietnam aura tellement progressé en recherche et qu'on pourra faire une carrière de haut niveau entièrement au Vietnam.       

Anh Tuan: En parlant de l'avenir de la recherche au Vietnam, que pensez-vous de l'investissement vietnamien dans ce secteur? Quels sont les points importants?

Cédric Villani: Il est très important d'investir dans l'enseignement supérieur de la recherche. Et le Vietnam a certainement beaucoup à gagner en investissant. Parce qu'il va s'affirmer comme l'un des acteurs scientifiques majeurs, leader en Asie du Sud-est avec de très gros potentiels de jeunes étudiants dans cette partie du monde. C'est très important pour le développement à l'avenir. Il ne faut pas cependant qu'il soit un investissement uniquement en mathématique. Parce que ça n'aurait guère de sens, il faut investir aussi dans les disciplines qui sont liées. Ce sont des disciplines de hautes technologies. Ce sont des choses qui sont liées à l'informatique. Ce sont des choses qui sont liées aux statistiques. Ce sont ces genres de choses, certaines applications. Et c'est dans l'ensemble de ces secteurs qu'il faut arriver à faire des investissements. La recherche c'est un problème éco-systémique, il faut arriver à obtenir les bonnes relations entre les différents pays, différents mouvements à l'étranger, depuis l'étranger. Il y a deux écuelles qui sont dommageable, qui donnent de mauvais résultats. C'est quand on investit de manière trop large, dans trop de domaines, de sort qu'on disperse trop ou au contraire, quand on investit uniquement sur les points les plus forts. Il faut trouver un équilibre entre les deux.

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