La chanson « Hanoi - Dien Bien Phu aérien » 40 ans après

(VOVworld)-Le « Dien Bien Phu aérien », qui a duré du 19 au 29 décembre 1972, correspond en fait aux combats menés par l’armée et la population vietnamiennes contre les raids des B52 de l’US Air Force ; des combats victorieux, qui ont inspiré plus d’un artiste, à commencer par le compositeur Pham Tuyen, dont la chanson «  Hanoï - Dien Bien Phu aérien » nous rappelle qu’il n’y a pas que les bombes à exercer des impacts.



La chanson « Hanoi - Dien Bien Phu aérien » 40 ans après - ảnh 1
Le compositeur Pham Tuyen (photo : hanoimoi)


Pham Tuyen est aujourd’hui âgé de plus de 80 ans. Ses cheveux sont tout blancs, mais ses yeux scintillent encore lorsqu’il se souvient de la composition de la chanson « Hanoï - Dien Bien Phu aérien » :

"Le 19 décembre 1972, les forces aériennes américaines ont commencé à bombarder Hanoï. A 4h du matin, elles ont bombardé Mễ Trì, mais visiblement, les bombes n’avaient pas atteint leurs cibles. Le lendemain, c’est la station-émetteur de Bach Mai qui a été bombardée. Ma maison a été totalement détruite sous les bombes, le piano a sauté en l’air, tous les livres ont brûlé..." A-t-il raconté.

Durant toutes ces journées d’apocalypse, Hanoï semblait noyée sous un déluge de bombe. Les maisons étaient complètement détruites, les rues n’étaient plus que de vastes champs de ruine, et pourtant, personne ne voulait quitter la capitale.     

"Les Hanoïens sont uniques en leur genre. Leur maison étaient dévastées, ils ont du évacuer en toute urgence, mais dans la rue Kham Thien, aucune porte n’était fermée à clef. Se souvient Pham Tuyen. Les gens se précipitaient en masse dans la rue pour la dégager après chaque bombardement. L’hôpital de Bach Mai était en ruine mais continuait quand même à fonctionner. Dans ce contexte, une vive émotion a surgi en moi !"

En se souvenant de cette période, le compositeur ne peut pas cacher son émotion. Pris sous un déluge de feu et d’acier, les Hanoiens ont su se montrer intrépides et solides, garder confiance, malgré des nuits et des nuits d’angoisse et de fureur. C’est dans cette atmosphère, particulière s’il en est, qu’est née la chanson « Hanoi - Dien Bien Phu aérien ».

"Le comité du Parti de l’armée a décidé de lutter contre l’ennemi, comme ça avait été le cas avec la campagne de Dien Bien Phu. Indique Pham Tuyen. En entendant ces mots, « Dien Bien Phu », j’ai ressenti quelque chose de très fort en moi. Et c’est ainsi que j’ai écrit cette chanson, « Hanoi - Dien Bien Phu aérien ». Son rythme n’est pas spécialement souple, il est par contre très énergique. Dans la nuit du 29 décembre 1972, la chanson a été diffusée sur les ondes de la radio. Malgré la situation très tendue, on l’a chantée. Nos compatriotes à Saigon ont prédit que les Américains seraient vaincus, car les Hanoïens les combattaient tout en chantant. Et c’est vrai que le lendemain, les Américains ont dû commencer à battre en retraite."

L’émission de la nuit du 29 décembre 1972 a suscité de vives émotions. Quant à la chanson, elle continue d’émouvoir des générations de Vietnamiens, jusqu’à nos jours. Le compositeur Nguyen Thuy Kha, qui était à l’époque sur les fronts de Quang Tri, au centre du Vietnam, se souvient : "Ma famille habitait le quartier de Ngoc Ha. Grâce à un ami, j’ai appris que ma maison avait brûlé lors des bombardements américains. Quand nous autres, les soldats, nous avons la chanson de Pham Tuyen diffusée sur les ondes de la Voix du Vietnam, nous avons pleuré. J’ai eu alors le sentiment que tous mes pertes n’avaient pas été vaines."

Quant au journaliste Nguyen Luu, il se souvient lui aussi : "Quand j’ai écouté cette chanson, je me suis senti réconforté. Jamais Hanoi n’avait été aussi optimiste. Je suis très fier des Vietnamiens."

Et comme l’ont prédit les Saigonais à l’époque, Hanoi a vaincu, avec héroisme. Peu de temps après, les Américains ont dû se résoudre à mettre fin aux bombardements sur le Nord du Vietnam et à revenir à la table des pourparlers de Paris, le 27 janvier 1973.

Quant au compositeur Pham Tuyen, il n’en est pas resté là. La fibre patriotique a continué de l’habiter et lui a permis d’écrire un autre chef d’oeuvre de la chanson révolutionnaire : « Comme si le Président Hochiminh était avec nous au jour de la grande victoire », en 1975. Selon Pham Tuyen, les compositeurs se doivent de graver l’histoire du peuple en musique !

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