Et si l’on ne s’excusait que tôt le matin…

(VOVWORLD) - Si on fait du tort à quelqu’un, on doit s’excuser auprès de lui. Rien d’original à cela, sauf que chez les Sedang, peuple des Hauts-plateaux du Centre, il y a un moment propice pour ce faire: tôt le matin.
Et si l’on ne s’excusait que tôt le matin… - ảnh 1

L’aurore est donc pour les Sedang le moment du pardon, et là aussi, le patriarche villageois a un rôle à jouer. Il doit être là pour réconcilier les parties, comme l’explique Y Ui, une Sedang de la province de Kon Tum:

«La tradition veut que les excuses se présentent tôt le matin, avant que les oiseaux ne survolent nos routes. Celui qui est en tort vient chez l’autre avec un poulet grillé au charbon de bois et de l’alcool. Le patriarche villageois analyse ce qui s’est passé, et rend son verdict, en désignant le coupable. Celui-ci doit alors s’excuser et jurer ne pas récidiver.»

Selon A Luo, le patriarche du village de Kon Wang, l’aurore est le moment où l’atmosphère est la plus pure et la plus calme, où les gens sont lucides et disent des choses vraies qui viennent directement du coeur. C’est aussi le moment où les divinités sont les plus tolérantes. Aussi sont-elles disposées à bénir les deux parties et à empêcher que les choses ne dégénèrent. Voilà pour la croyance populaire. Ce qui est vrai, en tout cas, c’est que ces excuses matinales sont toujours de rigueur, soutient A Khao, de la province de Dak Lak:

«L’autre soir, je faisais rentrer les bœufs quand la porte de l’étable s’est cassée. Un bœuf s’est évadé. Il a foncé sur le champ de mon voisin Buô Ngok où il a mangé le maïs encore tout jeune. Le lendemain matin, à l’aube, je suis allé chez Buô Ngok pour lui présenter mes excuses. Je voulais le dédommager à hauteur de 200.000 dongs, mais il a refusé. Il a compris que je n’avais pas fait exprès de laisser échapper un bœuf. Il m’a pardonné, me disant de mieux garder mes animaux. Je lui suis très reconnaissant.»

Beaucoup de choses ont changé dans la société Sedang, mais cette pratique d’excuse matinale demeure encore bien vivace. Le repentir et la tolérance sont essentiels dans la vie, estime A Thin, de la province de Kon Tum:

«On doit s’excuser de ses erreurs, pour éviter que de petits différends ne conduisent à des conflits. C’est la responsabilité de chacun. Personne ne peut vivre seul. Nous sommes tous dans une communauté, et nous nous devons de préserver les liens au sein de la famille et du village.»

Mais naturellement seuls ceux qui se repentissent sincèrement sont pardonnés, que ce soit chez les Sedang ou ailleurs. 

Commentaires

Autres