Le calendrier Doï

(VOVworld) - Jadis, le calendrier Doï était utilisé partout dans les contrées Muong. Mais de nos jours, il ne subsiste plus que chez les Muong Bi de Tan Lac, un district de la province de Hoa Binh. Et pour tout arranger, seuls les chamans sont en mesure d’expliquer le fonctionnement de cet ancien calendrier ! Je vais donc, chers auditeurs, essayer de me transformer en chaman pour tenter d’éclairer vos lanternes.

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Photo: Internet

Bui Van Khan est chaman. Il est en train de choisir un jour faste pour Bui Van Tuyen, un villageois qui veut ériger une nouvelle maison. Pour ce faire, il s’en réfère au calendrier Doï, un calendrier constitué de 12 barres de bambous, correspondant aux 12 mois de l’année, chacune de ces barres portant 30 encoches, comme autant de jours.    

« Les Muong partagent plusieurs coutumes avec les Kinh, fortiori le calcul des périodes de moisson. Mais les Muong ne se basent que sur le calendrier Doï. On a 12 mois pendant une année. Chaque mois correspond à une barre de bambou. »

Alors les Kinh calculent le temps grâce à la lune, les Muong se basent sur une étoile appelée Doï pour déterminer quels sont les jours fastes ou néfastes. Chaque mois se divise en trois périodes, respectivement appelées semaines hautes, moyennes et basses. La semaine haute est appelée « kâl » et permet aux Muong d’organiser des mariages, des inaugurations, la mise en chantier des maisons…. A l’opposé, la semaine basse comprend des jours néfastes où la lune est absente et toute initiative est vouée à l’échec. Pour ce qui est de la semaine moyenne, les Muong croient que les enfants nés pendant cette période seront très intelligents.

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Chaque année, les chaman-astrologues remontent jusqu’au sommet du mont Cot Co pour observer l’étoile Doï, en vue de prévoir la météorologie de l’année suivante. De retour, ils annotent sur le calendrier des symboles pour reconnaître les phénomènes célestes. Par exemple, si l’on voit le V à côté d’une encoche, cela signifie que le moment propice à la pêche est arrivée. Les points, par contre, sont signes de malheur, et les flèches, de tempête. Bui Van Khan, toujours :      

« Il y a des jours fastes et des jours néfastes. Les Muong Bi le savent grâce au calendrier Doï. Partout ailleurs, les Muong utilisent le calendrier lunaire des Kinh pour calculer les dates et les années. Mais pour les activités importantes, on n’a pas d’autres choix que le Doï, parce que les jours fastes des Kinh coîncident parfois avec des jours néfastes des Muong. Le père et le fils font souvent ensemble un nouveau calendrier. »

Le calendrier Doï accompagne Bui Van Khan depuis 30 ans. Il compte uniquement sur ce « trésor » pour aider les villageois à choisir des jours fastes afin d’organiser des évènements importants, mariages ou obsèques, par exemple. Mais à ce jour, seuls les chamans peuvent le lire, puisque les habitants, a fortiori les jeunes, comme Bui Van Tuyen ont délaissé le calendrier Doï au profit du calendrier grégorien, qui est tout de même beaucoup plus facile à comprendre.

« Je ne comprends rien ! Mais quand j’aurai 35-40 ans, je me mettrai à apprendre à le lire. On ne peut pas laisser tomber complètement ce calendrier sans lequel on ne retrouve pas les jours fastes, malgré la propagation du calendrier grégorien. »

En principe, les calendrier Doï et lunaire ont 15 jours de décalage. Les Muong célèbrent donc deux fois le nouvel an, le premier conformément au calendrier des Kinh, le second, conformément au calendrier le Doï, et les deux solidement arrosés, mais là, c’est une autre histoire que notre souci de ne pas dévoyer la jeunesse nous interdit de dévoiler...

Rendez-vous la semaine prochaine pour de nouvelles rérégrinations ethnico-chromatiques !


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