Pour préserver le trésor linguistique des ethnies

(VOVworld) - Véritable outil de transmission culturelle, la langue est l’une des manifestations les plus éminentes d’une civilisation. C’est justement pour préserver le trésor linguistique des ethnies que depuis quelques années, les autorités des provinces montagneuses du Nord-Ouest ont créé des classes de langue, à l’intention des jeunes. 


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Nous sommes en présence d’une bonne cinquantaine d’étudiants, venus apprendre le thaï au centre de formation continue de la province de Son La. Des cours de thaï comme celui-ci, il y en a une bonne trentaine, désormais, dans la province. Sur l’estrade, Lò Mai Cương, 52 ans, enseigne avec une ardeur qui ne s’est jamais démentie en près de 10 années de pratique.     

« Ici, les étudiants sont tous des jeunes ou des adultes. Du coup, les méthodes pédagogiques ne sont pas celles des écoles secondaires. Les séances restent très ouvertes. Nous encourageons les étudiants à converser, à parler et à échanger des points de vue. Les professeurs ne sont là que pour superviser les débats et veiller au bon usage de la langue thaï. Il y aussi des séminaires, de temps en temps », a dit Mme.Cuong.   

En ce qui concerne les étudiants, le plus jeune a 25 ans et le plus âgé 65 ans. Les deux tiers sont d’authentiques Thaï. Leur objectif ? Apprendre à parler et à lire le thaï. Contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, c’est une découverte, ou en tout cas une nouvelle approche, pour beaucoup d’entre eux, qui n’avaient jamais épeler des mots, lettre par lettre. Lò Văn Thoán, un jeune étudiant thaï, nous dit : « Notre ethnie possède un grand nombre d’ouvrages littéraires et poétiques écrits qui constituent un véritable patrimoine culturel. Pourtant, dans ma famille, personne n’est capable de les lire ! Nous ne savons que parler notre langue. En termes de transmission, ça pose évidemment un problème ! Je suis encore jeune mais j’ai décidé d’apprendre à écrire et à lire pour pouvoir comprendre les ouvrages de nos ancêtres ». 

Ha Minh Ha, une autre étudiante, fait savoir : « Je suis une jeune femme Kinh mais j’ai un grand plaisir à découvrir les us et coutumes des autres ethnies de la région montagneuse du Nord-Ouest, notamment des Thaï. Ils possèdent de vieilles traditions et une civilisation extrêmement raffinée. C’est formidable de pouvoir parler avec eux, dans leur langue ! ».

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Les étudiants disposent en tout et pour tout de deux manuels: un ouvrage consacré à la grammaire et un autre, consacré à la prononciation et à la littérature. “C’est un progrès considérable pour l’apprentissage de cette langue”, se félicite Lo Mai Cuong, linguiste autant que professeur.  

« La langue Thaï, le langage écrit en particulier, a évolué à travers le temps. Auparavant, l’écriture n’était pas standardisée. Chaque groupe thaï écrivait à sa manière. Ce n’est qu’assez récemment qu’un alphabet a été créé, un alphabet qui tient compte de la prononciation traditionnelle », a-t-elle indiqué.    

Mais ce n’est pas tout ! Des cours d’enseignement à distance ont été mis en place. Il suffit de posséder un ordinateur ou un smartphone. Qui osera encore prétendre que les ethnies ont un mode de vie archaïque, après ça ? Ca Van Chung, directeur-adjoint du centre d’informatique de Son La, indique : « Actuellement, l’enseignement de la langue thaï est en plein essor dans les provinces habitées par l’ethnie Thaï. Le projet d’enseignement à distance, c’est-à-dire une formation utilisant les nouvelles technologies du multimédia et de l'internet, a vu le jour pour résoudre à cette tendance. En fait, les personnes occupées peuvent suivre simplement les cours avec un ordinateur. Cerise sur le gâteau, le gouvernement a reconnu le diplôme de langue Thai comme diplôme de langue étrangère pour les personnes minoritaires ».

Lo Mai Cuong travaille en ce moment à un projet qui prévoit des activités extra-scolaires axées autour du thaï à l’intention des enfants.

Et ce sont ces enfants-là qui continueront à entonner des chansons dans leur langue dans les montagnes et au bord des rivières de la région du Nord-Ouest de notre pays, en dignes héritiers d’un véritable trésor culturel.

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