Toutes les îles et l'océan

(VOVWORLD) - « Toutes les îles et l'océan » est un roman qui nous parle de la recherche d’identité à travers les voyages et les conquêtes. Il promène ses lecteurs de Paris à Kisangani, de Bruxelles à Londres, et leur fait remonter le temps pour retourner à celui du colonialisme au Congo. Venu au Vietnam à l’occasion de la publication en vietnamien de « Toutes les îles et l'océan », l’écrivain belge Jean-Pierre Orban s’entretient avec VOV5 de son roman qui brouille toutes les frontières spatiales et temporelles, mais aussi celles des préjugés et des stéréotypes.  

Toutes les îles et l'océan - ảnh 1L'écrivain Jean-Pierre Orban, lauréat du "Prix du Livre européen 2015". Photo: wbi.be 

Jean-Pierre Orban: J’ai vécu en Belgique parce que j’y suis né. Mais je suis d’une famille immigrée italienne, du côté de ma mère. Je vis en France pour le moment. J’ai passé mon enfance en Afrique et j’ai vécu à Londres. Tout cela fait partie de ma vie et des histoires que je raconte, même si ce n’est pas de l’autobiographie. Mais les éléments se retrouvent dans mes romans. Je pense aussi que comme mes personnages, je cherche ma place dans les différents lieux où je vis.

VOV5: C’est la raison pour laquelle l’identité et le rapport entre l’histoire individuelle et l’histoire collective vous intéressent autant?

Jean-Pierre Orban: Oui, les questions que je me pose dans ces deux romans qui forment comme un cycle, un ensemble, ce sont les questions d’identité - l’identité par rapport à l’histoire collective. Est-ce que l’on peut construire une identité propre lorsque l’histoire vous impose des drames ou des évolutions que vous n’avez pas choisies? Et la deuxième chose, comment on se place, on se détermine dans son identité par rapport aux lieux où on habite… Les différentes vies, à Paris, à Londres, comment est-ce que l’on trouve son identité? Et est-ce qu’il faut aller ailleurs pour trouver son identité ou doit-on rester là où on est né? Parfois l’histoire nous oblige à changer de lieu et à ce moment-là, qu’est-ce qu’on fait de ce lieu?

VOV5: Pourquoi avez-vous choisi le Congo comme décor de votre roman?

Jean-Pierre Orban: Je ne l’ai pas vraiment choisi. J’ai passé mon enfance au Congo. Mon père y est resté trente ans et j’y retourne régulièrement. Le Congo est important pour moi, il fait partie de mon histoire.

Toutes les îles et l'océan - ảnh 2 Photo: jeanpierre-orban.com

VOV5: Et pourquoi le choix de raconter des histoires à partir de plusieurs points de vue?

Jean-Pierre Orban: Je voulais aborder l’histoire à partir de plusieurs points de vue, celui d’une femme, celui de son enfant quand il est devenu adolescent, puis ce même enfant qui devient adulte et enfin, une quatrième partie où l’histoire est terminée par un autre personnage. Il me semble que les choses ne peuvent pas toujours se comprendre à partir d’un seul point de vue. Il faut plusieurs points de vue pour voir une histoire dans son entièreté.

Je voulais casser les préjugés du lecteur sur les choses, notamment sur l’Afrique, sur les Noirs. On a beaucoup d’a priori, de préjugés sur les gens, et je voulais qu’on les perde, que le lecteur ou la lectrice soit obligé(e) de reconsidérer son point de vue à partir de cette histoire que je raconte.

VOV5: Vous êtes journaliste, vous écrivez des pièces de théâtre. Pourquoi à un moment précis avez-vous décidé d’écrire deux romans sur le sujet de quête de l’origine, de l’histoire? Est-ce qu’il y a un lien avec toutes les immigrations qui se passent dans le monde actuellement?

Jean-Pierre Orban: J’ai fait beaucoup de métiers : journaliste, traducteur, chercheur en littérature. Je suis arrivé plus précisément au roman parce que le roman est pour moi, ce qui est le plus important, ce qui est au centre de ma recherche, de mes écritures. Parce que c’est là où on peut récréer le monde et sa propre histoire, dans un autre monde qui est en fait sur papier, mais qui reflète le monde extérieur.

Les thèmes que j’ai abordés dans ces deux romans (Vera et Toutes les îles et l'océan), sont ceux qui, je crois, importants aujourd’hui. La question de l’immigration, la question des frontières : les gens passent les frontières, qu’est-ce qu’on fait avec ce nouveau monde-là ? Il faut s’ouvrir aux autres et accepter cette ouverture des frontières.

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