Hanoi sous la plume de Lê Minh Hà

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Le vieux quartier de Hanoi

(VOVworld) - Lê Minh Hà a été professeur de lettres dans des lycées hanoiens pendant une dizaine d’années avant de s’installer avec son mari en Allemagne dans les années 1990. Elle n’enseigne plus, mais continue d’écrire. Certaines de ses oeuvres ont été présentées au public vietnamien, et notamment «Phố vẫn gió» (La rue toujours venteuse) qui a été récemment publié par la société Nhã Nam et la maison d’éditions Lao động.

Comme les autres oeuvres de Lê Minh Hà, «Phố vẫn gió» a pour toile de fond Hanoi, ou plutôt la ville et ses habitants, tels qu’ils subsistent dans la mémoire de l’auteur. C’est un roman qui est le fruit de trois années de labeur. Lê Minh Hà:

«Je voudrais vous parler de Hanoi. Qui sont les Hanoiens? Quand je suis en taxi, les chauffeurs me racontent des histoires sur Hanoi avec des accents de différentes localités du Nord du Vietnam. Ils me parlent de leur vie à Hanoi avec des accents qui ne sont pas hanoiens, mais pour moi, ce sont les Hanoiens de nos jours. D’ailleurs, les Hanoiens de mon époque n’étaient pas non plus ceux qui étaient nés et avaient grandi dans cette ville. Mais ils ont apporté à Hanoi une beauté à laquelle nous sommes très attachés à présent. À mon avis, Hanoi appartient à ceux qui y vivent et qui l’aiment.»

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source : internet

L’histoire de «Phố vẫn gió» se déroule à Hanoi depuis 1954. La ville est présentée sous deux aspects à priori contradictoires. L’un est la vieille ville. A l’intérieur d’une villa avec de la lumière douce et une mélodie suave. L’autre est la nouvelle ville avec les HLM d’après-guerre qui ressemblent à une partition chaotique avec des formes hideuses, des sons stridents et des odeurs indéfinissables. Ngân - une femme enfant - va et vient entre ces deux mondes. Tourmentée par la déformation physique et spirituelle de la vieille ville et désespérée face à l’agression de la nouvelle ville, elle s’en est allée. Mais elle ne peut échapper à sa propre mémoire. L’écrivain Trương Quý a eu l’occasion de faire la relecture de nombreuses oeuvres de Lê Minh Hà:

«Hà a pu synthétiser de nombreux détails que seuls ceux qui ont vécu à Hanoi dans les années 1970, 1980 peuvent connaître. Des noms de lieu tels que Cây đa nhà bò, la pente Lapho ou encore le carrefour Vác reviennent plusieurs fois dans les oeuvres de Hà, ces noms qui vivent à jamais dans la mémoire de ceux qui vivent loin du pays natal. C’est ce qui donne à son écriture un côté fantasmagorique.»

«Phố vẫn gió» est en fait composé d’une série d’histoires racontées selon le flot de la mémoire, par une écriture belle et classique, selon l’écrivain Trương Quý:

«Hà écrit avec soin, en choisissant soigneusement chaque adjectif. Ses histoires sont faites de nombreux souvenirs enchevêtrés, mais elle a su très bien choisir les mots pour refléter les états d’âmes de ses personnages. À mon avis, seules des personnes qui ont beaucoup vécu et qui ont un vocabulaire extrêmement riche peuvent écrire de cette façon.»

Le fait de vivre loin de Hanoi pendant une vingtaine d’années a donné à Lê Minh Hà un certain recul pour mieux identifier une ville à la fois familière et étrangère:

«Ces 20 années passées à l’étranger m’ont permis de mieux comprendre cette terre. C’est drôle. Les connaissances reçues des livres ne me sont pas du tout utiles, alors que la vie là-bas d’une simple femme m’a aidé à comprendre ce que j’ai vécu à Hanoi.»

Comme un journaliste l’a dit, «Phố vẫn gió» de Lê Minh Hà nous montre un Hanoi d’un passé récent mais qui semble déjà très lointain. Une touche de nostalgie, donc…

    

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