(VOVWORLD) - De plus en plus d’accords de libre-échange encadrent désormais les conditions de travail dans leurs textes. En 1995, seuls trois accords répertoriaient des engagements relatifs aux droits des travailleurs, alors qu’en 2016, 77 parmi les 267 accords signés par 136 pays mentionnaient les normes internationales du travail. Le Vietnam, signataire de plusieurs de ces accords, n’échappe pas à la tendance. Pour se conformer à ces nouveaux standards, le pays entreprend des modifications de son Code du Travail et adapte les missions de ses syndicats en conséquence.
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De nouveaux enjeux imposés aux syndicats vietnamiens
Pour la première fois, une nouvelle réglementation des activités syndicales a été imposée au Vietnam après la ratification d’accords de libre-échange «de nouvelle génération», à l’instar du partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP).
L’une de ces obligations consiste en l’interdiction de dégrader les conditions de travail des salariés pour renforcer sa compétitivité. Les syndicats sont également visés, et les nouveaux textes internationaux prévoient de mettre fin au syndicat unique, afin de mieux représenter et défendre les intérêts des travailleurs, qui auront désormais le choix entre plusieurs groupes. Cette clause change radicalement le mandat et les principes de fonction de ce type d’organisation. Au Vietnam, le syndicat joue encore le rôle d’une organisation socio-politique, alors qu’ailleurs, il se doit de rester hors de la sphère politique, son seul but consistant en l’amélioration des conditions de travail et de vie de ses adhérents.
Une urgente réforme
Selon l’Accord de partenariat transpacifique global et progressiste (CPTPP), le Vietnam dispose de cinq ans pour remodeler son Code du Travail et ainsi se conformer au texte ratifié. Trân Thanh Hai, vice-président permanent de la Confédération générale du Travail du Vietnam, déclare à ce propos:
«Il est urgent que les syndicats renouvellent leurs modalités de travail et leur plan d’action pour mieux défendre les intérêts légitimes des membres. Les délégués devront perfectionner leurs connaissances et être plus disponibles pour les salariés.»
De même, au niveau législatif, l’Assemblée nationale a ratifié en juin dernier la Convention 98 de l’Organisation internationale du Travail sur le droit d’organisation et de négociation collective, l’un des traités fondamentaux qui accompagnent les accords de libre-échange. Celui-ci force une modification profonde du cadre juridique vietnamien. Lê Dinh Quang, un responsable du comité des relations des travailleurs, rattaché à la CGTV, explique:
«Parmi les modifications proposées, des sanctions plus strictes vis-à-vis des actes discriminatoires sont prévues. Cela se conforme à la Convention 98 de l’OIT que le Vietnam a récemment adoptée. Elle assure l’autonomie des syndicats qui protègent désormais le droit d’organisation et la négociation collective des travailleurs.»
Malgré les nombreuses modifications qui s’imposent, le Vietnam, qui a beaucoup à gagner avec les accords de libre-échange qu’il a signés, reste donc déterminé à respecter ses engagements pris en matière de protection des travailleurs et des syndicats.