(VOVWORLD) - Londres et Bruxelles ont trouvé, ce jeudi 17 octobre, un compromis sur les modalités de leur divorce. Si les députés britanniques approuvent le texte, le Brexit sera bel et bien acté dès le 31 octobre. S’ils votent contre, en revanche, la situation risque de devenir chaotique.
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«Il semble que nous soyons très près de la dernière ligne droite», a commenté le président du Conseil européen Donald Tusk, en donnant le feu vert des 27, quelques heures seulement après l'annonce de l'accord trouvé dans les derniers instants entre le Royaume-Uni et l’Union européenne avant l'ouverture du sommet européen. Si le Parlement européen est prêt à ratifier cet accord, la balle est maintenant dans le camp du Royaume-Uni.
Quelques précisions sur le nouvel accord trouvé
Le compromis trouvé jeudi modifie le protocole sur l’Irlande et l’Irlande du Nord tel qu’il figurait dans l’accord de retrait négocié précédemment: une partie du texte que l’Union européenne était jusque-là réticente à changer.
Il établit des règles particulières concernant les marchandises arrivant en Irlande du Nord, qui restent dans le territoire douanier britannique. Si des produits en provenance de pays tiers entrent en Irlande du Nord et s’ils y restent, alors seront appliqués les droits de douane britanniques. En revanche, si des marchandises (toujours en provenance de pays tiers) sont destinées à entrer dans l’Union européenne via l’Irlande du Nord, alors les autorités britanniques appliqueront les droits de douane de l’Union européenne. L’accord établit également un mécanisme de «consentement» des autorités nord-irlandaises sur la poursuite de l’application de certaines règles de l’Union européenne dans la province britannique, après une période de quatre ans suivant la mise en œuvre de l’accord.
Le compromis de retrait, s’il est adopté, prévoit plus généralement les conditions du divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne, notamment en matière de droit des citoyens et de respect des engagements financiers. Il introduit également une période de transition jusqu’à décembre 2020 pour un départ en douceur.
Des divisions à Londres
Le Premier ministre Boris Johnson a exhorté les députés britanniques à soutenir l'accord pour «faire aboutir le Brexit sans délai», à la date prévue du 31 octobre. «Lorsque les députés de tous les partis regarderont cet accord, ils verront l'intérêt qu’il y a à le soutenir», a-t-il assuré, se disant «très confiant».
Mais aussitôt l'annonce faite, les modifications à l'accord de retrait à peine publiées, le parti unioniste nord-irlandais DUP, allié-clé du Parti conservateur de Boris Johnson, a jeté un froid en affirmant son opposition à l'accord trouvé.
Puis le chef du Parti travailliste, principale formation d'opposition au Royaume-Uni, a appelé les députés britanniques à «rejeter» l'accord. Selon Jeremy Corbyn, «la meilleure façon de résoudre le Brexit est de donner à la population le dernier mot lors d'un vote populaire». Le chef du Parti du Brexit Nigel Farage a, quant à lui, jugé que le nouvel accord «n'est pas un Brexit».
La cheffe du Parti national écossais, Nicola Sturgeon, au pouvoir au Parlement régional d’Édimbourg, ne voit pas bien comment un accord pourrait être pire que celui-ci pour l’Écosse. Les députés de sa formation voteront donc contre samedi. Nicola Sturgeon explique qu’avec cet accord, l’Écosse est la seule partie du Royaume-Uni qui «n’a pas son mot à dire sur son avenir». «Il est clair comme du cristal que la seule voie pour l’Écosse est de prendre en charge son futur et de devenir indépendante. Je suis déterminée à ce que nous puissions avoir ce choix l’année prochaine», a-t-elle menacé.
Les députés britanniques se réuniront samedi pour une séance exceptionnelle sur le Brexit.
Un accord salué par les dirigeants européens
Les dirigeants européens ont tous salué le nouvel accord obtenu avec Londres. «Nous sommes prêts pour la ratification: logistiquement, politiquement, techniquement», a déclaré Donald Tusk. Le négociateur de l’Union européenne pour le Brexit, Michel Barnier, a quant à lui indiqué avoir été chargé de lancer la négociation de la nouvelle relation commerciale avec Londres après le Brexit. Le président français Emmanuel Macron a de son côté déclaré vouloir «croire que Boris Johnson aura une majorité», tout en admettant que «la satisfaction s'accompagne d'une légitime prudence». Pour le président français, l’accord «répond aux objectifs qui étaient les nôtres: du côté européen, de défendre l’intégrité du marché unique et la liberté, et du côté britannique d’avoir toutes les garanties pour préserver leur intégrité». Satisfaction aussi pour le Premier ministre irlandais Leo Varadkar, qui s'est félicité d'un accord «bon pour l'Irlande et l'Irlande du Nord» qui «respecte une histoire et une géographie uniques». Au fil des annonces, la livre a connu une nouvelle journée agitée, gagnant 1% face au dollar pour s'approcher de 1,30 dollar.
Tous les regards sont tournés maintenant vers le Parlement britannique. Le miracle de Bruxelles se reproduira-t-il à Westminster?