(VOVWORLD) - Depuis plusieurs jours, Jérusalem est le théâtre de violents affrontements entre Palestiniens et Israéliens. Cette escalade, la pire jamais enregistrée depuis 2014, fait craindre à la communauté internationale le déclenchement d'une guerre à grande échelle, qui serait alors incontrôlable.
Des raids aériens dans la bande de Gaza (photo: Reuters)
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Un regain de tensions
Dans le quartier palestinien de Sheikh Jarrah, situé à Jérusalem-Est, la menace d'expulsion qui plane sur les habitants au profit de colons israéliens a catalysé la colère des Palestiniens. Depuis plusieurs semaines, ceux-ci manifestent leur soutien à ces familles menacées d'expulsion, en organisant des dîners de rupture du jeûne du ramadan ou des manifestations pacifiques. Des heurts ont éclaté le 3 mai en marge d'une de ces manifestations, faisant une dizaine de blessés. Depuis, les affrontements avec la police israélienne sont quasiment quotidiens. Le Hamas, le groupe armé palestinien de la bande de Gaza, n'a pas laissé passer cette occasion pour consolider son influence. Dans des déclarations en date du 10 mai, le mouvement s'est engagé à se tenir aux côtés des Palestiniens menacés d’expulsion et a juré de transformer certaines villes israéliennes en «enfer», Tel Aviv compris.
Dans la nuit du 7 au 8 mai, des violences ont de nouveau éclaté devant la mosquée Al Aqsa, troisième lieu saint de l’Islam que les Israéliens nomment le mont du Temple. Des Palestiniens ont jeté des pierres sur des policiers israéliens, lesquels ont répliqué avec des tirs de grenades incapacitantes et des balles en caoutchouc sur l’esplanade qui abrite la mosquée pour empêcher les musulmans palestiniens de prier.
Depuis le début de cette flambée de violence, le Hamas a tiré plus d'un millier de roquettes en direction d’Israël et de sa capitale, Tel Aviv. L’État hébreu a de son côté lancé des raids aériens sur plus de 600 cibles dans la bande de Gaza. Ces affrontements ont causé de grandes pertes en vie humaine et en biens pour les deux parties.
Les statistiques complètes ne sont pas disponibles, mais selon des sources israéliennes et palestiniennes, plus d'un millier de personnes ont été blessées des deux côtés, et on compte plus de 100 morts, des Palestiniens pour la plupart.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies a tenu trois sessions d'urgence pour trouver une solution à ce conflit. Le secrétaire général Antonio Guterres a fermement condamné les attaques contre les civils et appelé Israël et le Hamas à faire preuve de retenue et à éviter tout acte susceptible d’aggraver le conflit à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza. Il a également appelé à une solution globale et durable sur la base de la coexistence des deux États. Cependant, l’escalade de violences n’en finit pas. Les appels au calme de la communauté internationale semblent être ignorés des deux côtés.
Les causes d'un conflit prolongé
Le statut de Jérusalem-Est reste l’une des principales causes du conflit israélo-palestinien. La ville sainte est en effet revendiquée comme capitale, ausi bien par Israël que par la Palestine. Cependant, la ville entière est actuellement sous contrôle israélien.
Pour rappel, après la guerre des Six jours de 1967, Israël a occupé Jérusalem-Est et a proclamé tout Jérusalem comme étant sa capitale, malgré l'opposition internationale de l'époque. Le Conseil de sécurité de l'ONU, lui, a adopté une résolution affirmant qu’il ne reconnaissait pas cette annexion et a depuis réaffirmé à plusieurs reprises cette position. En 1988, le Conseil national palestinien a de son côté proclamé l'indépendance de l'État de Palestine avec Jérusalem comme capitale. Les Accords d'Oslo, signés entre la Palestine et Israël en 1993, stipulent quant à eux que les deux parties doivent négocier pour obtenir un accord sur le statut de la ville sainte. Jusqu’à présent, 136 des 193 États membres de l'ONU ont reconnu l'État de Palestine avec Jérusalem comme capitale.
Le conflit israélo-palestinien est le conflit le plus long et le plus compliqué de l’histoire moderne, avec de nombreuses guerres sanglantes, mais le temps de panser les plaies n’est pas encore venu, pas plus que celui de la remise en question.