(VOVWORLD) - C’est le 2 septembre 1945 que le peuple vietnamien a
pour la première fois entendu parler de droits de l’homme, de la bouche du Président
Ho Chi Minh en personne, qui avait expressément tenu à ce qu’ils fussent
mentionnés dans la Déclaration d’indépendance. Les droits de l’homme allaient
par la suite être maintes fois mentionnés au Vietnam, notamment dans les
Constitutions de 1959, 1980, 1992, 2001 et 2013. Mais la Constitution de 1992 a
été la première à introduire, dans cette notion de droits de l’homme, la
liberté d’entreprendre.
Photo d'illustration
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Des
droits de l’homme à la liberté d’entreprendre
Cette Constitution stipulait en effet que les
citoyens seraient désormais libres d’exercer une activité commerciale ou
économique dans le respect des législations en vigueur. Si l’on tient compte
des contraintes posées par la politique de gestion économique qui prévalait
jusque là, force est de reconnaître qu’il s’agissait alors d’une avancée majeure. Mais la Constitution de 2013 allait aller
beaucoup plus loin encore en reconnaissant que la liberté d’entreprendre fait
partie des droits humains fondamentaux. Nguyen Van Cuong, directeur de
l’Institut des sciences juridiques au ministère de la Justice:
«Dans la mesure où la liberté d’entreprendre est
reconnue comme étant un droit humain fondamental, l’Etat se doit non seulement de
la respecter mais aussi de la garantir. C’est sa responsabilité de garantir
cette liberté qui est, pour les citoyens, un droit évident.»
L’entrée
en vigueur de la Constitution de 2013 a entraîné des modifications du droit des
affaires, modifications qui se sont traduites par la loi sur l’entreprise de
2014, mais aussi la loi sur l’investissement de 2014 qui a été ensuite amendée
en 2016. Afin de garantir la liberté d’entreprendre des citoyens, l’Etat a
décidé de simplifier les conditions et les procédures de délivrance de permis. Il
a aboli de nombreux critères qui étaient jusque là obligatoires pour la
création d’une société tout en élargissant l’autonomie des entreprises. Mais
surtout, pour la première fois, une liste complète des secteurs et des métiers
prohibés ou mis sous conditions figure dans une loi. Aux yeux des juristes, il
s’agit d’un progrès spectaculaire en termes de transparence politique. Cela
étant, les progrès ne se sont pas arrêtés là. Le Code civil de 2015 prévoit en
plus une protection du droit de la propriété ainsi que de la liberté
contractuelle des citoyens. Plus récemment, l’amendement en 2017 du Code pénal
de 2015 a conduit à la suppression du délit d’entreprise illégale, ce qui aura
pour effet d’élargir la liberté d’entreprendre.
Une liberté sans cesse élargie
Néanmoins,
force est de constater que cette liberté se heurte encore à de nombreux obstacles
posés notamment par une multitude de documents dont l’effet est juste inférieur
à celui d’une loi. Pour mieux intégrer le tissu économique mondial et accélérer
son développement, le Vietnam a choisi de promouvoir la liberté d’entreprendre.
Lors d’une récente réunion gouvernementale, le ministère du Plan et de
l’Investissement a ainsi proposé de supprimer près de 2000 critères qu’il juge
désuets, afin d’améliorer l’environnement des affaires, de réduire les frais
pour les entreprises, de les inciter à investir, à améliorer la productivité et
la compétitivité de l’économie nationale. Selon Phan Duc Hieu, directeur
adjoint de l’Institut central de gestion économique, il faudrait permettre à des
organismes indépendants de collaborer avec les ministères et les secteurs dans
la révision et la suppression des restrictions inutiles.
«Cela
veut dire qu’il revient toujours aux ministères et aux secteurs de réviser la
loi, mais l’organisme indépendant pourrait le faire aussi de son côté, puis les
deux parties passeraient devant un conseil spécialisé, un groupe de travail qui
ferait office d’arbitre. C’est le seul moyen permettant de mener une réforme
vraiment efficace. Cela étant, le gouvernement ou l’Assemblée nationale doit
avoir le dernier mot sur la modification du dispositif légal », a souligné Pham
Duc Hieu.
Cette
réforme s’inscrit dans les efforts du Vietnam visant à garantir la liberté
d’entreprendre, et in fine, à instaurer un environnement d’affaires sain et
transparent propice au développement national et à la promotion des droits de
l’homme.