(VOVWORLD) - Le G20 a officiellement accueilli l'Union africaine (UA) au sein de ses membres lors d'un sommet qui s'est tenu le week-end dernier à New Delhi, en Inde. Il s'agit d'une victoire diplomatique significative pour le continent africain en particulier, ainsi que pour les pays du Sud en général.
La séance d'ouverture du sommet du G20. Photo: ANI |
L'annonce de l'intégration de l'Union africaine a été faite par le Premier ministre indien, Narendra Modi, lors de la séance d'ouverture du sommet du G20, le matin du 9 septembre, dans la capitale New Delhi. L'Union africaine deviendra un membre permanent à part entière du G20 à partir du sommet de 2024, qui se tiendra au Brésil. Auparavant désignée en tant qu'"Organisation internationale invitée", l'UA jouit désormais du même statut que l'UE.
Victoire diplomatique pour l'Afrique…
Pour l'Union africaine, qui représente la quasi-totalité des pays africains (55 pays), cette adhésion marque une victoire diplomatique historique. Il y a sept ans, l'UA avait déjà soumis sa proposition d'adhésion au G20, qui avait été rejetée. Avant le sommet de New Delhi, seul un pays africain, l'Afrique du Sud, était membre du G20. Azali Assoumani, président des Comores et également président de l'Union africaine, a affirmé que l'adhésion de l'UA corrigeait une injustice. Avec ses 55 pays membres, une population de 1,4 milliard d'habitants et un PIB total d'environ 3.000 milliards de dollars, l'Union africaine mérite d'avoir sa voix au sein de cette organisation qui rassemble les plus grandes économies du monde.
"L'intégration de l'Union africaine, regroupant 55 pays membres et disposant d'un PIB de mille milliards de dollars, constitue une victoire diplomatique significative. L'Afrique sera désormais mieux représentée au sein du G20, le principal forum de coopération économique internationale," dit Azali Assoumani.
Dans son invitation, le Premier ministre indien Narendra Modi a affirmé que l'inclusion de l'Union africaine en tant que membre permanent était un pas en avant vers une architecture de gouvernance mondiale plus équitable, inclusive et représentative.
De nombreux pays membres du G20 ont exprimé leur soutien à l'adhésion de l'Union africaine. Avant ce sommet, l'Allemagne a mené une campagne en faveur de l'acceptation de la demande de l'Union africaine. Le président américain Joe Biden a quant à lui qualifié cet événement de "très attendu". En effet, lors du sommet du G20 en 2022 en Indonésie, le locataire de la Maison Blanche s'est prononcé en faveur de l'adhésion de l'Union africaine au G20.
Le Premier ministre indien, Narendra Modi (gauche) et le président des Comores, également président de l'Union africaine, Azali Assoumani. Photo: AFP |
…et pour les pays du Sud
Le président kényan, William Ruto, a estimé que le statut de membre à part entière permettrait à l'UA d'influencer le processus décisionnel du G20, en particulier en ce qui concerne les politiques directement liées aux intérêts de l'Afrique, telles que la réponse au changement climatique, la réduction de la dette pour les pays pauvres et la réforme des institutions financières internationales multilatérales.
Selon Emmanuel Igah, politologue nigérian, l'intégration de l'Union africaine au G20 reflète la reconnaissance du rôle croissant des pays du Sud dans la résolution des questions économiques et géopolitiques mondiales.
Toujours selon lui, l'Afrique détient des atouts particulièrement importants en termes de population et de ressources naturelles. Le continent africain compte actuellement près de 1,4 milliard d'habitants, la majorité étant des jeunes. Ce chiffre devrait doubler d'ici 2050, ce qui représentera un quart de la population mondiale. L'Afrique possède à elle seule 60% des ressources énergétiques renouvelables de la planète, ainsi que 30% des réserves minérales essentielles pour les technologies à faibles émissions de carbone que le monde développe pour faire face au changement climatique. En conséquence, la voix de l'Afrique aura un poids significatif en tant que membre permanent du G20.
"Ce nouveau statut apportera d'énormes avantages à l'Afrique, notamment en ce qui concerne le prix des matières premières. Jusqu'à présent, les matières premières africaines étaient souvent vendues à des prix très bas, alors que leurs principaux importateurs sont membres du G20. Toutefois, il est essentiel que l'Afrique parle d'une seule voix. Les divisions internes pourraient avoir des conséquences néfastes pour l'ensemble du continent", a souligné Emmanuel Igah.
Pour les observateurs, la victoire diplomatique de l'Afrique lors du sommet du G20 est un signe puissant de l'ascension croissante des pays du Sud, notamment les nations en développement d'Afrique, d'Asie et d'Amérique latine. Cette perception est partagée par Lula da Silva, président du Brésil, le pays qui assurera la prochaine présidence tournante du G20. Selon le chef de l'État brésilien, lors du prochain Sommet du G20 qui se tiendra au Brésil l'année prochaine, la voix des pays du Sud sera encore plus influente.
Avec l’adhésion de l'Union africaine, le G20 comprend désormais 19 pays et 2 organisations internationales: Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, France, Allemagne, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Russie, Arabie Saoudite, Afrique du Sud. République de Corée, Turquie, Royaume-Uni, États-Unis, Union européenne et Union africaine.