(VOVWORLD) - Sous le thème "Le leadership de l’Asie dans un monde instable", la 29e conférence internationale sur l’Avenir de l’Asie, organisée par Nikkei, le principal groupe de presse financière et économique du Japon, se tiendra les 23 et 24 mai à Tokyo, au Japon. Cette édition mettra l'accent sur le rôle du leadership asiatique dans un contexte mondial en pleine mutation, marqué par l'instabilité géopolitique et la crise climatique. La conférence, l'un des principaux forums annuels de la région, abordera les questions socio-politiques d’Asie.
Krishna Srinivasan, directeur du département Asie-Pacifique du Fonds monétaire international (FMI). Photo: IMF/TTXVN |
Des risques économiques
Depuis sa première édition en 1995, la conférence sur l’Avenir de l’Asie offre une plateforme d'échanges où hommes politiques, chefs d’entreprise et experts de la région Asie-Pacifique peuvent discuter ouvertement des enjeux régionaux et du rôle de l’Asie dans le monde. L'édition 2024 prévoit des débats sur divers sujets tels que la coopération régionale pour le développement des écosystèmes numériques, les efforts de l’Asie pour parvenir à l'objectif de zéro émission nette, le rôle du Japon, des États-Unis et de la République de Corée dans la sécurité de l’Asie du Nord-Est, ainsi que les perspectives économiques de la région face aux fortes fluctuations mondiales.
Dans sa mise à jour du rapport sur l'économie mondiale pour l'année 2024, publiée le 16 mai dernier, l'ONU affiche un optimisme quant aux perspectives économiques de l’Asie, en particulier de l’Asie de l’Est, qui englobe à la fois l’Asie du Nord-Est et l’Asie du Sud-Est. Selon ce rapport, la croissance des économies de l’Asie de l’Est devrait atteindre 4,6% cette année, suivie d'une prévision de 4,5% pour l'année 2025. Cette tendance est soutenue par une forte demande intérieure dans la région, un redressement continu du secteur du tourisme, ainsi que des signes d'amélioration dans les exportations de marchandises. Dans ses prévisions publiées en avril dernier, Krishna Srinivasan, directeur du département Asie-Pacifique du Fonds monétaire international (FMI), a également exprimé des perspectives similaires.
"La dynamique de croissance observée dans les économies asiatiques au second semestre de l’année dernière se poursuit cette année. L'économie asiatique devrait enregistrer une croissance de 4,5% en 2024, soit une augmentation de 0,3 point par rapport aux estimations d'octobre 2023. Dans l'ensemble, l’Asie devrait contribuer à hauteur de 60% à la croissance mondiale cette année".
Cependant, plusieurs experts ont mis en garde contre les nombreux risques pesant sur les économies asiatiques, notamment la prolongation de la hausse des taux d’intérêt dans certaines grandes économies mondiales. Selon Koichi Fujishiro, économiste à l’Institut japonais de recherche sur la vie de Dai-ichi, la montée du dollar américain, résultant du maintien de taux d'intérêt élevés par la Réserve fédérale américaine (FED), a des répercussions négatives sur de nombreux pays asiatiques fortement dépendants des importations d'énergie et de denrées alimentaires. Par conséquent, les politiques économiques et monétaires plus indépendantes de l’Asie devraient être au cœur des discussions de la 29e conférence internationale sur l’Avenir de l’Asie, comme l'a souligné Tauhid Ahmed, directeur exécutif de l’Institut indonésien de développement économique et financier.
"En effet, le gouvernement indonésien a déjà entamé la mise en œuvre de certaines politiques de dédollarisation. Le principal défi réside dans l'adoption de l’utilisation de la monnaie locale dans les transactions commerciales et de services. Par exemple, l’Indonésie, la Malaisie et Singapour pourraient envisager d'utiliser leurs monnaies nationales ou la roupie indonésienne, au lieu du dollar américain, dans leurs échanges commerciaux. Les transactions avec la Chine pourraient être libellées en yuan chinois."
Les risques liés au changement climatique
Outre les discussions sur l'économie, les technologies et la sécurité, la promotion de mécanismes communs entre les pays asiatiques pour faire face au changement climatique devrait occuper une place prépondérante lors de la conférence de cette année. Cette question revêt une urgence particulière, comme en témoigne un rapport publié le 23 avril par l’Organisation météorologique mondiale, soulignant que l'Asie a été la région la plus durement touchée par les catastrophes naturelles en 2023. Le rapport indique que 79 catastrophes associées à des aléas hydrométéorologiques ont été signalées en Asie en 2023, dont plus de 80% étaient des inondations et des tempêtes ayant entraîné plus de 2.000 décès.
Le continent asiatique se réchauffe à un rythme plus rapide que la moyenne mondiale. Juste avant la conférence, l’Asie a enregistré le mois d'avril le plus chaud de son histoire, avec des vagues de chaleur intenses touchant l’Asie du Sud (Inde, Bangladesh) jusqu’à l’Asie de l’Est (Thaïlande, Philippines, Vietnam), tandis que des inondations graves ont frappé la Chine, les Émirats arabes unis, Oman et l'Afghanistan. Selon le climatologue thaïlandais, Petch Manopawitr, le changement climatique pourrait rendre certaines zones en Asie inhabitables.
"L’hypothèse de terres inhabitables se profile car nous pourrions ne pas être en mesure de nous adapter à la chaleur actuelle. Nous pensons pouvoir nous habituer au temps chaud, mais avec les températures élevées actuelles et les périodes d’ensoleillement intenses et prolongées, je pense que nous devons avertir les gens de ce risque".
La présence à cette conférence de dirigeants de pays confrontés à des vagues de chaleur importantes, tels que les Premiers ministres malaisien Anwar Ibrahim et thaïlandais Srettha Thavisin, ainsi que le vice-Premier ministre cambodgien Sun Chanthol, devrait permettre aux discussions sur la crise climatique asiatique d'attirer davantage l'attention de la communauté internationale.