(VOVWORLD) - Ce mardi 7 août, la première vague de sanctions américaines contre l’Iran entre en vigueur. Le retour des mesures visant à asphyxier économiquement Téhéran a pour but de forcer le régime à changer ses positions au Moyen-Orient. Cependant, de l’avis des analystes, leur efficacité réelle reste encore à discuter.
Photo d'illustration
|
Après le retrait américain de l’accord historique sur le nucléaire iranien conclu en 2015, Washington réimpose des sanctions à l’encontre de Téhéran. Les premières prennent effet dès ce mardi pour une durée de 90 jours. Elles concernent le commerce de logiciels industriels et de matières premières, dont le charbon, l’or ou d’autres métaux, mais aussi l’acquisition de dollars et les transactions financières. L’interdiction portera également sur les importations de tapis persans et de denrées alimentaires. Une deuxième phase prévue pour début novembre devrait cibler les secteurs pétrolier et bancaire.
Un coup dur de Washington
Pour l’Iran, ces sanctions devraient peser lourdement sur son économie déjà affaiblie par la crise et l’inflation. La chute vertigineuse de la devise, le rial iranien, assombrit davantage le tableau. Cette précarité économique se manifeste dans la société par l’écart qui se creuse entre riches et pauvres ou par l’instabilité politique grandissante à cause de manifestations sporadiques, entre autres. La prévision de croissance annuelle du FMI, de 4%, apparaît désormais inatteignable. En effet, les sanctions américaines devraient faire plonger ce chiffre sous le seuil des 2%.
Le secrétaire d’État américain Mike Pompeo a affirmé que Washington ferait respecter ces sanctions, qui, selon la Maison Blanche, auraient pour but de « mettre une pression économique maximum » sur l’Iran.
Or, le retour des sanctions sera moyennement efficace pour faire changer la position de Téhéran au Moyen-Orient, à cause du manque de soutien international. Au contraire, il ne servira qu’à renforcer l’hostilité de l’Iran.
Les répliques de part et d’autre
En dépit des conséquences sur son économie, l’Iran estime ne pas devoir supplier les Américains. Afin de surmonter cette vague de sanctions, Téhéran a prévu d’assouplir sa politique de change pour tenter d’endiguer la chute de sa monnaie. Les bureaux de change sont désormais autorisés à se procurer des devises fortes, disponibles à un taux bonifié pour l’achat de produits de confort. Par ailleurs, Téhéran autorise les banques à accepter des comptes épargne en dollars pour les particuliers, afin d’inciter les Iraniens à injecter leurs réserves en devises fortes dans l’économie.
L’Union européenne, victime collatérale des sanctions américaines contre l’Iran, s’inquiète elle aussi des répercussions sur son économie. Simultanément aux sanctions américaines, Bruxelles met en vigueur ce mardi une loi pour éviter aux entreprises européennes de subir leur contrecoup. Le ministère allemand de l’Economie s’est de son côté engagé à protéger ses entreprises qui font des affaires légitimes avec l’Iran.
La réaction européenne entraîne certainement une perte d’efficacité des sanctions américaines.
Conscients de cette réalité, les États-Unis laissent toujours une porte ouverte aux négociations avec l’Iran à propos des essais de missiles balistiques ou du soutien des groupes rebelles présents dans la région. Néanmoins, l’attitude de Washington, qui se manifeste par le retrait de l’accord nucléaire et qui joint les négociations aux sanctions, épuise la confiance de Téhéran. Les autorités iraniennes affirment ainsi qu’il serait insensé de négocier avec l’administration Trump.