(VOVWORLD) - Organisé ce vendredi en visioconférence, le 23e sommet entre l’Union européenne et la Chine devrait être axé sur la crise russo-ukrainienne. Il faut dire que Bruxelles et Pékin veulent relancer leur relation économique, fragilisée justement par le conflit en Ukraine.
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Les responsables européens et chinois doivent débattre de l’état des relations bilatérales, mais aussi de domaines d’intérêt commun tels que le changement climatique, la transition numérique, le redressement économique post-Covid-19 et les conflits actuels. En dehors de la crise en Ukraine, ils doivent aussi aborder la question des litiges commerciaux avec la Lituanie, et les problématiques liées au Xinjiang et à Taïwan.
Des défis majeurs
La Chine essaie de trouver un terrain d’entente avec l’Europe sur la manière de gérer ses relations avec la Russie. Pékin souhaite faire la part des choses en ne liant pas sa position sur la crise ukrainienne à l’avenir de ses relations avec l’Union européenne.
L’accord d’investissement signé fin 2020 entre la Chine et l’Union européenne reste pour l’instant lettre morte, la question de Taïwan constituant en l’espèce une véritable pierre d’achoppement. En 2021, les relations se sont en outre détériorées à cause des sanctions que se sont mutuellement infligés les deux parties, mais à cause du Xinjiang, cette fois. Aussi l’Union européenne a-t-elle demandé à la Chine de lever les sanctions qui pèsent sur les parlementaires et les universitaires européens, pour sortir de l’impasse le processus de ratification de l’accord d’investissement Union européenne-Chine.
À cela, s’ajoutent les litiges commerciaux entre Pékin et la Lituanie, État membre de l’Union européenne, qui ont amené cette dernière à intenter une action en justice contre la Chine auprès de l’Organisation mondiale du commerce.
L’Europe souhaite également que la Chine modifie ses législations en matière d’ouverture de son marché, de concurrence, de changement climatique et de protection de la biodiversité...
Pour stimuler la coopération et la confiance mutuelle
Malgré tous ces désaccords, il y a encore de l’espace pour le dialogue et la coopération entre l’Union européenne et la Chine. Les deux parties souhaitent toutes les deux relancer leur coopération, notamment au niveau économique. L’Europe ne veut pas entretenir de tension économique et diplomatique avec la Chine alors que le bloc est en pleine confrontation avec la Russie.
La Chine, elle, ne veut nuire à un partenaire commercial de première importance comme l’Union européenne, ni appliquer de politiques qui risqueraient de faire pencher l’Europe vers les États-Unis avec lesquels la compétition semble solidement instaurée.
Pékin attache une grande importance à ce sommet avec l’Union européenne. Dans la situation internationale actuelle, la Chine et l’Union européenne doivent s’employer à maintenir la paix et à promouvoir le développement des marchés chinois et européen, a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères. Les deux parties doivent renforcer les échanges stratégiques et la confiance mutuelle, mener un dialogue sur la base du respect et des avantages mutuels, a-t-il ajouté.
En effet, malgré des difficultés dans les relations politiques et diplomatiques, la coopération économique et commerciale entre la Chine et l’Europe continue de se développer. Le chiffre d’affaires des échanges commerciaux a atteint près de 700 milliards d’euros en 2021. Au cours des deux premiers mois de 2022, l’Union européenne a dépassé l’ASEAN pour devenir le premier partenaire commercial de la Chine après avoir perdu cette position en 2021. Le commerce bilatéral entre la Chine et l’Union européenne a augmenté de 14,8 % en glissement annuel, avec des échanges estimés à 137,16 milliards de dollars américains.
Josep Borrell, le responsable de l’Union européenne chargé de la politique étrangère et de sécurité. Photo: AVI |
Josep Borrell, le responsable de l’Union européenne chargé de la politique étrangère et de sécurité, a déclaré que ce sommet «est un moment important pour évaluer où en sont les relations avec la Chine». Le vice-président de la Commission européenne et commissaire au commerce de l’Union européenne Valdis Dombrovskis a quant à lui déclaré que ce sommet avec la Chine du 1er avril était une tentative de désamorcer les tensions croissantes entre les deux parties.
Les experts, eux, n’attendent pas beaucoup de ce sommet. Ils se contentent de noter que le dialogue est maintenu et que les deux parties ont encore de vraies réserves de bonne volonté.