Tensions commerciales entre Tokyo et Séoul : influences sur l’économie régionale et mondiale

(VOVWORLD) - Dernièrement, les tensions commerciales entre la République de Corée et le Japon se sont accrues. Les économistes craignent des impacts croisés ainsi que des répercussions à l’échelle régionale et mondiale.

 

 

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Les tensions entre Séoul et Tokyo existent depuis longtemps mais elles ont été ravivées lorsque le gouvernement nippon a mis en place le 4 juillet dernier une restriction d'exportations vers la République de Corée. Trois matériaux cruciaux dans la fabrication de semi-conducteurs et d'écrans sont concernés, à savoir le polymère fluoré, la résine photosensible et le fluorure d'hydrogène. Ces matériaux, parce qu’indispensables à la fabrication d’appareils électroniques, affectent un pilier de l’économie sud-coréenne qui se retrouve paralysé, dans l’incapacité de produire. La raison invoquée pour cette restriction est de nature historique et remonte à la deuxième Guerre mondiale, durant laquelle les industries japonaises avaient enrôlé de force des travailleurs coréens au service de l’effort de guerre.

En 1965, un traité a été signé entre les deux pays, et le Japon avait alors versé une indemnisation colossale à son voisin coréen, à hauteur de 25% des réserves nippones en devises étrangères, soit 300 millions de dollars. Tokyo considère donc la question comme résolue. Or, en 2018, la Cour suprême sud-coréenne a ordonné aux deux géants japonais Nippon Steel & Sumitomo Metal et Mitsubishi de dédommager des Sud-Coréens victimes de travail forcé pendant la Seconde guerre mondiale. La décision a été fermement condamnée par Tokyo, qui a répondu qu'en exigeant une indemnisation supplémentaire, Séoul violait le droit international. Toutefois, selon le président sud-coréen Moon Jae-in, cet accord laisserait toujours la possibilité de déposer une plainte contre les entreprises japonaise et que de fait, le dernier verdict devrait être respecté.

Aucun signe de concession

Les dernières réunions effectuées pour apaiser les tensions n’ont abouti à aucun résultat positif. Séoul a appelé Tokyo à retirer immédiatement sa restriction sur les exportations de matériaux clés pour la fabrication de semi-conducteurs. Les officiels sud-coréens ont également déclaré qu'il était regrettable que Tokyo n'ait pas fourni d'explication complète ou de notification préalable avant de mettre en œuvre la restriction. De son côté, le Japon a affirmé n’avoir reçu aucune proposition de la République de Corée en faveur d’un apaisement.

La République de Corée, dont les principaux produits d'exportation comprennent les semi-conducteurs et les smartphones, dépend à plus de 90% du Japon pour ses approvisionnements en polymère fluoré et résine photosensible, et à 44% pour le gaz de gravure. Les pertes pour l’industrie des semi-conducteurs et des écrans seront donc inévitables. Mais l’impact pourrait même être mondial, puisque les constructeurs coréens de puces électroniques, tels que Samsung, SK Hynix et LG Electronics représentent plus de 70% de la production de la planète. Le président sud-coréen Moon Jae-in a promis de ne pas succomber à la pression économique exercée par le Japon, avertissant que Tokyo subira des dommages économiques plus importants si l'impasse commerciale devait se poursuivre. A Séoul, tous les supermarchés et un grand nombre de consommateurs ont commencé à boycotter les produits japonais.

Répercussions sur le marché mondial des technologies

Le Japon, leader dans la production de ces substances, mène donc la danse car en amont de la République de Corée, premier producteur mondial de puces utilisant ces matériaux. Les entreprises sud-coréennes auront des difficultés à se fournir ailleurs rapidement. Cela signifie aussi que le différend pourrait avoir des répercussions au niveau mondial sur le marché des technologies.

La Fédération des industries coréennes (FKI) a appelé lundi 15 juillet le Japon à retirer le renforcement de ses contrôles sur les exportations de produits de haute technologie vers la République de Corée afin d'empêcher que cette mesure ne nuise aux chaînes d'approvisionnement mondiales. Avec le renforcement des réglementations, les fabricants sud-coréens de puces mémoire comme Samsung Electronics Co. risquent de voir leur production perturbée alors que les puces et écrans coréens sont expédiés vers les Etats-Unis, l'Union Européenne et la Chine pour la fabrication de produits de haute technologie, a noté la FKI. D’où l’enjeu mondial. Cependant, les grandes sociétés japonaises comme Sony, Panasonic ou encore Toshiba importent aussi des puces et écrans de fabrication sud-coréenne, et ne pourront pas sortir indemnes en cas de conflit commercial prolongé entre Séoul et Tokyo.

La République de Corée mise aussi sur l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Elle menace de recourir à la justice de l'OMC et compte mettre le sujet sur la table du conseil général de l'organisation les 23 et 24 juillet. En réponse, le Japon a menacé d'étendre encore ses restrictions d'exportations vers son voisin.

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