(VOVWORLD) - Le don ca tai tu est un art musical typique du Sud Vietnam
qui a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Bac Liêu passe pour être
le berceau de cet art. C’est en effet dans cette province qu’ont été formés les
plus grands maîtres durant le 20e siècle.
Le don ca tai tu - Photo bienphong.com.vn
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Né à la fin du 19e siècle d’une combinaison
entre musique rituelle, musique de cour et littérature folklorique, le don ca tài
tu est devenu un art très prisé au début du 20e siècle. De nombreux
groupes sont apparus dans tout le Sud du Vietnam. Dans la province de Bac Liêu,
le musicien le plus connu était Lê Tài Khi (1870-1948). Fondateur de la
première formation de musique rituelle de la province, il restera surtout pour
les générations suivantes le « fondateur ultérieur » du don ca tài
tu, pour avoir rénové et vulgarisé les vingt oeuvres originelles du répertoire.
Vers les années 1930, la plupart des grands maîtres du don
ca tài tu étaient d’anciens élèves de Lê Tài Khi. Parmi eux, un certain Cao Van
Lâu, auteur de la célèbre Da cô hoài lang, une chanson connue de tous les
Vietnamiens, qui dépeint les états d’âme d’une femme seule dans la nuit, qui
pense à son mari parti au front.
A cette époque, le répertoire des artistes du don ca tài tu
était essentiellement composé de ces 20 œuvres originelles, sur lesquelles les
artistes de Bac Liêu se sont amusés à écrire de nouvelles paroles. Cette
tradition se perpétue jusqu’à aujourd’hui, nous affirme Dô Ngoc An, un musicien
de Bac Liêu.
« Moi, j’ai écrit de nouvelles paroles sur les 20 airs
originels. Il m’est arrivé d’écrire trois ou quatre poèmes sur un seul air, et
je suis fier aujourd’hui d’être l’auteur d’une centaine de chansons de don ca
tài tu », confie-t-il. « Les thèmes qui me tiennent le plus à cœur
sont la terre et les hommes, mais aussi des thèmes socioculturels comme
l’instauration de la nouvelle ruralité et l’édification de familles
heureuses. »
Photo bienphong.com.vn |
Dô Ngoc An fait partie des 500 artistes de don ca tài tu
que compte la province de Bac Liêu. Comme lui, la plupart de ses confrères sont
issus de familles au sein desquelles la tradition du don ca tài tu se transmet
de génération en génération. Ils ont formé 70 clubs qui se produisent partout
dans la province. Il faut savoir qu’à Bac Liêu, il n’y a pas de fête sans don
ca tài tu, qui est un art ouvert à tous. Ceux qui savent jouer d’un instrument
de musique en jouent et ceux qui savent chanter chantent. Jouer faux ou chanter
faux n’a rien de grave. On recommence, encore et encore, jusqu’à une maîtrise
suffisante pour pouvoir se produire dans les festins de toutes sortes.
«Bac Liêu a vu naître des clubs de don ca tài tu au niveau
des villages, des districts, des bourgs et de la province. Et il existe même un
budget local pour le fonctionnement de ces clubs et notamment pour l’écriture
de nouvelles paroles. Le don ca tài tu attire de plus en plus de monde», affirme
Tu Duy Doàn, un musicien.
A Bac Liêu, désormais, un village ne sera certifié
« village culturel » que s’il dispose d’au moins un club de don ca
tài tu.