(VOVWORLD) - Au Vietnam, nombreux sont les cafés qui bannissent le plastique à usage unique. En agissant ainsi, ils font coup double: ils font un geste pour l’environnement tout en éveillant les consciences…
Des pailles réutilisables à la boutique "A little leaf " (photo: Dang Duong)
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Midi au café Kê hoach nho, dans le vieux quartier de Hanoï. L’atmosphère est agréable. Les clients qui sont là - une bonne dizaine - savourent des boissons fraîches. Sur les tables, aucun gobelet en plastique: on ne voit que des récipients en verre, en acier, en bois ou en céramique. Pour Vu Ngoc Long, qui est le maître des lieux, c’est un choix délibéré.
«Le plastique ne cadre pas avec notre concept. L’idée de base, c’était de créer un endroit stylé et respectueux de l’environnement… », nous explique-t-il.
Toujours dans le vieux quartier, le café Câm est un lieu très prisé des amateurs de musique. Mais là encore, le plastique est persona non grata, comme nous le confirme bien volontiers Nguyên Đang Đuc Minh, qui est avec Pham An, l’un des deux concepteurs de l’endroit.
«Le plastique, on peut très bien s’en passer, après tout. Ici, on ne vend pas de boissons à emporter, ce qui nous évite d’avoir à en utiliser, et c’est très bien comme ça!», nous dit-il.
L’écologie…
Ces deux établissements ne sont pas des cas isolés. Le plastique à usage unique tend à disparaître des cafés, aussi bien à Hanoï qu’à Hô Chi Minh-ville, au profit de matériaux respectueux de l’environnement.
Ça coûte plus cher que le plastique, nous feront remarquer les adeptes des idées courtes… À Kê hoach nho, par exemple, les tasses, les verres et les pailles réutilisables ont une espérance de vie relativement faible: les verres sont souvent cassés et les pailles doivent être changées après quelques semaines… Mais qu’à cela ne tienne… Avec de la vaisselle usagée on peut très bien faire des objets décoratifs, qui ont un petit côté «de bric et de broc» qui est très tendance…
«Ces objets-là, je trouve qu’ils donnent une âme à notre café. Alors même si ça coûte un peu cher au départ, ça en vaut la peine», estime Vu Ngoc Long.
Bingo, si l’on en juge par la fréquentation: une cinquantaine de clients par jour, en moyenne, pour Kê hoach nho, et environ 70 pour Câm… Même constat à Hô Chi Minh-ville, où les cafés qui misent sur l’exclusion du plastique attirent les foules.
«Pour moi, bannir le plastique à usage unique relève de l’évidence», nous confie Duong Duc Toàn, un étudiant. «J’emporte toujours avec moi ma propre bouteille et mes propres pailles réutilisables. Comme ça, pas de plastique !»
Au café "Thinker & Dreamer" à Hô Chi Minh-Ville (photo: Dang Duong)
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… une bonne affaire
Le plastique perd donc du terrain, ce qui est une bonne nouvelle, et pas seulement pour l’environnement, mais aussi pour les fournisseurs d’objets réutilisables ou recyclés, qui se frottent les mains.
À Hanoï, A little leaf fait partie de ces fournisseurs avisés. Lancée en 2017 dans une petite salle de la rue Xa Đàn, la marque possède maintenant deux grandes boutiques à Hanoï et Hô Chi Minh-ville. Celles-ci proposent des ventes à la fois en ligne et sur place, et offrent une réelle diversité de choix. C’est en tout cas ce qui ressort des propos de Nguyên Ngoc Quỳnh, qui est à la tête de l’une de ces boutiques.
«On vend surtout des pailles réutilisables : environ 500 par semaine», détaille-t-elle. «Mais les verres et les bouteilles partent bien, aussi»
Toujours d’après Nguyên Ngoc Quỳnh, la communauté des fournisseurs d’objets réutilisables ou recyclés est particulièrement conviviale, tout à fait exempte de concurrence ou de compétitivité, comme si le fait d’œuvrer à un meilleur environnement suggérait des relations humaines apaisées… Et pourquoi pas, après tout ?
An Dang, lui, est le fondateur de Sap hàng chàng sen. Cette boutique, qui a ouvert ses portes en 2016, approvisionne désormais de nombreux cafés et restaurants.
«On vend chaque semaine de 4.000 à 6.000 pailles en plante herbacée, uniquement aux restaurants et cafés de Hanoï. Pour les pailles en papier ou en métal, c’est entre 5.000 et 8.000, et pour les boîtes en bagasse, environ 10.000», constate An Dang.
Chaque mois, non contente d’avoir su fidéliser sa clientèle, Sap hàng chàng sen ajoute un à deux restaurants ou cafés à son escarcelle. Si ce n’est pas une réussite, ça !
Haro sur le plastique, donc! Certains esprits chagrins nous diront que c’est très bobo, ce qui n’est pas tout à fait faux… Il n’empêche. Il ne s’agit pas que de changer de matériau. Il s’agit avant tout de changer notre façon de consommer et d’oeuvrer, par un geste somme toute simple, à un mieux-être général…