Celui qui a ressuscité le village de la soie de Van Phuc

(VOVWORLD) - Van Phuc est aujourd’hui le village de la soie le plus connu de Hanoï, voire du Vietnam. Pourtant, dans les années 1970-1980, il a bien failli disparaître et c’est en partie grâce à Pham Khac Hà, un ancien combattant qu’il a pu renaître de ses cendres. Né en 1953, ce passionné est issu d’une famille où le métier de tisseur est transmis depuis cinq générations.
Celui qui a ressuscité le village de la soie de Van Phuc - ảnh 1Pham Khac Hà

En 1977, Pham Khac Hà, alors soldat, revient dans son village natal. Le Vietnam vient juste de sortir de la guerre. Le pays est exsangue, les produits se vendent mal. La plupart des familles du village souhaitent abandonner leur métier traditionnel. Certaines ont déjà vendu leurs métiers à tisser ou sont parties refaire leur vie ailleurs,  raconte Pham Khac Hà.

« A l’époque, il y avait une pénurie de matières premières. Faute de machines, les produits proposés par le village étaient très peu diversifiés. Les familles étaient regroupées en coopérative et il faut bien reconnaître que ce modèle économique basé sur une redistribution égalitaire des revenus n’a encouragé personne à faire des efforts ». 

Malgré cette ambiance morose, Pham Khac Hà a tenu bon. Décidé à préserver le métier ancestral, il a emprunté à gauche et à droite pour acheter cinq machines à tisser, faisant fi de la moquerie des uns et des autres qui le prenaient pour un têtu incorrigible…

Celui qui a ressuscité le village de la soie de Van Phuc - ảnh 2Les produits de Van Phuc - Photo Lan Anh/VOV5

En 1990, aidé par Triêu Van Mao, le maître-tisseur du village, Pham Khac Hà réussit l’œuvre de sa vie : reproduire la soie vân, un type de soie réservé autrefois à l’unique usage de la famille royale. Ce tissu qui fait la fierté du village de Van Phuc a deux particularités : il comprend à la fois des motifs imprimés et en relief et sa couleur change en fonction de la lumière.

En 1991, l’État décide d’ouvrir l’économie au secteur privé. Pham Khac Hà est le premier à saisir cette opportunité. Elu président de l’association des tisseurs du village, il encourage les adhérents à utiliser des machines pour réduire le coût de revient, à diversifier leurs modèles et à se rapprocher des boutiques de mode pour attirer une plus grande clientèle. Ses efforts payent.  Le village de la soie de Van Phuc redevient la référence qu’il était autrefois.

« En plus des métiers à tisser traditionnels, nous utilisons des machines semi-automatiques capables de fabriquer de plus beaux produits. Evidemment, certaines étapes du travail demeurent artisanales. Notre village compte aujourd’hui 268 métiers à tisser appartenant à 124 familles à la fois productrices et commerçantes. Nous produisons chaque année 1 million et demi de mètres de soie. Un atelier du village présente toutes les étapes de production aux touristes qui sont également invités à visiter le centre de préservation de la soie de Van Phuc, où ils peuvent trouver tous les produits représentatifs du village », précise-t-il.

Celui qui a ressuscité le village de la soie de Van Phuc - ảnh 3Photo Lan Anh/VOV5

Pham Khac Hà a été le premier à Van Phuc à imprimer sa marque sur ses produits. Cette astuce ayant permis de fidéliser et de rassurer la clientèle,  les autres tisseurs n’ont pas tardé à le copier. Artisan chevronné, il a aussi transmis son savoir-faire à de nombreuses personnes.

« J’ai formé beaucoup de gens et  depuis quelques années, je donne aussi des cours au centre de promotion industrielle et au bureau économique de l’arrondissement de Hà Dông », nous dit-il. « Récemment, l’association des tisseurs du village de Van Phuc a organisé un atelier de confection de vêtements. Mon idée est de proposer aux clients de réaliser leurs vêtements à partir de notre soie qu’ils apprécient tant. Nous allons également ouvrir prochainement des classes de langues étrangères pour faciliter la communication entre les villageois et les clients étrangers ».

A 67 ans, le vétéran de guerre Pham Khac Hà poursuit son nouveau combat : pérenniser la prospérité du village.

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