(VOVWORLD) - Direction le petit village de Ba Duong Nôi, en
banlieue de Hanoi pour découvrir la passion de ses habitants pour les
cerfs-volants. Ici, les cerfs-volants ont la particularité d’émettre des sons
qui proviennent des flûtes en bambou attachées sur leur armature. Nguyên Huu
Kiêm veille à ce que cette tradition millénaire se perpétue.
Le père de Nguyên Huu Kiêm, Nguyên Huu Ngo, était l’un des fabricants de
cerfs-volants les plus doués de la région. C’est donc tout naturellement qu’il
a transmis son goût pour ses drôles d’engins volants à son petit garçon. Devenu
adulte, Nguyên Huu Kiêm a profité de ses missions professionnelles aux quatre
coins du pays pour aller à la rencontre d’autres passionnés comme lui et
promouvoir ce savoir-faire ancestral. En 2004, il créé un club de cerfs-volistes
dans le village.
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«Lors de sa création en 2004, le club comptait
seulement quinze membres. Aujourd’hui, ils sont une trentaine à concevoir et à
confectionner des cerfs-volants. J’ai participé à l’organisation de la fête des
cerfs-volants dans le cadre des célébrations du Millénaire de la capitale en
2010. J’ai été nommé conseiller au Festival international de cerfs-volants à Vung
Tàu. J’ai également participé à la création du Centre national de préservation
de cerf-volant pour inciter l’État à reconnaître cet art comme patrimoine
culturel immatériel national», raconte-t-il.
Pour les villageois de Ba Duong Nôi, Nguyên
Huu Kiêm est un puits de science. Il connaît toutes les croyances associées au
cerf-volant et il est capable d’expliquer toutes les techniques de fabrication et
de vol, nous explique Phan Van Hà, un admirateur :
«Nguyên Huu Kiêm a eu le mérite de sauvegarder
le métier traditionnel de fabrication de cerfs-volants. En adhérant à son club,
les membres imaginent, dessinent et fabriquent des cerfs-volants sous son regard
bienveillant. Grâce à lui, cette tradition typique de notre village est connue
partout au Vietnam et à l’étranger. Son savoir-faire a dépassé les frontières
du Vietnam et il fait l’admiration des professionnels thaïlandais, malaisiens,
français et autres».
Si les cerfs-volants confectionnés dans le nord
du pays présentent la particularité d’être munis de flûtes sur leur armature,
seuls ceux fabriqués dans le village Ba Duong Nôi émettent les sons les plus
délicats. Comme les meilleurs musiciens, un bon cerf-voliste doit être capable
de transmettre son émotion dans la mélodie de son cerf-volant. Nguyên Huu Kiêm
explique :
«Ce type de cerf-volant n’existe qu’au
Vietnam. A chaque festival à l’étranger, les participants ont été impressionnés
par cette pratique unique au monde. Désormais, les organisateurs de festivals
souhaitent accueillir des cerfs-volistes vietnamiens car le spectacle sonore
est extraordinaire. Jadis, un cerf-volant ne pouvait supporter qu’une seule
flûte. Aujourd’hui, l’artisan est capable d’en poser entre sept et douze.
L’effet sonore est incroyable. Ça ressemble à une chorale».
Aujourd’hui âgé de 70 ans, la passion de Nguyên
Huu Kiêm pour les cerfs-volants est intacte et il continue inlassablement de promouvoir
ce patrimoine millénaire. En 2005, il a été consacré artisan émérite par le
président de la République. Un grand honneur car il est le seul créateur de
cerfs-volants du pays à avoir reçu ce titre.