Truong Thanh Tùng. Photo: NVCC

À 34 ans, Truong Thanh Tùng est auteur et coauteur de 40 recherches chimio-pharmaceutiques. Parmi les plus remarquables, on retient un médicament anti-VIH qui permet d’exclure complètement le virus du corps humain, ainsi qu’un produit antibactérien naturel stimulant la cicatrisation et capable de remplacer les antibiotiques. Un brevet pour le premier est en cours d’approbation auprès des autorités pharmaceutiques américaines et européennes, alors que le second est en période d’essai clinique.

En 2011, lorsqu’il était en dernière année à la Faculté de Pharmacie de Hanoï, Thanh Tùng a été publié dans un magazine scientifique recensé par Institute for Scientific Information (ISI), une célèbre base de données de publications scientifiques internationales. Un grand succès pour l’étudiant.

«J’ai réalisé une liste de nouveaux médicaments contre le cancer. À l’époque, aucun rapport lié à ce sujet n’avait été publié dans le monde. Au cours de ces recherches, mes collègues et moi avons trouvé certaines méthodes avantageuses pour le traitement du cancer. Ce travail a prouvé que, malgré le peu de moyens dont disposait le Vietnam à l’époque, un étudiant vietnamien pouvait tout à fait réaliser une recherche digne d’une publication internationale. Il n’existe donc aucun obstacle pour moi de poursuivre ma carrière de recherche», se souvient Thanh Tùng.

La même année, après avoir terminé ses études à la Faculté de Pharmacie, Thanh Tung se lance dans un master à l’Université nationale de Séoul, l’un des établissements universitaires les plus célèbres de République de Corée, avant de faire un doctorat à l’Université de Copenhague, au Danemark. Il a par la suite assisté plusieurs professeurs à l’Université de Pittsburgh, aux États-Unis, et a travaillé dans plusieurs autres pays, dont la Finlande, le Royaume-Uni et le Japon. Cette expérience internationale variée lui a valu une place dans le comité de rédaction de six revues scientifiques prestigieuses citées par ISI, dont BioOrganic & Medicinal Chemistry.

Truong Thanh Tùng. Photo: NVCC

En 2019, Thanh Tung décline plusieurs offres intéressantes à l’étranger pour revenir au Vietnam.

«Avant de revenir au Vietnam, j’étais aux États-Unis. Je me suis posé trois questions. ‘Ai-je acquis suffisamment de connaissances?’ À l’époque, je pensais que j’en avais assez. ‘Puis-je continuer de faire des recherches au Vietnam?’ En réalité, j’avais déjà effectué de nombreuses recherches au Vietnam avant de partir à l’étranger. De plus, les conditions techniques et technologiques au Vietnam étaient satisfaisantes. Et dernière question, ‘La vie scientifique au Vietnam me convient-elle?’ Si je voulais me concentrer dans les maladies transmissibles, les antibiotiques et les médicaments antiviraux, au Vietnam, tous ces domaines existaient. Comme toutes les conditions étaient réunies, j’ai donc décidé de rentrer au Vietnam pour servir mon peuple», explique-t-il.

Aujourd’hui, Thanh Tùng travaille à l’Université Phenikaa en qualité d’enseignant et de directeur du groupe de recherches de nouveaux médicaments de l’Institut de recherches éponyme. C’est lui qui a créé ce groupe en 2019 dans l’espoir de fabriquer des produits pouvant remplacer les antibiotiques. Il ambitionne d’apporter au monde des médicaments efficaces inventés par des Vietnamiens. 

«Si le Vietnam maîtrise la technologie chimio-pharmaceutique et peut synthétiser des composants nécessaires à la fabrication de médicaments, il sera alors capable de contrôler la totalité de la chaîne de production de ces médicaments. Cela permettra d’assurer la sécurité et l’autonomie sanitaires du Vietnam. Les Vietnamiens auront accès à des produits jusque-là ‘rares’ et de qualité à des prix abordables», affirme-t-il.

«Riche d’une expérience internationale variée et de vastes connaissances académiques, Tùng a une bonne vision et nous donne toujours des orientations pertinentes dans les recherches. Il peut parler pendant plusieurs heures sur des questions scientifiques. En plus de nous transmettre sa grande passion pour les recherches, il nous inspire également par son mode de travail méticuleux», partage Luong Xuân Huy, collègue de Thanh Tùng et membre de son groupe de recherches.

Fier d’être honoré parmi les dix figures emblématiques de la jeunesse vietnamienne de 2022, Thanh Tùng est plus que jamais motivé à poursuivre son travail et à ajouter sa pierre à l’édifice de la santé publique.