(VOVWORLD) - L’artiste du peuple Tuong Vi, l’une des figures emblématiques de la musique révolutionnaire vietnamienne, est décédée le 11 mai dernier à l’âge de 86 ans. De son vivant, elle était non seulement une artiste chevronnée, mais aussi une femme au cœur d’or qui venait en aide à de nombreuses personnes dans le besoin.
 L’artiste du peuple Tuong Vi. Photo: vov.vn |
Avec sa voix soprano coloratura et ses techniques parfaites, Tuong Vi était qualifiée par les professionnels comme étant une voix rare du Vietnam. Parmi ses nombreux tubes, "La jeune fille qui aiguise la pointe en bambou" est sans aucun doute le titre qui l’a rendue célèbre auprès du public et qui était associé à son nom depuis des décennies. Avec une voix résonnante que certains considéraient comme "meilleure que le chant des oiseaux", la version de "La jeune fille qui aiguise la pointe en bambou" interprétée par Tuong Vi est devenue un modèle classique pour toutes les générations de chanteurs vietnamiens qui ont suivi.
Tuong Vi est née en 1938 à Tam Ky, dans la province centrale de Quang Nam, au sein d'une famille dépourvue de tradition artistique. Elle a commencé à apprendre le chant en 1956. Après avoir suivi une formation au Conservatoire de Hanoï, elle a poursuivi ses études au Conservatoire de Sofia, en Bulgarie. Pendant la résistance anti-américaine, les chansons enregistrées par Tuong Vi étaient souvent diffusées sur les ondes de la Voix du Vietnam à l'intention des combattants et des populations dans les zones de conflit. En tant que membre d'une troupe musicale, elle s'est produite sur de nombreux champs de bataille, faisant ainsi partie de la première génération d'artistes à chanter pour les soldats blessés.
Artiste polyvalente, Tuong Vi pouvait interpréter des chansons de différents styles, allant des classiques aux airs folkloriques en passant par les chants révolutionnaires. Son style de chant transmettait l'enthousiasme et l'amour qu'elle éprouvait pour sa patrie.
 Tuong Vi et ses élèves orphelins. Photo: VOV |
Unanimement reconnue par ses pairs, Tuong Vi a parcouru de nombreux pays, dont l'Union soviétique, la Pologne, le Chili et Cuba, pour se produire. Elle a remporté de nombreux prix nationaux et internationaux, notamment la médaille d'or du Festival national des meilleures voix en 1962 et la médaille d'or du Festival international de musique de Sofia en 1968.
Tuong Vi a également composé de nombreuses chansons révolutionnaires telles que "Notre escadron part", "Ma patrie est la mer" ou encore "J’écoute le son de la vie". Elle a également écrit de la musique pour enfants, comme "La vie te donne des notes heureuses", "Mon cœur, ne sois pas triste" et "Le rêve du petit, c’est la paix".
Grâce à ses contributions, Tuong Vi a été nommée artiste émérite en 1984 et artiste du peuple en 1993. Son nom figure d'ailleurs dans l'Encyclopédie militaire du Vietnam, publiée en 1996, ce qui est extrêmement rare pour les artistes.
Depuis sa retraite en 1992, Tuong Vi a ouvert des classes de chant pour les enfants orphelins, tout en créant trois centres de formation artistique pour les enfants handicapés, orphelins ou défavorisés à Hanoi, à Dà Nang et dans la province de Quang Nam, avec l'aide d'autres artistes et bienfaiteurs.
 Pham Thi Trâm Yên se recueille devant l'autel de Tuong Vi. Photo: VOV |
Des dizaines de milliers d'enfants ont ainsi bénéficié de cours de formation gratuits en chant, en utilisation d'instruments de musique et en composition musicale. Beaucoup d'entre eux sont devenus des artistes connus, dont Hà Chuong, un compositeur malvoyant, l'un des premiers jeunes à avoir bénéficié de l'aide de Tuong Vi, qui lui a même donné son nom d'artiste, Hà Chuong.
"Tuong Vi est comme une deuxième mère pour moi. Elle a joué un rôle extrêmement important dans ma carrière artistique et m'a soutenu depuis mes débuts", se souvient-il avec émotion.
Tuong Vi portait une attention particulière aux enfants orphelins, handicapés ou en difficulté, qui étaient pris en charge dans différents établissements à Dà Nang. Pham Thi Trâm Yên était l'un de ces enfants. Elle a bénéficié du soutien de Tuong Vi lorsqu'elle résidait au village d'Espoir, qui accueille des enfants orphelins, et même plus tard, alors qu'elle poursuivait ses études à l'École normale supérieure de Hanoi.
"Je fréquentais le Centre d'art destiné aux enfants défavorisés de Tuong Vi. Pour moi, elle était comme une deuxième mère. Le week-end, je venais chez elle partager un repas", raconte-t-elle.
Bien que Tuong Vi nous ait quittés, son nom demeure à jamais gravé dans le cœur du public et de ses collègues en tant qu'artiste talentueuse au cœur d'or.