Conférence de presse sur les résultats de la recherche franco-vietnamienne sur de nouvelles variétés de café dans les zones montagneuses du Nord-Ouest. Photo: Vân Anh/CVN

La caféiculture vietnamienne a connu un développement spectaculaire au cours des vingt dernières années grâce aux investissements importants accordés par le gouvernement en termes de recherche de bonnes variétés. À ce jour, le Vietnam est le deuxième exportateur mondial de café. Le défi du secteur aujourd’hui est de ne pas se reposer sur ses acquis. En décembre 2019, plus de 3.000 hectares de café ont été endommagés par une vague de froid sans précédent dans la province de Son La, une conséquence du changement climatique.

«Le café, qui est une ressource économique majeure, est lui-même très fortement impacté par le changement climatique. Un certain nombre de variétés cultivées depuis longtemps ne sont plus adaptées et leur rendement baisse rapidement», a déclaré Nicolas Warnery, ambassadeur de France au Vietnam.  

Depuis 5 ans, dans le cadre de deux projets Breedcafs et Asset financés par l’Union européenne et l’Agence française pour le développement, le CIRAD et plusieurs instituts de recherche vietnamiens et européens se sont impliqués dans l’introduction et le suivi de nouvelles variétés de café Arabica dans le Nord-Ouest Vietnam.

«Ces nouvelles variétés résistent mieux à la chaleur, sont plus productives et plus résistantes aux maladies et ont donc des rendements supérieurs. Elles sont moins utilisatrices d’engrais et de pesticides et donc plus économiques et plus écologiques», a indiqué Nicolas Warnery.

Des échantillons de café du projet Breedcafs. Photo: Vân Anh/CVN

Selon Pierre Marraccini, chercheur au CIRAD, les variétés sélectionnées et popularisées en Amérique centrale sont particulièrement bien adaptées à l’agroforesterie, car elles maintiennent un bon rendement sous couvert agroforestier. Leurs rendements élevés, 10 à 15% supérieurs au rendement moyen de la région, associés à une meilleure qualité en tasse, assurent une plus juste rémunération aux producteurs. Dào Thê Anh, vice-président de l’Académie des sciences agricoles du Vietnam, a salué les résultats satisfaisants apportés par les projets dans un délai relativement court.

«Auparavant, le Vietnam produisait et exportait principalement du café robusta. Nous n’avons pas encore d’investissements importants pour développer la culture de l’arabica. Ces projets constituent une opportunité pour le Vietnam de remplacer les anciennes variétés de café par de nouveaux hybrides plus adaptés au changement climatique que l’on prévoit dans les prochaines années. Ils permettront également de diversifier nos produits et d’améliorer la qualité de la filière de café du Vietnam», a souligné Dào Thê Anh.

Pour Nicolas Warnery, ces projets sont une illustration de la collaboration franco-vietnamienne dans le domaine agricole puisque c’est une opportunité pour les deux pays, mais aussi pour les producteurs vietnamiens et les consommateurs français. D’ici à 2025, c’est la moitié des 20.000 hectares de café qui doit être renouvelée dans le Nord-Ouest du Vietnam. Le processus d’accréditation de ces variétés, une fois achevé, permettra de les diffuser dans le pays, non seulement dans le Nord-Ouest, mais également dans la province du Lâm Dông, sur les Hauts plateaux du Centre.