L’architecture française en Asie-Pacifique

(VOVWORLD) - Pourquoi trouve-t-on de l’architecture française en Asie-Pacifique? C’est a priori du côté des historiens qu’il faut chercher la réponse… Force est de constater en tout cas que si architecture française - ou plus exactement «à la française» - il y a, cela ne date pas d’hier. Fruit d’un partenariat entre l’Institut Francophone International et les Presses Universitaires de Provence de l’Université d’Aix-Marseille, la revue de recherche interdisciplinaire «La francophonie en Asie-Pacifique» (FAP) a consacré un numéro entier à ce sujet.
L’architecture française en Asie-Pacifique - ảnh 1Photo: Duc Quy/VOV5

Emmanuel Cerise, qui travaille pour la coopération décentralisée entre la région Île-de-France et le Comité populaire de Hanoi, est le directeur scientifique de ce fameux numéro, intitulé «L’Architecture française en Asie-Pacifique». Il nous explique pourquoi il a choisi ce thème.   

«On peut citer trois raisons majeures à la présence de l’architecture française en Asie-Pacifique», nous dit-il. «Premièrement, bien évidemment, l’épisode colonial de la péninsule indochinoise explique à lui seul la majorité des édifices construits par des architectes français en Asie. Deuxièmement, historiquement toujours, il y a aussi des concessions françaises dans des villes chinoises, notamment à Shanghai, et des installations diplomatiques parfois très anciennes comme en Thaïlande, avec qui l’Europe entretient des échanges depuis très longtemps. Et aussi, dans une volonté de rayonnement international de la culture française: l’exportation contemporaine de l’architecture et de l’urbanisme comme un savoir-faire culturel».

Les articles et les travaux recherches présentés dans ce numéro permettent aux lecteurs d’avoir un panorama plus large sur l’architecture française dans la région.

«L’architecture coloniale française n’est pas homogène, ça n’est pas un style, c’est plutôt une architecture faite d’influences diverses avec comme résultat des formes vraiment très variées», précise Emmanuel Cerise. «Cette variété est due à une variété d’acteurs, de situations géographiques et de relations entre la France et les pays alors colonisés. Dans un sens, ce contexte, complexe, évolutif et dynamique, va donner une riche production architecturale, elle aussi très diverse, et qui va entrainer une réception tout aussi variée de la part des populations asiatiques».

Parmi les pourvoyeurs d’architecture occidentale pendant la période coloniale, l’église joue un rôle important. Dans la revue FAP, deux articles, celui d’Alain Guillemin et celui de Nguyên Dac Nhu Mai, présentent le patrimoine religieux catholique, construit pendant la présence française au Vietnam.

«Plusieurs bâtiments situés du Nord au Sud du Vietnam sont décrits à travers leur historique, leur technique de construction, mais aussi leur rôle dans la société d’alors, aux prises avec la culture judéo-chrétienne apportée par les occidentaux», indique le directeur scientifique du numéro. «En introduction, je mentionnais la réception et l’acceptation de l’architecture française en Asie… L’exemple des cathédrales de Hanoi et de Saigon, présenté dans l’article d’Alain Guillemin, est emblématique de l’appréciation de cette nouvelle architecture».

L’architecture française dite «coloniale» n’est pas homogène aussi parce que les architectes qui ont dessiné les bâtiments sont autant de personnalités différentes qui, via leur œuvres, tentent de véhiculer une vision, sur l’architecture, sur la ville, et parfois aussi sur la société où ils construisent. Il résulte de ces personnalités une architecture qui parfois intégrera l’influence culturelle locale, parfois au contraire s’en détournera ouvertement, parfois sera vecteur de modernité, parfois à l’inverse revendicatrice d’une identité dominatrice.

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