(VOVWORLD) - D’ici à 2050, notre planète devrait compter près de dix milliards d’habitants. Assurer une bonne nutrition, en quantité et en qualité, à tout le monde va devenir un défi gigantesque, et ce alors même que la sécurité alimentaire mondiale est déjà menacée par un grand nombre de facteurs. Force est de constater que le monde n’est pas prêt d’éradiquer la faim et qu’à cet égard, la pandémie n’a fait qu’aggraver les choses.
Photo: FAO
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Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), une personne sur neuf est sous-alimentée dans le monde. Pour la plupart d’entre elles, les victimes de la faim vivent dans un pays en développement, où 12,9 % de la population est sous-alimentée. C’est l’Asie qui est le continent ayant le plus de personnes souffrant de la faim: deux tiers de sa population totale. La malnutrition y est la cause de près de 45% des décès d’enfants de moins de 5 ans.
Photo: Ministère vietnamien de l'Agriculture et du Développement rural
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Selon Thibault Meilland, analyste à la FAO, il y a plusieurs facteurs qui expliquent cette hausse du nombre de personnes souffrant de la faim. «D’une part, la stagnation, voire la détérioration des conditions économiques dans de nombreuses régions, est à l’origine d’une augmentation de la pauvreté et de la sous-alimentation. Malgré la baisse de l’extrême pauvreté ces vingt dernières années, 10% de la population mondiale vit avec moins de 1,9 dollar par jour, particulièrement en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud. Certains pays sont particulièrement vulnérables et ne disposent pas de mécanismes de protection sociale permettant aux populations d’absorber ces choses. Par ailleurs, depuis quinze ans, on observe une fréquence accrue des événements climatiques extrêmes, souvent accompagnés de maladies qui touchent les exploitations agricoles», nous explique-t-il.
D’autres facteurs entrent directement en jeu, notamment la croissance démographique et l’urbanisation, mais aussi l’évolution des modes de consommation, les conflits et les caractéristiques topographiques particulières de certaines régions.
Photo: Ministère vietnamien de l'Agriculture et du Développement rural |
Pour remédier à la situation, des transformations majeures dans les systèmes agricoles, les économies rurales et la gestion des ressources naturelles seront nécessaires.
Photo: Ministère vietnamien de l'Agriculture et du Développement rural |
«Éliminer la faim et toutes les formes de malnutrition, c’est un objectif ambitieux, mais atteignable, à condition qu’il y ait une volonté politique forte et également une action en commun pour s’attaquer aux causes profondes. Ces solutions doivent être structurelles, intégrer la dimension de sécurité alimentaire et de nutrition dans les efforts globaux qui visent à réduire la pauvreté et les inégalités. D’une part, les gouvernements doivent protéger les revenus et le pouvoir d’achat des populations les plus vulnérables en mettant en place des programmes de protection sociale qui sont adaptés. D’autre part, les gouvernements peuvent investir de manière stratégique sur le plus long terme pour augmenter leurs capacités de résilience aux chocs, qu’il s’agisse de chocs climatiques ou de chocs pandémiques par exemple», propose Thibault Meilland.
Photo: Ministère vietnamien de l'Agriculture et du Développement rural |
Les nouvelles technologies ont également un rôle à jouer dans le système alimentaire. Les capacités d’innovation sont essentielles non seulement pour garantir une alimentation nutritive, mais aussi pour tirer parti de l’agriculture et du système alimentaire en général. C’est ce qui ressort des propos d’Ismahane Elouafi, scientifique en chef à la FAO.
Ismahane Elouafi, scientifique en chef à la FAO | Photo: FAO
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«Les technologies nouvelles et émergentes jouent un rôle croissant dans la production alimentaire, le traitement post-récolte, la transformation, l’emballage et le traitement sanitaire. L’une des principales technologies que nous devons utiliser correctement est le séquençage du génome entier et également l’édition de gènes. Cette technologie nous permet de mieux comprendre la surveillance épidémiologique, les tests alimentaires, le suivi et les enquêtes sur les épidémies. Nous devons utiliser davantage d’intelligence artificielle et d’emballages intelligents qui peuvent garantir que les aliments sont authentiques, sûrs et de bonne qualité, du niveau de la ferme au consommateur», nous dit-elle.
Il convient donc, pour garantir la sécurité alimentaire, de passer de la science à l’action, au profit des populations, des économies et de l’environnement.