(VOVWORLD) - Autrefois, les Ngai se mariaient en respectant les voeux de leurs parents. Aujourd’hui, ils sont libres de choisir leur conjoint ou conjointe. Bien des choses ont changé dans cette communauté ethnique vivant au pied des monts Cai et Hôt, 100 ans après l’arrivée de ses pionniers issus des familles Trân, Thâm, Diêp et Lâm. Mais bien des traditions aussi sont restées plus ou moins intactes, ne serait-ce que dans leurs pratiques nuptiales.
Direction Tam Thai, le principal village Ngai de la province septentrionale de Thai Nguyên.
Photo d'illustration
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La saison des mariages Ngai commence au dixième mois et se termine au troisième mois de l’année lunaire suivante, ce qui revient à dire qu’elle englobe l’hiver et le printemps.
Un mariage typique se déroule en cinq étapes: vérification de la compatibilité des deux signes astrologiques, proposition, demande, noce et retrouvailles entre la mariée et ses parents.
La tradition exige que ce soit à la famille du garçon de prendre l’initiative. Celle-ci doit demander à un proche d’apporter des cadeaux à la famille de la fille pour proposer le mariage, d’après ce que nous indique Thâm Dich Tho, un Ngai.
«C’est une de mes tantes qui a servi d’entremetteuse pour mon mariage», nous raconte-t-il. «Elle a accepté de tenir ce rôle après avoir vérifié la compatibilité de nos signes astrologiques. Elle a été la première personne de notre famille à se rendre chez ma future épouse pour parler avec ses parents. Ce n’est qu’après avoir reçu le feu vert de ceux-ci que mes parents et moi nous sommes rendus chez eux pour discuter du jour de demande de la main».
Si les signes astrologiques des deux prétendants s’avèrent compatibles, l’entremetteur en informera les parents de la fille en leur apportant quelques petits cadeaux. Ceux-ci ont alors dix jours pour accepter l’union qui leur est proposée ou décliner l’offre en retournant les cadeaux. Si tout se passe bien, le jeune couple pourra se voir librement, pendant que l’entremetteur aidera les deux parties à choisir le jour de la demande de la main, qui intervient au plus tôt un mois et au plus tard trois mois après la vérification de la compatibilité des signes astrologiques, toujours d’après Thâm Dich Tho.
«Pour la cérémonie de demande de la main, ma famille a apporté un coq et une poule, deux sacs de riz et deux bouteilles d’alcool. Toit doit être par paire, puisque le mariage marque l’union de deux personnes», précise-t-il. «Les deux familles ont alors partagé un repas et se sont mises d’accord sur la date de la noce».
Le mariage Ngai dure deux jours. Le premier jour, la famille du marié apporte les cadeaux qui lui ont été demandés par l’autre famille lors de la cérémonie de demande de la main, et dont la liste a été écrite noir sur blanc. Sur tous les cadeaux est collé du papier rouge, couleur du bonheur, de la joie et de l’abondance. Le lendemain, le marié vient chercher sa belle. Sa délégation comprend l’entremetteur, son adjoint, un jeune homme portant une boîte de bétel et de noix d’arec, une demoiselle d’honneur portant un parapluie… et les autres, la famille et des amis.
La boîte de bétel et de noix d’arec bien installée sur l’autel des ancêtres, l’entremetteur déclare que l’union des deux jeunes gens est officiellement scellée. Après un beau festin offert par la famille de la mariée, celle-ci repart avec son mari.
«Lorsque le mari arrive chez son épouse, il brûle des bâtonnets d’encens sur l’autel des ancêtres. Idem pour la mariée qui arrive chez son époux. Trois jours après la noce, la mariée reviendra chez elle pour rendre visite à ses parents», nous explique Thâm Dich Tho.
Autrefois, les Ngai se mariaient entre eux. Aujourd’hui, beaucoup ont fondé des familles avec des membres d’autres ethnies. Mais comme leurs ancêtres, ils respectent la monogamie. Dans cette communauté, le divorce est très rare.