(VOVWORLD) - Les Lu sont l’une des communautés ethniques de la province septentrionale de Lai Châu. Les femmes Lu confectionnent elles-mêmes leurs vêtements, depuis le tissage jusqu’aux décorations finales.
La tenue standard de la femme Lu comprend un turban, un collier, une ceinture, un corsage et… deux ou trois jupes. Celles-ci sont portées en plusieurs couches de longueurs différentes, la couche extérieure étant de 3 à 4 cm plus courte que celle qu’elle recouvre. Les Lu estiment que cette façon de s’habiller est à la fois discrète, élégante et… très pratique. En effet, lorsque la jupe extérieure paraît usée, elles la remplaceront par l’une de celles qui se trouvent à l’intérieur.
Chaque jupe est composée de trois morceaux de tissus de forme cylindrique qui constituent respectivement la ceinture, la partie centrale et le pan. La ceinture est en coton teinté en brun. La partie centrale est en soie naturelle et le pan, qui est en coton teinté en noir, se voit doubler d’une étoffe large d’un centimètre portant des motifs floraux, précise Vo Thi Mai Phuong, cheffe du service de recherche et de collection au musée d’Ethnographie du Vietnam.
«Le corsage de la femme Lu est un chemisier sans bouton avec un pan évasé, soulignant sa taille de guêpe», ajoute-t-elle. «Les décorations comprennent des broderies, du patchwork, des pièces de monnaie en métal ou des verroteries. Les couleurs sont diverses mais l’indigo reste dominant».
Le turban est composé d’un morceau de tissu en coton teinté en noir ou en indigo foncé de format 4 m x 0,3 m, avec des franges de 2 cm aux deux extrémités. Sur ce fond noir paraissent 18 fils blancs de tailles différentes en vertical et deux fils jaunes horizontaux. Pour se coiffer, la femme Lu plie ce morceau de tissu en quatre sur sa longueur et forme plusieurs tours autour de sa tête, en veillant à créer un turban asymétrique descendant du côté gauche.
La ceinture est constituée d’un morceau de tissu blanc brodé aux deux bouts de six lignes horizontales. Elle est attachée à gauche, laissant descendre ses franges multiples. Le collier prend la forme d’un cercle non fermé, les deux extrémités représentant deux feuilles de forme triangulaire sur lesquelles sont gravés des motifs floraux.
«Suivant la tradition, nous plantons le cotonnier et tissons nos étoffes. Nous apprenons le tissage et la couture à l’âge de 14-15 ans», nous dit Tào Thi Phùng, une Lu du district de Tam Duong. «Nous fabriquons des vêtements pour nous-mêmes mais aussi pour en vendre aux touristes».
«Le coton, c’est pour le corsage. Pour confectionner la jupe, il faut de la soie naturelle. Nous élevons nous-mêmes nos vers à soie», ajoute Lo Thi Noi, une autre Lu. «Nous tissons d’abord des étoffes blanches que nous teindrons avant de les couper. La confection des vêtements prend beaucoup de temps, car il faut encore broder. Les motifs décoratifs sont hérités de nos ancêtres. Moi, je sais tous les reproduire».
Les motifs décoratifs des Lu sont plutôt simples, des fleurs, des plantes ou des lignes droites. Ils nécessitent néanmoins beaucoup de patience et de minutie. Mais cela ne semble pas décourager les femmes Lu qui continuent à perpétuer ce savoir-faire original.