(VOVWORLD) - Il y a 50 ans, fin décembre 1972, l’armée et la population du Nord Vietnam réussissaient à tenir en échec l’armée américaine lors de la plus grande offensive aérienne jamais lancée contre Hanoï, Haiphong et certaines localités du Nord. Durant ces 12 jours et nuits de combats acharnés et malgré des bombardements intenses, le personnel de la Voix du Vietnam a toujours été présent pour assurer la permanence des émissions et refléter les aspirations à la paix du peuple.
Le poste-émetteur de Mê Tri en temps de guerre (photo d'archive)
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Dans une tentative de remporter une victoire militaire et d’arriver en position de force à la table des négociations à Paris, les États-Unis ont donc lancé la campagne Linebacker II contre le Nord du Vietnam. Washington a mobilisé des bombardiers B-52, surnommés «super forteresses volantes» pour tenter de détruire Hanoï, Hai Phong, Thai Nguyên, Lang Son et d’autres provinces septentrionales.
A Hanoï, le poste-émetteur de Mê Tri, celui de la Voix du Vietnam, est rapidement devenu l’une des cibles favorites des impérialistes américains, qui avaient bien compris que la radio nationale était l’un des deux organes de presse les plus importants du pays. C’était sans compter sur l’ardeur de tout le personnel de la Voix du Vietnam qui a assuré la continuité des émissions, durant les combats. Susanto, un expert indonésien dont le nom vietnamien est Lê Van Tho, travaille pour de la Voix du Vietnam depuis 1971. Il se souvient...
«Le 16 décembre 1972, mes collègues et moi, nous avons été évacués vers Quôc Oai situé à 20 km du Centre de Hanoï. Le 18 décembre, les Américains ont commencé à bombarder. À cette époque, je travaillais pour le service indonésien. Je traduisais des articles et des nouvelles en indonésien, lesquels étaient ensuite envoyés à Hanoï pour être lus et diffusés sur les onde», nous raconte-t-il.
Durant ces journées d’apocalypse, Hanoï semblait noyée sous un déluge de bombe. Avec de vieux vélos comme moyens de transport, les reporters de la Voix du Vietnam étaient présents sur tous les champs de bataille et les sites touchés par les bombes pour couvrir à temps les évolutions de la campagne. Les speakers, eux, devaient se tenir prêts à intervenir au micro à toute heure du jour ou de la nuit, se rappelle Kiêu Oanh...
«Je travaillais comme speaker depuis 1964. À l’époque où les B-52 bombardaient Hanoï, que ce soit sous le soleil de midi ou tard dans la nuit, chaque fois que les sirènes retentissaient, j’allais au studio pour enregistrer les émissions», nous dit-elle.
Ces 12 jours et nuits sont restées profondément gravés dans la mémoire de Dang Trung Hiêu, un ancien technicien de la Voix du Vietnam.
«A cette époque, les infrastructures techniques de la Voix du Vietnam étaient très protégées. Il fallait parer à toute éventualité... Que le poste-émetteur de Mê Tri ait été bombardé le 19 n’a pas empêché que dès le lendemain, les Hanoiens puissent écouter les émissions sur l’onde 297m», nous explique-t-il.
L’onde 297m (fréquence 1010 Khz) était l’une des cinq fréquences (297m, 31m, 41m, 49m et 63m) utilisées par la Voix du Vietnam le matin du 19 décembre 1972, avant que le poste-émetteur de Mê Tri ne soit bombardé, et que n’ait lieu une interruption de... 9 minutes, qui a été la seule de toute la guerre !...
«Après ces 9 minutes, la Voix du Vietnam a reçu de nombreuses lettres de soutien en provenance des cinq continents. Les auditeurs du Japon ont même collecté 5 millions de yens pour aider à reconstruire le poste-émetteur détruit», a écrit Vinh Trà, ancien secrétaire de rédaction, dans un article publié en 2012 à l’occasion du 40e anniversaire du «Diên Biên Phu aérien» et de ces fameuses 9 minutes d’interruption.
«Trân Lâm, qui était notre rédacteur en chef à cette époque, avait préparé un plan pour la Voix du Vietnam, qui s’est retrouvée avec plusieurs stations émettrices, ce qui lui a permis de continuer à émettre, quelles que soient les circonstances. L’idée, c’était de faire en sorte que l’information soit diffusée le plus vite possible, pour que les auditeurs dans et hors du pays puissent suivre de très près l’évolution des combats», avait-il alors précisé.
«Le matin du 19 décembre, alors que j’écoutais la radio, tout à coup, le signal a été perdu. J’avais l’impression que mon cœur s’était arrêté de battre. J’ai pensé à la capitale et j’étais affreusement inquiète. Mais après seulement 9 minutes, ce problème a été résolu», a écrit Nguyên Thi Dinh, la commandante adjointe des Forces armées pour la libération du Sud Vietnam, dans son journal intime.
Grâce à la volonté sans faille de ses équipes, la Voix du Vietnam a pu continuer à émettre en toute circonstance, suivant la recommandation du président Hô Chi Minh. Le personnel de la Voix du Vietnam est fier d’avoir ainsi contribué au «Diên Biên Phu aérien», qui a obligé les États-Unis à signer le 27 janvier 1973, l’Accord de Paris sur la fin de guerre et le rétablissement de paix au Vietnam.