24ème sommet de l’ASEAN : faire bloc

(VOVworld) - Le 24ème sommet de l’ASEAN s’ouvrira samedi à Nay Pyi Taw, la capitale du Myanmar, en présence des chefs d’État et de gouvernement des dix pays membres de l’association. Le contexte est particulièrement tendu en mer Orientale, où une plate-forme de forage chinoise vient d’être installée à l’intérieur du plateau continental vietnamien, au mépris des règles les plus élémentaires du droit international. Le Vietnam, qui malgré lui se retrouve ainsi en première ligne, doit profiter de ce forum aséanien pour réaffirmer haut et fort ses droits souverains. Ce sera aussi l’occasion pour l’ASEAN de faire montre de sa capacité à faire bloc.     

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Le maintien de la paix en mer Orientale : une responsabilité partagée.

Même si les problèmes de souveraineté en mer Orientale ne concernent directement qu’une minorité de pays de l’ASEAN, ils font toujours l’objet de débats passionnés lors des sommets ou conférences de l’association. On ne saurait en effet réduire ces problèmes à de seuls litiges territoriaux. Il y va de la paix, de la stabilité, de la sécurité et de la sûreté de la navigation en mer Orientale. Autant dire qu’il s’agit d’une préoccupation des plus graves, aussi bien à l’échelle de la région qu’à celle du monde.     

La mer Orientale : un sujet de débat de première importance

Ces derniers jours, l’installation de cette fameuse plate-forme de forage chinoise dans les eaux territoriales vietnamiennes a fait couler beaucoup d’encre et a suscité une vague d’indignation qui a gagné le monde entier. Conséquence : le sommet de l’ASEAN y consacrera l’essentiel de ses débats, comme l’a d’ailleurs expliqué à la presse le vice-ministre vietnamien des Affaires étrangères Pham Quang Vinh : « Le sujet sera nécessairement abordé au cours du sommet. La position de l’ASEAN est d’ailleurs déjà connue : on la retrouve explicitée dans la Déclaration en six points adoptée en juillet 2012. C’est simple : les parties concernées doivent faire preuve de retenue, s’abstenir de tout recours à la force et agir conformément au droit international, c’est-à-dire conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer. »    

Cette Déclaration en six points adoptée par l’ASEAN en 2012 qu’évoquait Pham Quang Vinh à l’instant fait de la garantie de la paix, de la stabilité, de la sécurité et de la sûreté de la navigation maritime et aérienne en mer Orientale son principal fil conducteur. Elle appelle à une stricte observation du droit international, de la convention des Nations unies sur le droit de la mer de 1982 en l’occurrence, à une pleine exécution de la Déclaration sur la conduite des parties en mer Orientale (DOC) et à l’élaboration d’un Code de conduite en mer Orientale (COC). La déclaration rappelle également que tous les pays ayant un littoral ont de facto le droit de revendiquer un plateau continental et une zone économique exclusive selon des critères définis par le droit international. 

On ne peut dès lors que déplorer qu’en agissant comme elle le fait, la Chine aille à l’encontre des engagements qu’elle avait pourtant bel et bien pris, en signant tout d’abord la Déclaration sur les conduites des parties en mer Orientale susmentionnée, puis, dix ans après, en paraphant une Déclaration commune avec l’ASEAN.  

Le maintien de la paix en mer Orientale : une responsabilité partagée

On pourrait presque dire que ce sommet de Nay Pyi Taw arrive à point nommé tant il est vrai que l’ASEAN se retrouve face à des responsabilités importantes, la première étant de réaffirmer son engagement en faveur du maintien de la paix, de la sécurité, de la sûreté de la navigation maritime en mer Orientale, et sa détermination à établir un cadre juridique solide susceptible de servir de base au règlement de litiges complexes.

« Le Vietnam appelle toutes les parties concernées à observer pleinement les réglementations de la Déclaration sur la conduites des parties en mer Orientale, indique Le Hai Binh, chef par intérim du Département de la presse, relevant du ministère vietnamien des Affaires étrangères. Il partage la conviction des autres pays aséaniens qui préconisent d’établir dans les meilleurs délais un code de conduite contraignant, susceptible d’apporter un règlement aux litiges en mer Orientale en tenant compte des intérêts légitimes des pays riverains. »     

En publiant sa déclaration en six points en 2012, l’ASEAN avait balayé tous les doutes qui subsistaient quant à sa capacité à s’exprimer d’une seule voix sur les problèmes liés à la mer Orientale. Il faut dire qu’auraravant, les ministres des Affaires étrangères de l’association s’étaient réunis - leur 45ème conférence, pour être précis -  sans parvenir à accoucher d’une déclaration commune.      

Ces deux dernières années, conscients que les intérêts nationaux étaient indissociables des intérêts régionaux, les pays membres de l’ASEAN se sont employés à faire bloc, notamment face à des problèmes du type de ceux de la mer Orientale.    La responsabilité du maintien de la paix en mer Orientale incombe à tous les pays de l’association, et pas seulement à ceux qui possèdent une frange de littoral. Pour l’heure, l’objectif à atteindre est clair : c’est l’élaboration de ce fameux code de conduite, susceptible d’apaiser bien des tensions… à condition que rien, ni personne ne vienne entraver les efforts entrepris. 

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