(VOVWORLD) - Du 24 au 28 septembre à New York, la 79
e session de l’Assemblée générale des Nations Unies se déroule dans un climat assombri par la menace de conflits généralisés dans de nombreuses régions du monde. L’ONU se voit ainsi confrontée à l’impératif d’initier une réforme en profondeur.
Photo: THX/AVI |
À l’approche de cette session, les 22 et 23 septembre, plusieurs chefs d’État se sont réunis lors du Sommet de l’Avenir de l’ONU. Ce rassemblement a abouti à l’adoption d’un Pacte pour l’avenir, soit un accord comprenant 56 engagements concrets visant à façonner les décennies à venir. Cet acte fort confère un élan notable à l’Assemblée générale, à un moment où le rôle de l’ONU en tant que gardien de la paix et de la sécurité mondiales est de plus en plus remis en question.
Instabilités sécuritaires mondiales
La 79e Assemblée générale est marquée par une montée des tensions et des conflits internationaux.
Au Moyen-Orient, les affrontements entre Israël et le Hezbollah au Liban s’intensifient, rapprochant dangereusement les deux camps d’une guerre totale. Le 23 septembre, les frappes aériennes israéliennes se sont soldées par près de 500 victimes, faisant de cette journée la plus meurtrière au Liban depuis la guerre civile de 1975-1990. La veille, le Hezbollah avait déclaré une guerre ouverte contre Israël. En parallèle, le conflit non résolu entre Israël et le Hamas, qui perdure depuis près d’un an, reste sans issue. Mais le Hezbollah est beaucoup plus puissant que le Hamas, et l’affrontement qui se dessine pourrait faire basculer tout le Moyen-Orient dans un désastre aux conséquences incalculables.
Cette situation dramatique met en lumière l’urgence pour l’ONU de renforcer son rôle de garant de la paix. Depuis la recrudescence des violences à Gaza en octobre dernier, jusqu’à la menace de guerre au Liban, près de 50.000 civils ont péri, dont deux tiers sont des femmes et des enfants. Toutefois, malgré les efforts humanitaires, l’ONU peine à imposer une solution politique. Un même blocage se retrouve dans le conflit ukrainien, qui approche de sa troisième année.
Plusieurs États membres de l’ONU attribuent cette impasse à l’inefficacité du Conseil de sécurité, où les cinq membres permanents (Royaume-Uni, France, États-Unis, Russie, Chine) possèdent le droit de veto. Cette structure, perçue comme dépassée, est la cible de critiques récurrentes. Le président chilien, Gabriel Boric, est l’un de ceux qui réclament à cors et à cris une réforme urgente…
«Nous sommes en 2024, pas en 1945! Nous avons trop souvent vu des nations user de leur veto pour bloquer des résolutions à cause de rivalités géopolitiques. Le monde actuel n’est plus le même, et ces cinq pays ne devraient plus avoir ce pouvoir de veto. Le Conseil de sécurité doit refléter la réalité d’aujourd’hui!», a-t-il ainsi martelé.
Dans le même esprit, le ministre des Affaires étrangères turc, Hakan Fidan, a souligné la nécessité de renforcer le pouvoir de l’Assemblée générale de l’ONU, qui regroupe tous les États membres, plutôt que de concentrer l’essentiel du pouvoir entre les mains du Conseil de sécurité.
«Il est impératif de démocratiser le processus de prise de décision au sein de l’ONU. La paix et la sécurité internationales ne peuvent pas être laissées à la seule volonté d’un groupe privilégié composé d’un nombre restreint de pays», a-t-il fait observer.
Qu Dongyu, le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture. Photo d'archives: Xinhua |
Changement climatique et développement durable
Outre la nécessité de réformer l’ONU pour améliorer son efficacité, la 79e Assemblée générale devra aborder d’autres défis mondiaux majeurs, en particulier la lutte contre le changement climatique et la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030. Le changement climatique est au centre des débats de l’Assemblée, en amont de la COP-29, prévue en novembre en Azerbaïdjan. Il est impératif que les nations s’entendent sur des objectifs plus ambitieux, incluant la création d’un nouveau cadre financier international pour aller au-delà des 100 milliards de dollars annuels, et un calendrier précis pour éliminer les combustibles fossiles. Les États doivent également s’engager à respecter les contributions déterminées au niveau national, qu’ils soumettront à l’ONU l’an prochain.
En ce qui concerne les Objectifs de développement durable, l’ONU doit insuffler une nouvelle dynamique alors que les avancées sont gravement perturbées par l’instabilité sécuritaire et les effets du changement climatique. Qu Dongyu, le directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), a pointé du doigt une situation mondiale particulièrement préoccupante.
«Le monde fait face à une crise profonde sur le plan de la sécurité alimentaire et de la nutrition. L’an dernier, plus de 730 millions de personnes ont été confrontées à la faim, et 2,3 milliards d’individus ont souffert d’insécurité alimentaire modérée ou sévère. Nous continuons d’observer des inégalités persistantes, qu’il s’agisse de revenus, de genre, ou d’accès aux ressources et aux opportunités», s’est-il alarmé.
La coopération entre pays en développement, souvent désignée comme la coopération Sud-Sud, est un autre thème clef de cette 79e session. Le Sud global s’affirme de plus en plus comme une voix influente dans les affaires internationales. Dès les premiers jours de cette semaine diplomatique, des centaines de rencontres bilatérales ont eu lieu entre pays en développement, et de nombreux accords de coopération couvrant des secteurs tels que l’économie, le commerce, l’énergie et les technologies, ont été conclus.
Ainsi, cette 79e Assemblée générale se présente comme une plateforme décisive pour affronter les crises sécuritaires et environnementales mondiales, tout en posant les bases d’une réforme de l’ONU, pour la rendre plus adaptée aux réalités contemporaines.