Afghanistan: transfert de la sécurité aux forces autochtones

(VOVworld)- Les forces afghanes ont officiellement pris mardi le contrôle de la sécurité de leur pays, prenant ainsi le relais de la coalition internationale dirigée par les Etats Unis. S’il marque un jalon important dans l’histoire de l’Afghanistan, en proie à des conflits incessants depuis 12 années maintenant, ce transfert ne sortira sans doute pas le pays de la situation à laquelle il est confronté et dans l’immédiat en tout cas, il est bien peu probable qu’il ramène la paix.

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Retrait après plus de 10 ans de l'OTAN et les américaines 
(Photo d'archives).

Il est prévu que les forces afghanes prennent le contrôle de la sécurité dans les 34 provinces du pays. Vers la fin de l’année, l’effectif de la coalition internationale en Afghanistan aura en principe baissé de moitié; et un an plus tard, il aura été réduit à presque zéro, puisque ne restera sur place qu’un tout petit contingent, chargé, à la demande du gouvernement afghan, de missions de formation et de consultation.      

Jusque-là, tout semble clair. Le problème vient du fait que, contrairement à Washington, qui affiche un bel optimisme et qui considère ce transfert comme une preuve éclatante de la maturité qu’auraient acquise les forces autochtones, les afghans, eux, nourrissent de grands doutes quant aux capacités desdites forces à assumer leur sécurité et à faire face aux différentes factions bélligérantes. D’aucuns veulent voir, dans ce transfert, une sorte de mise en scène, destinée surtout à flatter le gouvernement afghan.    

De leur côté, les Talibans viennent d’annoncer la création d’un bureau de représentation au Qatar, du nom de «bureau politique de l’émirat musulman d’Afghanistan», dans l’intention de renouer le dialogue avec la communauté internationale et avec le gouvernement afghan. Les Etats Unis se sont aussitôt félicités de cette tournure plus diplomatique que prend les évènements, et de cette justification apportée à leur retrait puisque, rappelons-le, les Talibans avaient jusqu’à présent refusé toutes formes de négociations, à cause, précisement, de la présence de forces étrangères en Afghanistan. Le processus de négociations est donc en passe d’être relancé, un processus qui, en principe, devrait comporter 3 grands volets: la rupture des liens entre les Talibans et Al-Qaeda-condition sine-qua-non, pour les américains- la question des échanges de prisonniers, et notamment du sort d’un soldat américain détenu depuis 4 ans par les Talibans, et enfin les négociations directes entre les Talibans et le président afghan       Hamid Karzai.

Des espoirs, donc, mais mis à mal par le président Hamid Karzai en personne, qui s’est offusqué du fait que le bureau de représentation des Talibans au Qatar batte le pavillon de «l’émirat musulman d’Afghanistan», c'est-à-dire du régime des Talibans tel qu’il était institué avant d’être renversé en 2001, et que les Etats-Unis ne semblent pas s’y opposer outre mesure, lui infligeant ainsi ce qui pourrait passer pour un camouflet. Pas de négociations directes entre Talibans et Américains, exige Kaboul, et surtout pas en dehors du territoire afghan! Les Etats-Unis ont beau protester de leur bonne foi, assurer qu’ils ne reconnaissent pas «d’émirat musulman d’Afghanistan» et qu’ils n’accréditent aucune ambassade ni aucun bureau de représentation à ce nom, ils ne s’en tiennent pas moins au calendrier des négociations tel qu’il a été fixé, au grand dam de Kaboul, Kaboul qui a d’ailleurs menacé d’annuler les négociations prévues avec Washington sur un accord sécuritaire bilatéral pour après 2014.

Ce n’est pas la première fois que l’alliance Etats Unis-Afghanistan est mise à l’épreuve. 12 ans après le déclenchement de la guerre, les plus grands acquis de cette alliance resteront sans conteste le renversement du régime des Talibans, mais aussi l’affaiblissement d’Al-Qaeda, avec notamment l’élimination de son chef Oussama Ben Laden. Mais le bilan reste lourd en terme de pertes humaines et matérielles. Jamais les Etats-Unis n’étaient restés engagés militairement à l’étranger aussi longtemps, et leur image en sort ternie, ne serait-ce qu’en raison de la recrudescence du terrorisme à laquelle on assiste un peu partout dans le monde. Même si les Talibans sont circonscrits à l’intérieur du territoire afghan, ils élargissent leurs activités au Pakistan, au Yémen, en Somalie et dans d’autres pays. Dans un contexte aussi tendu, réunir les protagonistes de ce conflit autour d’une même table relève bien évidemment de la gageure./.

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