(VOVWORLD) - Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, effectue une tournée au Moyen-Orient pour rechercher des solutions visant à mettre rapidement fin au conflit dans la bande de Gaza, à prévenir une escalade de la crise et à établir un cadre politique à long terme pour le processus de paix israélo-palestinien. Cette tournée, la quatrième depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas le 7 octobre dernier, a débuté le 6 janvier et prévoit des visites en Turquie, en Jordanie, au Qatar, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite, en Israël et en Égypte.
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken arrive à Doha, au Qatar, le 7 janvier 2024. Photo: Evelyn Hockstein/AP |
Prévenir l'escalade du conflit dans la région
La visite d'Antony Blinken survient dans un contexte régional extrêmement tendu, où le risque d'une expansion du conflit dans la région prévaut progressivement sur les préoccupations liées à l'opération militaire israélienne dans la bande de Gaza. Les récents développements ont suscité des craintes quant à un nouveau conflit entre le Hezbollah libanais, allié du Hamas, et l'armée israélienne à la frontière nord d'Israël. Le 8 janvier, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu'Israël était prêt à engager une guerre contre le Hezbollah pour éliminer les menaces sécuritaires potentielles de cette force.
Selon les analystes, la menace du gouvernement israélien de lancer une opération militaire préventive contre le Hezbollah n'est pas considérée comme une simple rhétorique. Dès le début du conflit avec le Hamas, le gouvernement israélien a sérieusement envisagé cette option en raison des préoccupations liées au risque d'un scénario similaire à l'attaque du Hamas le 7 octobre. Yuli Edelstein, président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Parlement israélien, a affirmé que l'objectif d'Israël est d'éloigner les forces du Hezbollah des frontières israéliennes.
"Nous travaillons activement à atteindre cet objectif par le biais des canaux diplomatiques. Notre souhait est que les forces du Hezbollah se positionnent à plusieurs kilomètres de la frontière, et non pas à seulement quelques mètres", a-t-il insisté.
Les affrontements entre Israël et le Hezbollah se sont intensifiés ces derniers jours, avec des bombardements continus par Israël sur les bases du Hezbollah dans le sud du Liban et une riposte du Hezbollah par le lancement de nombreuses roquettes sur le territoire israélien le 6 janvier. Les tensions ont atteint un point critique lorsque l'armée israélienne a tué Saleh al-Arouri, chef adjoint du Hamas et proche allié du Hezbollah, le 2 janvier, en périphérie de la capitale Beyrouth. Selon le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, il existe un risque évident que le conflit à Gaza s'étende à d'autres régions si toutes les parties ne prennent pas des mesures immédiates.
"Ce conflit pourrait s'étendre davantage et engendrer plus d'instabilité et de dégâts dans la région. Par conséquent, dès le début, notre priorité est d'éviter une expansion du conflit dans la région. C'est également l'objectif de ma 4e visite au Moyen-Orient", a-t-il expliqué.
Partageant ce point de vue, le haut représentant de l'Union européenne (UE) pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a également appelé le 6 janvier à la nécessité de tout faire pour éviter que le Liban ne soit entraîné dans une guerre régionale.
Perspectives post-conflit pour la bande de Gaza
Antony Blinken rencontre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Al Ula, en Arabie saoudite, le 8 janvier 2024. Photo : Evelyn Hockstein/AP |
Outre la priorité absolue visant à éviter une guerre régionale, le secrétaire d'État américain doit également continuer à promouvoir des solutions pour mettre rapidement fin au conflit dans la bande de Gaza, à procéder à la création de nouveaux cadres politiques à Gaza post-conflit ainsi qu'à revitaliser le processus de paix israélo-palestinien via de nouveaux mécanismes.
Selon les observateurs, plus de trois mois après le début du conflit entre Israël et le Hamas, les désaccords entre l'État hébreu et les États-Unis, son plus proche allié, se multiplient. Le premier point de discorde concerne le manque de coopération d'Israël avec les organisations internationales, dont les Nations Unies, la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge (CICR), dans la protection des civils à Gaza. Antony Blinken indique:
"Nombre de civils palestiniens, en particulier des enfants, endurent la pénurie de nourriture, d'eau, de médicaments et d'autres produits essentiels. Je continuerai à demander à Israël de faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza."
En plus des questions humanitaires, les États-Unis et Israël sont actuellement en désaccord sur la recherche de solutions politiques pour la bande de Gaza après le conflit. Alors que les États-Unis, ainsi que de nombreux autres pays, soutiennent la création d'un État palestinien unifié pour administrer à la fois la bande de Gaza et la Cisjordanie après la fin du conflit, de nombreux responsables du gouvernement israélien ont déclaré ne pas souhaiter remettre la bande de Gaza aux mains des Palestiniens. Ainsi, lors de cette visite, Antony Blinken doit convaincre les dirigeants israéliens de la nécessité de discuter sérieusement de cette question.
Auparavant, dans un avertissement adressé au gouvernement israélien, le secrétaire d'État américain avait souligné que les dirigeants des pays arabes ont exprimé leur volonté de normaliser les relations avec Israël, mais sous condition que le conflit à Gaza se termine rapidement et qu'une solution durable soit trouvée au processus de paix israélo-palestinien, basée sur la création d'un État palestinien coexistant avec l'État d'Israël.