(VOVWORLD) - La première semaine de la COP-28 a été marquée par plusieurs avancées majeures. Cela inclut la concrétisation du fonds destiné aux "pertes et dommages" causés par le changement climatique dans les pays vulnérables. De plus, la Déclaration de Dubaï sur le développement agricole durable a été adoptée, visant à renforcer la résilience du système alimentaire mondial aux impacts du changement climatique. Près de 800 millions de dollars ont été mobilisés pour lutter contre les maladies tropicales liées au réchauffement planétaire.
Le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, à la COP-28, le 1er décembre 2023. Photo: AP |
Cependant, il est à noter que le sommet n'a pas encore enregistré de progrès tangibles en matière de réduction des émissions, d'élimination des combustibles fossiles et de triplement des énergies renouvelables d'ici 2030.
L’abandon des énergies fossiles…
Lors du Sommet mondial de l’action pour le climat, en présence de plus de 140 chefs d’État et hauts dirigeants de pays, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a lancé un appel soulignant l’urgence d'éliminer les combustibles fossiles. Un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), publié à l'ouverture de la COP-28, met en lumière une augmentation de 1,4 °C de la température moyenne de la Terre par rapport à la période préindustrielle, avec un risque d'augmentation de 3 degrés Celsius au cours de ce siècle.
Face à ces constats, le patron de l’ONU a exhorté les pays à élaborer immédiatement une feuille de route pour éliminer les combustibles fossiles. Il a également souligné que les entreprises du secteur de l'énergie fossile ne peuvent plus échapper à leurs responsabilités.
«Permettez-moi d’envoyer un message aux dirigeants des entreprises d’énergie fossile ! Le vieux chemin que vous avez emprunté se décompose rapidement. Ne persistez pas dans un modèle économique obsolète. Engagez-vous dans la transition vers les énergies renouvelables en utilisant vos ressources. Soyez conscients que la voie vers la durabilité climatique est également la seule voie viable vers la durabilité économique de vos entreprises à l’avenir», a-t-il martelé.
D'autre part, certains dirigeants des pays les plus gravement touchés par le changement climatique ont avancé l'idée de signer, lors de la COP-28, un traité de non-prolifération des énergies fossiles, similaire à celui établi pour les armes nucléaires, comme l’a souligné le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, Gaston Browne.
«Il ne s’agit pas seulement d’une crise environnementale, mais aussi d’une démonstration claire d’un monde où les profits priment sur les personnes et la Terre. C’est un monde où les sociétés énergétiques réalisent d’énormes profits alors que la survie de pays comme le nôtre est menacée», a-t-il souligné.
Cependant, l'appel à l'élimination des combustibles fossiles a suscité des divergences au sein des pays participants, y compris les Émirats arabes unis. Selon le pays hôte de la COP-28, aucune preuve scientifique suffisamment fiable n'existe pour justifier l'élimination des combustibles fossiles. De plus, les responsables émiratis ont mis en garde contre les conséquences économiques massives qu'une élimination hâtive de ce type de carburant pourrait entraîner, notamment pour les pays en développement.
Alors que l'élimination progressive des énergies fossiles est loin de faire l’unanimité, la majorité des parties participant à la COP-28 soutient l'ambition d'accélérer la transition énergétique. Plus de 120 pays parmi les 198 présents à la COP se sont engagés à tripler les capacités d'énergies renouvelables mondiales d'ici 2030. La COP28 a également été le théâtre de nombreux autres engagements significatifs.
Les Émirats arabes unis ont fait part de la création d'un fonds privé de 30 milliards de dollars en partenariat avec le géant de la gestion d'actifs BlackRock, dédié aux "solutions" face au changement climatique. De plus, au cours des deux prochaines années, l'Union européenne contribuera à hauteur de 2,5 milliards de dollars pour soutenir une transition mondiale vers une énergie propre. Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a annoncé un financement de plus de 2 milliards de dollars pour le Fonds pour l'énergie verte. Malgré ces annonces, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, estime que ces engagements sont trop modestes par rapport aux besoins réels.
"Lors du Sommet africain sur le climat qui s'est tenu récemment à Nairobi, au Kenya, nous avons constaté que dans certains pays, les coûts d'investissement dans les énergies renouvelables sont particulièrement élevés. Nous devons donc apporter des soutiens financiers aux pays dans le besoin", a-t-elle déclaré.
D'autre part, de nombreux dirigeants mondiaux estiment que les engagements pris par les pays et les organisations ne sont pas mis en œuvre suffisamment rapidement.
«Comme indiqué dans la conclusion du premier Rapport sur le suivi de la mise en œuvre des engagements climatiques (Global Stocktake), nous devons franchement reconnaître que malgré les progrès obtenus, le monde n’agit toujours pas assez vite», a averti le Premier ministre britannique, Rishi Sunak.
Partageant cette perspective, le président brésilien, Lula da Silva, a souligné que le non-respect complet des engagements sapait la crédibilité de l’ensemble du système multilatéral. Il a appelé toutes les parties à ne pas dépendre uniquement des engagements des pays développés, mais à agir de toute urgence et à renforcer la coopération pour protéger les intérêts communs.
Dans le cadre de la COP-28, le groupe des pays en développement du G-77 a tenu une conférence privée pour discuter de la coopération au sein du groupe. De plus, les représentants des pays des trois plus grands bassins fluviaux du monde, à savoir l’Amazonie (Amérique du Sud), le Congo (Afrique) et Bornéo-Mékong (Asie du Sud-Est), ont promu leur propre programme visant à protéger les forêts tropicales humides et la biodiversité dans ces trois bassins.