Après le vote au parlement, la Grèce est-elle en crise?

(VOVworld) - Le Parlement grec a adopté jeudi une série de réformes exigées par les créanciers de la Grèce, afin de pouvoir négocier un troisième plan d’aide de plus de 80 milliards d’euros sur trois ans. Ces réformes, comportant notamment une hausse de la TVA, un recul de l’âge de départ à la retraite et une règle d’or budgétaire, ont été adoptées par 229 voix pour, 64 voix contre et 6 abstentions. Les autres parlements de la zone euro sont eux-aussi consultés. Mais force est de constater que ce nouveau plan d’aide, qui évite à Athènes une sortie de la zone euro, ne suffira pas à relancer l’économie domestique.

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Photo: AVI

Plusieurs heures de discussions intenses ont été nécessaires à l’adoption de ces réformes, des réformes plutôt bien accueillies par l’opposition, mais pas par le camp du Premier ministre Alexis Tsipras, auquel 39 députés ont fait défaut, y compris des figures clefs de son gouvernement, qui n’ont pas hésité à dénoncer un « génocide social ». Le gouvernement grec ressort profondément divisé de l’approbation de ces mesures draconiennes, pourtant massivement rejetées par les Grecs lors du référendum du 5 juillet.

Des points de blocage

Le parlement grec a donc dû se résoudre à adopter les principales réformes exigées par les créanciers, ceux-ci s’engageant en contrepartie à verser des aides comprises entre 82 et 86 milliards d’euros sur trois ans. Les Grecs devront néanmoins attendre que 8 autres parlements de la zone euro se prononcent sur ce processus. Pour l’heure, seul le parlement français en a approuvé les modalités.

Les divisions au sein du parlement grec constituent un autre point de blocage. Beaucoup estiment en effet que l’accord obtenu est « humiliant », la Grèce étant contrainte de réduire ses dépenses à tel point qu’il lui devient impossible de prétendre à une relance de la croissance.   

Des mesures à court terme

La banqueroute a été écartée à la dernière minute, sans pour autant que les économistes puissent être rassurés. Les deux derniers plans d’aide accordés à Athènes en 2010 et en 2012 se sont en effet révélés n’être que des mesures à court terme. On est dès lors en droit de se demander ce qu’il adviendra d’un troisième plan de relance.    

Selon le Fonds monétaire international, la dette grecque devrait approcher les 200% de son produit intérieur brut dans les deux prochaines années, contre un ratio d'environ 175% actuellement. Or, le Fonds ne peut accorder de prêts à un pays que si sa dette est considérée comme étant « viable, avec une très forte probabilité ». Autrement dit, l’enveloppe de 86 milliards d’euros ne suffira pas à stabiliser l’économie grecque.

Un avenir incertain

Depuis le début de la crise, en 2010, les autorités grecques se sont efforcées de suivre les directives de la troïka, que sont le FMI, la Banque centrale européenne et l’Union européenne. En vain. La récession économique ne cesse de s’aggraver. Le taux de chômage de la Grèce est actuellement le plus haut en Europe : 26,5%. Il attirent même 60% pour les jeunes, conséquence des réductions de salaires publics et des augmentations consécutives d’impôts. Les nouvelles mesures draconiennes annoncées ne feront que donner le coup de grâce à une économie déjà moribonde, affirment les analystes, avec un risque croissant d’instabilité sociale, les Grecs étant de plus en plus déçus par leur gouvernement.

Mercredi, de milliers de Grecs sont descendus dans les rues pour protester contre les politiques d’austérité. Les manifestations ont tourné à l’affrontement devant le siège du parlement, avec notamment des jets de cocktails Molotov. Il est à craindre que la situation se détériore de jour en jour.   

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