Brésil : une présidentielle imprévisible

 

(VOVworld) – Les Brésiliens devront retourner aux urnes une nouvelle fois pour élire leur président, aucun des candidats n’ayant obtenu la majorité absolue dès le premier tour. Lors du deuxième tour du 26 octobre, la présidente sortante Dilma Rousseff du Parti des travailleurs affrontera le sénateur Aécio Neves du Parti de la social-démocratie brésilienne. Y aura-t-il des surprises ?

 

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Dilma Rousseff. Photo: AP/SIPA

La présidente sortante a remporté le premier tour de l’élection avec 41,08% des voix, contre 34,2% pour le sénateur Aécio Neves. La troisième candidate, Marina Silva, s’est contentée  de 21%.

Les atouts respectifs des deux candidats

Dilma Rousseff est la toute première femme à diriger le Brésil. En 2010, appuyée par l’ancien président Lula da Silva, elle a obtenu le pouvoir dans ce pays le plus peuplé d’Amérique latine. Les conditions favorables du pays à l’époque et sa gouvernance flexible ont permis au Brésil de réaliser des performances socio-économiques incroyables. Selon un rapport de l’ONU, sous la direction de Dilma Rousseff et de son prédécesseur Lula da Silva, le taux de pauvreté a chuté de 75% ; le taux de malnutrition, de moitié ; et le taux de chômage est descendu à 5%, du jamais vu dans ce pays de plus de 200 millions d’habitants. Le gouvernement brésilien a beaucoup fait pour créer des emplois, accorder des assistances financières et construire des millions de logements pour les personnes à bas revenus.

La présidente sortante s’engage aujourd’hui dans son programme électoral, à poursuivre cette politique de développement économique en parallèle de la garantie de l’équité sociale. Mise en place depuis la prise du pouvoir par le Parti des travailleurs, il y a 12 ans, cette politique a permis à plus de 40 millions de démunis d’accéder à la classe moyenne.

L’adversaire de Dilma Rousseff, le sénateur Aécio Neves est quant à lui activement soutenu par la communauté des entreprises. A 54 ans, cet économiste néo-libéral passe pour être un homme politique modéré. Il dirige actuellement le Parti social-démocrate et était président de la chambre des représentants. Il est le petit-fils de l’ancien président Tancredo Neves, l’un des hommes politiques les plus appréciés des Brésiliens, et avec lequel il a d’ailleurs eu ses premières expériences politiques.

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Aécio Neves. Photo: AP

Son plus grand atout est d’être proche des hommes d’affaires. Aécio Neves a été le gouverneur de Minas Gerais, le 2ème Etat le plus peuplé du Brésil. Il y a réussi à restaurer le système financier, à augmenter les distributions de manuels aux lycéens et les livres en braille aux malvoyants. En 2010, il a quitté son poste de gouverneur après avoir gagné le soutien de nombreux investisseurs et groupes commerciaux.

Malgré ses prises de positions différentes au niveau économique et diplomatique par rapport au gouvernement actuel, Aécio Neves s’est engagé à poursuivre, voire à élargir les programmes sociaux en vigueur.

Toute surprise est possible

L’opinion n’est pas près d’oublier le choc du premier tour lorsque le sénateur Aécio Neves, candidat du Parti social-démocrate représentant l’opposition a évincé Marina Silva du Parti socialiste brésilien, pourtant favorite dans les sondages. Avant le scrutin, la presse brésilienne parlait d’une course entre deux femmes, Dilma Rousseff et Marina Silva. Cette fois-ci, l’opinion se veut plus réticente dans ses prévisions. Beaucoup estiment qu’il existe de nombreux facteurs susceptibles d’infléchir le vote des électeurs. L’enjeu actuel est la capacité de Mme Rousseff et de M.Neves à séduire l’électorat de leur ancienne adversaire, Marina Silva.

La récession économique de ces dernières années ternit cependant la symphonie victorieuse de la présidente sortante. La croissance économique est passée de 4% à 1,5%. L’inflation a dépassé 6,5%. En 2013, des manifestations massives contre la médiocrité des services publics et les deniers publics colossaux dépensés pour la Coupe du monde de football ont fait chuter la cote de popularité de Mme Rousseff et de son gouvernement à 30%. Rappelons qu’au plus fort de sa popularité,  elle avait 78%. Pour ne rien arranger, le scandale de corruption du groupe gazo-pétrolier national, Petrobas, a ébranlé le milieu politique brésilien et indigné la population.

De son côté et à l’issue du premier tour, Aécio Neves a appelé au soutien des électeurs du Parti socialiste. Il s’est déclaré fier de représenter l’espoir du changement au Brésil, estimant que les deux principaux partis d’opposition du pays se devaient de s’allier pour mettre fin à 12 ans de règne du Parti des travailleurs, un parti de gauche.

Entre Dilma Rousseff et Aécio Neves, qui aura droit de diriger le Brésil à partir du 1er janvier 2015 ? Le droit de décider est aux mains des Brésiliens, appelés à se prononcer le 26 octobre prochain./.

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