Catalogne : le casse-tête européen de l'indépendance

(VOVWORLD) - Le gouvernement séparatiste de Catalogne a affirmé dimanche que le "oui" à l'indépendance de la région espagnole l'avait emporté, avec 90% des voix, à l’issue du référendum d’autodétermination interdit, organisé dans la journée. En cas de déclaration d'indépendance, la région espagnole serait de facto exclue de l'UE et devrait y postuler de nouveau.

 

Catalogne : le casse-tête européen de l'indépendance - ảnh 1Manifestation et grève générale en Catalogne pour le référendum - Photo Getty

Malgré les interruptions de vote opérées par les forces de l'ordre espagnoles, 2,26 millions d'électeurs se sont prononcés en large majorité (90 %) en faveur de l'indépendance de la Catalogne, soit 42,3 % des 5,3 millions de votants inscrits sur les listes de la région.

La pire crise politique vécue par l’Espagne

Le référendum, interdit par Madrid, a été marqué par des violences policières. A coups de matraque et de balles de caoutchouc, la police espagnole a tout fait pour tenter d’empêcher ce référendum, faisant plus de 840 blessés. Au total 319 bureaux de vote ont été fermés par les forces de l’ordre. En dépit des interdictions et des barrages policiers, plus de 2,2 millions de catalans ont voté dimanche. Le président de Catalogne Carles Puigdemont a dénoncé une "violence injustifiée", tandis que le gouvernement répondait que lui et son équipe étaient "seuls responsables" des évènements de la journée pour avoir convoqué ce référendum en dépit de l’interdiction de la Cour constitutionnelle.

Le gouvernement espagnol a déclaré tout faire pour défendre l’unité de l’Espagne. Les sanctions judiciaires pourraient donc tomber. Carles Puigdemont et l’ensemble de l’exécutif catalan sont déjà visés par une enquête pénale pour « désobéissance, prévarication et détournement de fonds publics », en lien avec l’organisation du référendum.

L’Espagne traverse l'une de ses pires crises politiques depuis le retour à la démocratie, après la mort du dictateur Franco en 1975.

Pourquoi les Catalans veulent-ils leur indépendance ?

La Catalogne, région de 7,5 millions d'habitants située dans le nord-est de l'Espagne, à la frontière franco-espagnole, dispose déjà d’un statut de communauté autonome. Elle possède son Parlement et son gouvernement avec des compétences étendues. Mais les indépendantistes font valoir que leur région, qui possède sa langue et sa culture, est une "nation" et non une "nationalité" comme le stipule la Constitution espagnole de 1978. Ces éléments justifient selon eux qu'ils disposent de leur propre Etat. 

Ils avancent également un argument économique. La Catalogne est la région la plus prospère d'Espagne : elle représentait à elle seule 19% du PIB du pays en 2016, au coude-à-coude avec Madrid. Aux yeux des indépendantistes, elle verse une contribution financière trop élevée à l'Etat espagnol et son économie serait bien plus vaillante si elle était indépendante. Par ailleurs, en 2010, les Catalans ont très mal vécu l’annulation par la Cour constitutionnelle de Madrid, d’une partie-clé du texte qui leur conférait une autonomie élargie et le statut de "nation".

Faut-il s’attendre à un effet de contagion en Europe ?

Déclarer l'indépendance de la Catalogne pourrait obliger la région à quitter l'Union européenne. Certes, les indépendantistes sont en majorité pro-européens mais aucune puissance européenne n'envisage de soutenir un divorce qui ne serait pas accepté par Madrid. Et dans ce cas là, une question se pose: La Catalogne influencerait-elle d’autres indépendantistes européens ?  Les regards se tournent maintenant vers le Pays Basque (Espagne), l’Ecosse (Royaume-Uni), la Flandre (Belgique) et même la Corse (France) où le séparatisme est toujours bien vivace. Une contagion en Europe sera probable d’après les analystes sans les mesures appropriées de niveau européen.

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