Ce que cache la dévaluation du Yuan

(VOVworld) - Pendant trois jours consécutifs, du 11 au 13 août, la Chine a abaissé le taux de référence du yuan face au dollar. Il s’agit de la plus importante dépréciation enregistrée depuis 20 ans par la monnaie chinoise. Pourquoi la Chine dévalue-t-elle le yuan ? Les économistes ont cherché ces derniers jours à trouver la réponse.

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En seulement trois jours, le yuan a perdu 4,6% de sa valeur après que Pékin ait abaissé son taux de référence face au dollar américain. Photo: Internet

En seulement trois jours, le yuan a perdu 4,6% de sa valeur après que Pékin ait abaissé son taux de référence face au dollar américain. Pour expliquer cette dépréciation la plus brutale depuis 1994, la Banque centrale chinoise (PBOC) a insisté sur sa volonté d'accorder une flexibilité accrue à la monnaie chinoise pour que son niveau reflète davantage les réalités du marché. L'annonce soudaine de la PBOC et l'ampleur de la dévaluation ont pris les marchés par surprise. Les grandes Bourses mondiales ont durement trébuché mardi dernier avant de replonger mercredi. Les observateurs ont même parlé d’une « guerre des monnaies ».

Dynamiser une économie en plein ralentissement

Les économistes ont vu cette dévaluation comme un puissant effort de Pékin de dynamiser son économie dont la croissance est au plus bas depuis six ans et de stimuler ses exportations en plein ralentissement. Les exportations chinoises ont en effet plongé de 8,3% sur un an en juillet. En agissant ainsi, le gouvernement chinois veut donc donner de l’oxygène à ses exportateurs. La baisse de la monnaie leur permet de vendre plus facilement leurs produits qui sont ainsi moins chers que ceux libellés en dollars.

Vers une internationalisation du yuan ?

Mais pour de nombreux observateurs, loin d'être une « dévaluation », le changement de méthode de fixation du taux de change du yuan est une nouvelle étape significative dans la longue marche pour en faire une monnaie de réserve et d'échange international, incluse dans le panier du DTS (droit de tirage spécial) du FMI. En novembre prochain, l’institution doit se réunir pour décider si le yuan chinois peut faire partie de ce panier qui regroupe jusqu’à présent quatre devises : le dollar, l’euro, la livre sterling et le yen. Pour que le yuan chinois rejoigne ce groupe, ce que souhaite Pékin, il faut qu’il devienne une monnaie «librement utilisable», c’est-à-dire «largement utilisée pour le règlement de transactions internationales et couramment échangée sur les principaux marchés de change». Pour y parvenir, la Chine a acheté, en yuan, en septembre 2009, les obligations du FMI estimées à 50 milliards de dollars. Cet effort de Pékin n’a toutefois pas encore été récompensé. En réalité, les échanges commerciaux libellés en yuan entre la Chine et les autres pays sont encore trop modestes. Peu de pays ou de banques étrangères acceptent le yuan chinois comme monnaie de règlement. Les obligations libellées en yuan ne sont vendues qu’en Chine.

A double tranchant

Le principal effet positif comme indiqué supra est de favoriser les exportations qui devraient tirer profit de cette dévaluation. Une dépréciation prolongée et importante du yuan pourrait s’avérer à double tranchant, en encourageant les fuites de capitaux hors de Chine, en renchérissant le coût des importations du pays et en gonflant le poids des dettes en dollars des entreprises chinoises. Selon les estimations, une dépréciation de 1% du taux de change réel du yuan pourrait doper de 1 % la croissance des exportations chinoises, mais faire disparaître l'équivalent de 40 milliards de dollars de capitaux ; le marché immobilier chinois étant sanctionné lui aussi.

Etant conscient de ses effets négatifs et pour calmer les marchés, Pékin a fait rebondir le yuan face au dollar en disant qu’elle ne laisserait pas cette monnaie s'effondrer.

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