Crise de la dette grecque : une maladie incurable

(VOVworld)- Les ministres des Finances de la zone euro se sont réunis lundi à Bruxelles pour adopter un deuxième paquet d’aide à la Grèce. L’Union Européenne et le Fonds Monétaire International ont finalement décidé d’octroyer 130 milliards d’euros supplémentaires à Athènes et les créanciers privés ont accepté d'effacer 100 milliards d’euros de dettes en sa faveur. Pourtant, aucun remède ne s’avère être réellement efficace pour enrayer le tourbillon de cette dette publique. Plus on y intervient, plus la situation s’aggrave.

Crise de la dette grecque : une maladie incurable - ảnh 1
En échange de leur plan de sauvetage, la Commission Européenne, la Banque Centrale Européenne (BCE) et le Fonds Monétaire International (FMI) ont imposé à la Grèce une série de mesures d’austérité. La dernière en date a été adoptée par le gouvernement grec le 19 février dernier. Deux jours auparavant, Athènes avait soumis à ses trois principaux sauveteurs son plan de réduction de 325 millions d’euros : 100 millions dans les coupes en matière de santé et de défense, 45 millions de la baisse des retraites, entre 20 et 30 millions de l’épargne retraite. Le reste de l’argent devrait provenir principalement de la baisse des allocations destinées aux familles nombreuses et des réductions des dépenses gouvernementales. Le trio salvateur de la Grèce fait également pression sur les créanciers privés de ce pays, à savoir les banques et les compagnies d’assurance, pour qu’ils acceptent d’effacer partiellement les dettes que l’Etat grec leur doit. Cette partie de dette effacée devrait passer de 21% à 50%, puis à 70%. Pour la Commission Européenne, la BCE et le FMI, il faut tout faire pour ramener la dette publique grecque de 160% du PIB actuellement à 120% en 2020. Une mission quasi-impossible puisque les nouveaux prêts contractés par la Grèce ne lui permettent à peine de payer ses créances qui arrivent à échéance. Ils ne suffisent absolument pas pour rétablir l’économie nationale. Qu’on se rappelle le premier paquet d’aides de 110 milliards d’euros ! La Grèce a utilisé cet argent pour payer les intérêts de ses emprunts. Il en sera de même pour les deux tiers du nouveau paquet d’aides de 130 milliards d’euros que la Grèce espère obtenir pour éviter une banqueroute estimée au 20 mars prochain. Un cercle vicieux s’installe : plus la Grèce se serre la ceinture, plus son économie dégringole. Les mesures d’austérité en vigueur ne servent qu’à réduire les dépenses et limiter le déficit budgétaire et la dette publique. Elles ne favorisent pas du tout la croissance, bien au contraire. Il faut savoir que le taux d’intérêt des prêts contractés par la Grèce est de 8,8%, un chiffre bien plus élevé que sa croissance économique. Ce qui explique pourquoi le PIB grec a chuté quatre années de suite. En 2011, il était de 6% de moins qu’en 2010 et pour cette année 2012, le FMI prévoit une baisse supplémentaire de 4%.

Récession, chômage, déficit budgétaire, voilà où en est la Grèce. L’austérité imposée et les centaines de milliards d’aides prescrits par les institutions financières européennes et par le FMI à Athènes n’ont pas suffi à rétablir la santé financière du pays. En plus, ils ont provoqué des dommages collatéraux sur les couches populaires grecques. La société est fragilisée. Depuis l’entrée en jeu de la Commission Européenne, de la BCE et du FMI, les salaires en Grèce ont diminué en moyenne de 14,3% (9% chez les fonctionnaires et 33% dans l’hôtellerie). Un économiste allemand estime que si cette diminution devient plus importante, elle entrainera des conséquences politiques. Déjà, le 19 février dernier, les syndicats ont organisé de grandes manifestations à Athènes et dans d’autres villes pour protester contre les mesures de rigueur prises par leur gouvernement. Des milliers de personnes se sont rassemblées devant le siège du Parlement pour exprimer leur indignation devant les coupures de salaires et de retraites qu’ils qualifiaient d’anti-constitutionnelles. Le cas de la Grèce semble tellement délicat que plusieurs experts et hommes politiques ont évoqué la possibilité d’une sortie de ce pays de l’union monétaire européenne. A leurs yeux, ce serait la solution la plus raisonnable pour la Grèce, pour la zone euro et l’Union Européenne en général.

Doan Thi Trung

Sur le même sujet

Commentaires

Autres