Dialogue stratégique et économique sino-américain : un parcours semé d’embûches

(VOVworld)-Chinois et Américains se retrouvent ce jeudi à Pékin pour leur quatrième dialogue stratégique et économique annuel. Cette discussion de deux jours vise à débloquer les relations entre les deux plus grandes économies du monde. Une mission délicate, tant les intérêts de chacun des protagonistes sont différents et parfois contradictoires.

Dialogue stratégique et économique sino-américain : un parcours semé d’embûches - ảnh 1

Le dialogue stratégique et économique sino-américain se déroule sous la houlette, côté chinois, du vice-Premier ministre Wang Qishan et du conseiller d’Etat Dai Bingguo, et côté américain, de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton et du secrétaire au Trésor Timothy Geithner. Cette rencontre de deux jours, qui devrait influencer le devenir des relations bilatérales, porte sur les principaux dossiers politiques et économiques des deux pays. Citons, entre autres, le changement climatique, la sécurité énergétique, la situation en péninsule coréenne, en Syrie, l’importation par la Chine du pétrole iranien, ou encore sur la sécurité de navigation en mer Orientale. Pour ce qui est strictement économique, Chinois et Américains devraient plaider pour une croissance économique durable et équilibrée, pour l’élargissement des opportunités d’affaires ou pour la réforme du marché financier. Ils devraient reprendre par ailleurs leurs négociations sur un accord de protection des investissements bilatéraux.


Dialogue stratégique et économique sino-américain : un parcours semé d’embûches - ảnh 2

Il faut dire qu’avant le dialogue, l’optimisme semblait au rendez-vous, en tout cas du côté américain. Le secrétaire au Trésor a affirmé qu’il n’existait aucun pays au monde présentant autant d’opportunités et de défis que la Chine. Les entrepreneurs américains veulent voir, quant à eux, dans ce quatrième dialogue, une occasion en or pour inciter la Chine à réformer son environnement d’investissement. Ils espèrent que Pékin sera enfin d’accord pour ouvrir des discussions sur l’accord d’investissement bilatéral qui permettrait aux sociétés étrangères de posséder des entreprises chinoises.

Néanmoins, les défis sont de taille et ce dialogue en tant que mécanisme de coopération bilatérale risque de buter sur toute une série de questions. Avant la rencontre, les Etats-Unis avaient exhorté la Chine à réformer son système financier afin d’assurer une certaine équité entre les deux économies, évoquant en particulier le problème du yuan, la monnaie chinoise. Pour le secrétaire américain au Trésor, les réformes entreprises par Pékin en termes de taux de change du yuan sont loin d’être suffisantes. Cependant, les analystes estiment que Timothy Geithner est suffisamment avisé pour ne pas faire du yuan la principale pomme de discorde de ce dialogue. Car, primo, le déficit commercial américain est multilatéral. En 2010 par exemple, c’était un déficit à l’égard de 88 pays. Secundo, le prix du yuan a augmenté de 31,4% par rapport au dollar depuis mi-2005. Tertio, seules entre 20 et 30% des exportations chinoises vers les Etats-Unis ont une valeur ajoutée purement chinoise. Il faut savoir que 60% des exportations chinoises sont produites par des entreprises étrangères implantées en Chine. Autrement dit, c’est une production mondialisée qui est à l’origine du déséquilibre commercial sino-américain et pas le taux de change.

Sur le plan international, ce n’est pas évident non plus. Avant de se rendre à Pékin, la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton est allée aux Philippines et en Inde, qui ont toutes deux des différends avec la Chine. Le deuxième dialogue sécuritaire et stratégique sino-américain, qui s’inscrivait lui-même dans le cadre de ce quatrième dialogue stratégique et économique, s’est d’ailleurs achevé mercredi sans résultats majeurs.

Certains experts estiment que malgré un développement incontestable des échanges économiques, les relations globales entre les Etats-Unis et la Chine demeurent délicates. C’est un parcours plein d’obstacles dont ce dialogue, dans le meilleur des cas, ne pourrait que lever une petite partie.

Sur le même sujet

Commentaires

Autres