Elections en Espagne: encore un gouvernement qui tombe

Les résultats des élections anticipées en Espagne, dimanche dernier, n’ont surpris aucun analyste. Le parti socialiste au pouvoir a essuyé une grosse défaite. Frustré par les maigres salaires, par la difficulté économique générale, le peuple a perdu confiance en le gouvernement sortant.

Le Parti populaire de l’opposant Mariano Rajoy a obtenu dimanche une large victoire en remportant 186 des 350 sièges du parlement, contre 110 sièges pour le Parti socialiste au pouvoir de Jose Luis Rodriguez Zapatero qui essuyait là la pire défaite de son histoire. Ainsi, en l’espace de quinze jours en ce mois de novembre, 3 gouvernements de la zone euro se sont effrondrés suite à la crise économique et la dette publique. Après les Premiers Ministres grec George Papandréou et Silvio Berlusconi qui s’étaient retirés presque simultanément de la scène politique, c’est le chef du gouvernement espagnol Jose Luis Rodriguez Zapatero qui s’est vu obliger d’organiser des élections anticipées. Résultat: son Parti socialiste a payé les frais de sa mauvaise gouvernance économique qui a profondément déçu la population. Les Espagnols estiment en effet que le gouvernement Zapatero n’a pas réagi à temps, provoquant la chute libre de la 4è économie d’Europe. Ils l’accusent aussi d’avoir pris des mesures d’austérité qui ont conduit à des baisses de salaires et donc du niveau de vie. En votant pour le Parti populaire, ils espèrent que ce parti d’opposition de centre-droit dirigé par Mariano Rajoy mènera des réformes nécessaires pour stimuler l’économie et créer des emplois. Aussitôt après la publication des résultats préliminaires du scrutin, des milliers de partisans de l’opposition ont célébré leur victoire dans les rues de Madrid, le candidat du Parti socialiste Alfredo Perez Rubalcaba ayant d’ailleurs reconnu sa défaite. Cependant, on est toujours au stade de l’espoir. Quelqu’il soit, le gouvernement qui viendra à prendre le pouvoir actuellement se trouve devant des défis colossaux. La dette publique du pays, qui représente à ce jour 65% du PIB, continue d’augmenter. Certes, ce niveau d’endettement reste inférieur à la moyenne européenne (85%) et l’Espagne n’a pas encore besoin de l’aide de la zone euro, mais les analystes estiment que sans une politique appropriée, ce pays aura du mal à résister jusqu’à la fin de 2012. L’économie espagnole devrait se contenter cette année d’une faible croissance, entre 0,7 et 0,8%, soit 60% seulement de l’objectif fixé par le gouvernement. La principale raison réside dans le fait que l’Espagne connaît actuellement un taux de chômage parmi les plus élevés des pays industrialisés. Au deuxième trimestre, il atteignait 20,9%, au grand dam de la population qui perd du pouvoir d’achat. Certains analystes se montrent pessimistes en prévoyant une nouvelle récession pour l’économie espagnole. L’agence d’investissement Goldman Sachs et l’institut français de statistiques INSEE prévoient tous les deux que l’économie espagnole reculera de 0,2% au cours du 4è trimestre de 2011 et de 0,1% au premier trimestre de 2012. D’ailleurs, au seuil des législatives anticipées, en octobre dernier, l’agence de notation Standard & Poor’s avait dégradé la note de crédibilité de l’Espagne de AA à AA-, à cause des sombres perspectives économiques du pays.

Après les élections de dimanche, c’est désormais le Parti populaire qui doit jouer un rôle prépondérant sur la scène politique et s’employer à résoudre le gros problème de la crise économique et de la dette publique. Le dirigeant de ce parti, Mariano Rajoy, s’est engagé à oeuvrer pour tous les Espagnols, tout en avertissant qu’il n’y aurait aucun miracle dans le règlement de la crise actuelle. Son électorat attend de voir comment son futur gouvernement mettra en oeuvre les promesses qui lui ont valu sa victoire sur ses adversaires./.

Doan Trung

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